Wall Street : bondit sur des espoirs de baisse de taux, IBM et P&G chutent, Alphabet au rapport ce soir

Wall Street progresse finalement assez nettement en début de séance, prolongeant sa belle séquence, sur des signes indiquant que Donald Trump reconsidère les aspects les plus agressifs de ses position...

Wall Street progresse finalement assez nettement en début de séance, prolongeant sa belle séquence, sur des signes indiquant que Donald Trump reconsidère les aspects les plus agressifs de ses positions sur le commerce mondial et la Réserve fédérale. Les indices sont également portés par des espoirs de baisse de taux de la Fed, la présidente de la Fed de Cleveland, Beth Hammack, ayant déclaré à 'CNBC' que les responsables pourraient agir dès juin si la direction de l'économie était clairement définie. Le S&P 500 grimpe de 1,14% à 5.437 pts, tandis que le Dow Jones prend 0,57% à 39.833 pts. Le Nasdaq bondit de 1,54% à 16.966 pts !

Dans le même sens, Christopher Waller a affirmé sur 'Bloomberg Television' que les entreprises pourraient licencier davantage si l'administration Trump rétablissait des tarifs douaniers agressifs. Dans ce cas, il serait favorable à des baisses de taux afin de protéger le marché du travail. "Je ne serais pas surpris d'assister à une augmentation des licenciements et à une légère hausse du taux de chômage, notamment si les droits de douane importants reviennent... Si je constate une baisse significative du marché du travail, il me semble important d'intervenir sur le volet emploi du mandat".

Un nouveau statu quo monétaire est attendu pour le 7 mai et la prochaine réunion FOMC, mais selon l'outil CME FedWatch, la Fed a désormais 58,5% de chances de baisser de 25 pb ses taux en juin.

Sur le front de la guerre commerciale, D.Trump a affirmé que les États-Unis concluraient un accord équitable avec la Chine, ajoutant mercredi soir que le pays pourrait se voir appliquer un nouveau taux de droits de douane dans les deux à trois prochaines semaines. Mais Scott Bessent a émis des doutes sur une résolution rapide du conflit commercial entre les deux premières puissances mondiales. Le secrétaire au Trésor a déclaré que l'administration étudiait de multiples facteurs concernant la Chine, au-delà des seuls droits de douane, notamment les barrières non tarifaires et les subventions gouvernementales. Un rééquilibrage complet des échanges commerciaux pourrait prendre deux à trois ans, a-t-il souligné.

Preuve que rien n'est encore joué, la Chine a indiqué ce matin qu'aucune discussion n'était en cours avec les États-Unis sur les droits de douane, malgré les indications de la Maison Blanche selon lesquelles les tensions avec Pékin pourraient s'apaiser. " À l'heure actuelle, il n'y a absolument aucune négociation sur l'économie et le commerce entre la Chine et les États-Unis", a déclaré à la presse He Yadong, porte-parole du ministère du Commerce. Il a ajouté que "toutes les déclarations" concernant l'avancement des négociations bilatérales devaient être balayées. "Si les États-Unis veulent vraiment résoudre le problème... ils devraient annuler toutes les mesures unilatérales prises contre la Chine", a-t-il précisé.

"S'il est encourageant d'entendre l'administration adopter un ton plus conciliant sur les droits de douane, les actions restent pour l'instant dans une fourchette étroite, l'objectif ultime des marchés étant soit une annulation des droits de douane, soit la conclusion d'accords commerciaux significatifs", indique à 'CNBC' Gaurav Mallik, directeur des investissements chez Pallas Capital Advisors. "Une guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis est une situation perdante pour tous. Le bon sens nous dit que les deux nations finiront par s'asseoir à la table des négociations et par parvenir à un accord", écrit Bin Shi, responsable des actions chinoises chez UBS Asset Management. "Mais le calendrier et l'ampleur restent à déterminer (...) À ce stade, de nombreuses questions restent sans réponse, car l'évolution des droits de douane et les implications potentielles en matière d'investissement changent de jour en jour".

Toujours sur le front de la guerre commerciale, l'administration envisage de réduire certains droits de douane visant l'industrie automobile, qui, selon les dirigeants des constructeurs, porteraient un coup dur aux profits et à l'emploi.

Dans l'agenda macro du jour, les inscriptions au chômage ont légèrement augmenté la semaine passée, comme prévu, tandis que les commandes nouvelles de biens durables ont affiché un surprenant bond de 9,2% en mars. Enfin, les reventes de logements existants pour le mois de mars se sont établies au rythme de 4,02 millions d'unités, contre 4,14 millions de consensus de place et 4,27 millions pour la lecture révisée du mois antérieur. Signe d'un ralentissement du marché immobilier ?

La journée est également chargée du côté micro avec une multitude de résultats d'entreprises : P&G, Merck&Co, PepsiCo ou encore Comcast ont dévoilé leurs trimestriels avant l'ouverture, tandis que Alphabet, Intel et T-Mobile US seront de sortie ce soir.

Le dollar repart à la baisse ce jeudi avec un indice dollar qui cède 0,5% face à un panier de devises à 99,1 points, tandis que l'euro reprend 0,6% face au billet vert à 1,138$. Le Vix, le fameux indice de la peur, s'éloigne désormais des 30 points. Sur le marché obligataire, le taux du 10 ans américain recule de 6,4 pb à 4,317%. L'or repart de l'avant (+1%) et se rapproche de son récent record à 3.500 dollars l'once. Enfin, sur le Nymex, le baril de brut WTI gagne 0,5% à 62,5$. Le bitcoin retombe vers les 92.600$.

Les valeurs

* IBM chute de 5,4%, après la publication de résultats trimestriels pourtant assez solides et de ses perspectives. Au premier trimestre, 'Big Blue' a réalisé un bpa opérationnel de 1,6$ contre 1,68$ un an plus tôt et 1,48$ de consensus, pour un chiffre d'affaires en hausse de 0,5% à 14,5 milliards de dollars, légèrement supérieur aux attentes des analystes. La marge brute ajustée est ressortie à 56,6% contre 55,6% de consensus. Le secteur des logiciels a continué d'être le segment d'IBM connaissant la croissance la plus rapide, avec des ventes en hausse de 7% à 6,3 Mds$. Le chiffre d'affaires du secteur du conseil a lui diminué de 2% à 5,1 Mds$.

IBM a maintenu ses prévisions pour l'ensemble de l'année d'environ 13,5 milliards de dollars de flux de trésorerie disponible et d'au moins 5% de croissance du chiffre d'affaires à taux de change constant, mais les dirigeants se montrent plus prudents concernant la division conseil cette année. "À court terme, l'incertitude pourrait inciter les clients à marquer une pause", a déclaré le PDG, Arvind Krishna, lors d'une conférence téléphonique après l'annonce des résultats. Il a néanmoins précisé qu'IBM n'avait "pas constaté de différence significative dans le comportement d'achat des clients". Le dirigeant a qualifié l'environnement économique de "fluide" et a reconnu que "pour les clients les plus directement impactés par la politique actuelle, le ralentissement pourrait être plus prononcé", selon des propos repris par 'Bloomberg'.

IBM est peu impactée par les politiques tarifaires américaines actuelles, a précisé James Kavanaugh, le directeur financier. L'entreprise a une exposition directe limitée hors des États-Unis et étudie des alternatives pour atténuer les taxes. Elle souffre en revanche des mesures de réduction des coûts du gouvernement américain, menées par le Département de l'efficacité gouvernementale d'Elon Musk, le fameux DOGE. La firme a indiqué qu'une quinzaine de contrats d'IBM avec le gouvernement fédéral ont été annulés ou suspendus, ce qui représente environ 100 millions de dollars de paiements futurs. Les ventes fédérales représentent moins de 5% du chiffre d'affaires global d'IBM, a indiqué J.Kavanaugh. IBM table sur un chiffre d'affaires pour le trimestre clos fin juin compris entre 16,40 et 16,75 milliards de dollars, supérieur aux attentes du marché. "Compte tenu de la dynamique d'incertitude sans précédent qui règne sur le marché, nous avons choisi de fournir une fourchette de prévisions de chiffre d'affaires pour le deuxième trimestre", a souligné le DF. "Nous avons estimé qu'il était de notre devoir d'offrir la plus grande transparence possible à nos investisseurs".

* Southwest Airlines est stable. La compagnie a retiré ses prévisions financières, la guerre commerciale du président Donald Trump ayant créé la plus grande incertitude pour le secteur depuis la pandémie de Covid-19. Face au manque de visibilité sur le comportement des consommateurs face à une conjoncture économique potentiellement dégradée, les compagnies aériennes peinent à prévoir précisément leur activité. "Dans le contexte d'incertitude macroéconomique actuel, il est difficile d'établir des prévisions compte tenu des tendances récentes et éphémères en matière de réservations", a déclaré l'entreprise. Alaska Air Group a également retiré mercredi ses prévisions de bénéfices pour 2025, invoquant l'incertitude macroéconomique actuelle. Southwest Airlines va réduire ses capacités au second semestre afin de "s'adapter à une demande plus faible" et de réduire ses coûts. Le groupe a perdu 13 cents par action sur une base ajustée au premier trimestre, contre une perte de 18 cents attendue par le marché, pour des revenus de 6,43 Mds$, en ligne avec le consensus.

* Procter & Gamble (-4,2%) lance aussi un avertissement. Le géant des biens de consommation a revu à la baisse ses prévisions annuelles, après un recul plus fort que prévu de son chiffre d'affaires net au troisième trimestre, affecté par le repli des dépenses de consommation dans un contexte de guerre commerciale. Considérée comme un baromètre du secteur des biens de consommation, l'entreprise prévoit désormais une croissance organique pour l'exercice fiscal 2025 de 2%, contre une progression initialement attendue entre 3% et 5%. Ces prévisions intègrent certaines hypothèses concernant l'impact des droits de douane, a précisé un porte-parole du groupe cité par 'Reuters', ajoutant que l'entreprise ne connaît toujours pas pleinement l'ampleur de leur effet sur ses coûts. Le bpa ajusté est attendu entre 6,72 et 6,82$, contre une prévision précédente allant de 6,91 à 7,05$.

Après avoir significativement augmenté ses prix ces dernières années, P&G a indiqué qu'il compterait moins sur cette stratégie pour stimuler ses ventes. L'entreprise a augmenté ses prix de 1% ce trimestre, tandis que les volumes ont reculé de 1%. Le chiffre d'affaires net du troisième trimestre a baissé de 2% à 19,78 milliards de dollars, contre un consensus de 20,11 Mds$, tandis que le bpa ajusté s'est établi à 1,54$ contre 1,53$ de consensus. "Nous avons enregistré une croissance modeste des ventes organiques et du BPA ce trimestre dans un environnement de consommation et géopolitique difficile et volatile", a déclaré Jon Moeller, DG. "Nous procédons aux ajustements nécessaires de nos perspectives à court terme afin de refléter les conditions de marché sous-jacentes".

* PepsiCo avertit (-3%) ! Le géant américain des sodas a réduit ses prévisions de bénéfices annuels et a mis en garde contre la hausse des coûts de production et la volatilité accrue en lien avec les tarifs commerciaux du président Donald Trump. "En ce qui concerne l'avenir, nous nous attendons à davantage de volatilité et d'incertitude, en particulier en ce qui concerne l'évolution du commerce mondial, ce qui, selon nous, augmentera les coûts de notre chaîne d'approvisionnement", a déclaré le directeur général, Ramon Laguarta. L'entreprise prévoit désormais un bénéfice par action pour 2025 quasi comparable à celui de 2024, contre une prévision antérieure d'une croissance d'environ 5%, ainsi qu'une faible croissance organique à un chiffre des revenus, invoquant la volatilité et l'incertitude liées à l'évolution du commerce mondial ainsi que la dégradation de la confiance des consommateurs.

L'entreprise prévoit des mesures d'atténuation pour faire face à la hausse des coûts de la chaîne d'approvisionnement dans la mesure du possible, a souligné le dirigeant, ajoutant qu'il s'agirait notamment d'ajuster l'approvisionnement en intrants clés. PepsiCo possède deux usines de produits alimentaires au Mexique et deux usines de concentrés en Irlande. Les droits de douane américains de 25% sur l'acier et l'aluminium, qui sont entrés en vigueur en mars, pourraient peser sur les marges de l'entreprise. Sur une base ajustée, la société a gagné 1,48$ par action au premier trimestre, contre un consensus de 1,49$, pour un chiffre d'affaires en repli de 1,8% (+1,2% en organique) à 17,92 milliards de dollars.

* American Airlines (+1,7%) retire ses prévisions de bénéfices pour 2025, rejoignant ainsi un nombre croissant d'entreprises qui affirment que l'inquiétude liée à la conjoncture économique actuelle rend difficile toute prévision pour l'ensemble de l'année. La compagnie aérienne prévoit de "fournir une mise à jour pour l'année entière dès que les perspectives économiques se préciseront". Sur les trois premiers mois de l'année, le transporteur a essuyé une perte nette ajustée de 386 millions de dollars soit 59 cents par titre pour un chiffre d'affaires opérationnel de 12,55 milliards de dollars, en repli de -0,2%. Le consensus tablait sur une perte par titre de 69 cents pour des revenus de 12,53 Mds$. Le coefficient d'occupation ressort à 80,6% contre 81,5% un an plus tôt et une estimation de 81,9%. Le management voit un bpa ajusté compris entre 0,50 et 1$ au deuxième trimestre contre un consensus de 96 cents avec des capacités en hausse de 2 à 4%.

* Chipotle Mexican Grill prend 0,6% malgré avertissement sur ses revenus. La chaîne de restauration rapide a fait état d'un repli de ses ventes comparables de 0,4% au premier trimestre, le premier depuis près de cinq ans alors que les analystes tablaient sur une croissance de 1,7%. Cette baisse est due au recul des transactions, un renversement de tendance par rapport aux trimestres précédents, où Chipotle avait réussi à attirer des clients malgré les difficultés de ses concurrents. L'inflation persistante et l'incertitude économique entraînent une modification du comportement des consommateurs dans les restaurants. Le bpa ajusté est ressorti à 29 cents contre 28 cents de consensus et la marge opérationnelle à 16,7%. Chipotle, qui prévoit d'ouvrir jusqu'à 345 restaurants cette année, table désormais sur une croissance de ses ventes comparables de moins de 5%. Chipotle s'attend à ce que les droits de douane actuels de 10% auxquels de nombreux pays sont confrontés, ainsi que les taxes de 25% sur l'aluminium, impactent ses résultats du deuxième trimestre d'environ 20 points de base.

* UPS (+0,6%) s'offre Andlauer Healthcare Group pour 1,6 milliard de dollars, renforçant ainsi ses activités de logistique dans le domaine de la santé.

* Bristol-Myers Squibb est stable après le relèvement de ses objectifs annuels. Le groupe pharmaceutique anticipe désormais un bpa de 6,70 à 7 dollars, contre une fourchette précédente de 6,55 à 6,85$ et un consensus de 6,74$. BMY a réalisé un chiffre d'affaires de 11,2 milliards de dollars au premier trimestre, contre 10,7 Mds$ de consensus, et un bpa ajusté de 1,80$, nettement supérieur aux attentes.

* Comcast perd 4,3%. La major des médias et des télécommunications a perdu 199.000 clients haut débit au 1er trimestre, soit davantage que les 146.100 redoutés par les analystes. Les revenus du 1er trimestre ont atteint 29,89 milliards de dollars (-0,6%), contre 29,77 Mds$ attendus, avec un Ebitda ajusté de 9,53 Mds$ (+1,9%) et un bpa ajusté de 1,09$ contre un consensus de 1$.

* Spirit Airlines a reçu l'autorisation d'introduire ses actions à la Bourse de New York, quelques semaines après que le transporteur à bas prix se soit sorti de la faillite. La société a déclaré que ses actions devraient commencer à être négociées le 29 avril. La Bourse de New York avait retiré les actions de Spirit de la cote en novembre, lorsque la compagnie aérienne à bas prix s'est déclarée en faillite après avoir connu des années de pertes, des tentatives de fusion ratées et des niveaux d'endettement élevés.

* Merck (-1,4%) avertit également. Le fabricant de médicaments a dévoilé des comptes supérieurs aux attentes au premier trimestre mais a réduit sa guidance de bénéfices en raison d'une charge liée à l'accord de licence de 2 milliards de dollars avec Jiangsu Hengrui Pharmaceuticals pour accéder à son médicament pour le coeur. Les prévisions comprennent aussi 200 millions de dollars d'impact des droits de douane appliqués à ce jour par le gouvernement américain sur les importations en provenance d'autres pays. Le management table ainsi désormais sur un bpa annuel compris entre 8,82 et 8,97$ contre une fourchette précédente de 8,88 à 9,03$. La marge brute ajustée est attendue à environ 82% contre environ 82,5% auparavant pour des revenus toujours anticipés entre 64,1 et 65,6 Mds$. Cette guidance ne prend pas en compte la possibilité que le président Donald Trump tienne sa promesse de longue date d'imposer des taxes sur les importations de produits pharmaceutiques aux États-Unis, qui s'ajouteraient aux droits de douane existants.

Merck a réalisé un bpa ajusté de 2,22$ sur les trois premiers mois de l'année pour un chiffre d'affaires de 15,53 milliards de dollars (-1,6%). Les ventes de son médicament à succès contre le cancer, Keytruda, ont atteint 7,2 milliards de dollars, en deçà des 7,5 Mds$ estimés par Wall Street. Merck prévoit de lancer une version plus facile d'utilisation du Keytruda plus tard cette année afin de conserver 30 à 40% de parts de marché pour le médicament original. L'entreprise compte sur le traitement des maladies pulmonaires Winrevair et d'autres nouveaux médicaments pour compenser le déclin imminent du Keytruda, un produit d'immunothérapie utilisé pour traiter divers cancers.