Wall Street : Boeing plonge, Oracle s'envole

Wall Street s'affiche incertain ce jeudi, malgré des évolutions plutôt favorables sur le plan commercial et des chiffres rassurants de l'inflation. Le S&P 500 prend 0,28% à 6.039 pts, proche des pics ...

Wall Street s'affiche incertain ce jeudi, malgré des évolutions plutôt favorables sur le plan commercial et des chiffres rassurants de l'inflation. Le S&P 500 prend 0,28% à 6.039 pts, proche des pics historiques, mais le Dow Jones ne s'accorde que 0,04% à 42.882 pts, plombé par Boeing. Le Nasdaq grappille 0,23% à 19.660 pts. Oracle se distingue en hausse, sur de solides perspectives... Sur le Nymex, le baril de brut WTI abandonne 0,6% à 67,7$. L'once d'or fin gagne 1% à 3.387$. L'indice dollar perd 0,7% face à un panier de devises de référence. Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans se tasse à 4,38%.

"L'accord avec la Chine est super !", a encore lancé Trump il y a quelques instants sur Truth Social. "Nous sommes parvenus à un accord pour mettre en oeuvre le consensus de Genève et l'appel entre les deux présidents", a résumé le secrétaire au Commerce Howard Lutnick. Il s'agit désormais de s'assurer de l'approbation des présidents Trump et Xi Jinping, après quoi l'accord serait mis en oeuvre. La délégation américaine était conduite par le secrétaire au Trésor Scott Bessent, accompagné du secrétaire au Commerce Lutnick et du représentant américain au Commerce Jamieson Greer. La délégation chinoise était menée quant à elle par le vice-Premier ministre He Lifeng, accompagné du ministre du Commerce Wang Wentao et de son adjoint Li Chenggang, représentant commercial du pays. Li Chenggang a indiqué lui aussi qu'un accord avait été trouvé et serait présenté aux présidents. "Les deux parties sont sur le principe parvenues à un cadre pour mettre en oeuvre le consensus auquel les deux chefs d'État sont parvenus lors de l'appel téléphonique du 5 juin et le consensus de la réunion de Genève", a donc ajouté le représentant chinois.

Le scénario d'une désescalade dans la guerre commerciale prend donc forme, après les échanges assez virulents entre Washington et Pékin, qui s'accusaient réciproquement d'avoir enfreint la trêve conclue à Genève le mois dernier - marquée par un abaissement des droits de douane réciproques mis en place plus tôt par les deux pays. Selon Lutnick, les Chinois se sont engagés à accélérer les expéditions de métaux rares essentiels aux entreprises américaines de l'automobile et de la défense, tandis que Washington va assouplir certains de ses propres contrôles à l'exportation. Des progrès auraient donc été réalisés sur deux des questions les plus épineuses...

"Dans un deuxième temps, les deux parties devraient suivre le consensus et les exigences importants dégagés par les deux chefs d'État lors de leur entretien téléphonique et jouer un rôle actif dans le mécanisme de consultation économique et commerciale sino-américain", a déclaré le vice-Premier ministre chinois He Lifeng. Les deux parties devraient "faire preuve de bonne foi en respectant leurs engagements et préserver conjointement les résultats durement acquis du dialogue".

Donald Trump a réagi sur Truth Social. "Notre accord avec la Chine est conclu, sous réserve de l'approbation finale du président Xi et de moi-même. Les aimants complets et les terres rares nécessaires seront fournis dès le départ par la Chine. De même, nous fournirons à la Chine ce qui a été convenu, y compris les étudiants chinois fréquentant nos universités et collèges (ce qui a toujours été une bonne chose pour moi !). Nous obtenons un total de 55% de droits de douane, la Chine 10%. Nos relations sont excellentes ! Merci de votre attention !", a lancé Trump. Ainsi, si l'on en croit ces commentaires de Trump, confirmés par un responsable de l'administration, les USA conserveraient 25% de tarifs douaniers initiaux sur les produits chinois auxquels s'ajouteraient 30% de "nouveaux tarifs".

Trump a déclaré cependant hier aux journalistes qu'il pourrait envoyer des lettres à ses partenaires commerciaux d'ici une ou deux semaines pour fixer des taux de droits de douane unilatéraux. "À un moment donné, nous allons simplement envoyer des lettres. Et je pense que vous comprenez que, nous dirons voici le deal, vous pouvez le prendre ou le laisser", a déclaré le président au Kennedy Center à Washington. Peu après avoir introduit de nouveaux droits de douane très élevés qui avaient perturbé les marchés, Trump avait instauré une pause des droits les plus contraignants qui expire le 9 juillet. Le secrétaire au Trésor Scott Bessent a également déclaré hier au Congrès qu'il était fortement probable que la suspension des droits de douane soit prolongée pour les pays qui négocient avec l'administration de bonne foi. "Il y a 18 partenaires commerciaux importants - nous travaillons à des accords sur ces derniers - et il est fort probable que pour les pays qui négocient de bonne foi, nous reporterons la date", a indiqué Bessent devant la commission des voies et moyens de la Chambre des représentants.

Sur le front économique hier, l'indice américain des prix à la consommation du mois de mai a plutôt rassuré, en hausse de 0,1% d'un mois sur l'autre et de 2,4% sur un an, contre des consensus respectifs de +0,2% et +2,5%. Hors alimentaire et énergie, le CPI a augmenté de 0,1% par rapport au mois antérieur et de 2,8% sur un an, deux lectures également moins élevées que prévu. Le salaire horaire a grimpé de 0,4% d'un mois sur l'autre et 3,9% sur un an en lecture finale. Le président américain en a immédiatement profité pour livrer sur Truth Social un nouvel appel à la Fed. "L'IPC vient d'être publié. Excellents chiffres ! La Fed devrait baisser ses taux d'un point. Cela permettrait de payer beaucoup moins d'intérêts sur la dette à venir. Tellement important !" Le vice-président J.D. Vance a ajouté que "le refus de la Fed de baisser les taux" était "une faute monétaire".

L 'indice américain des prix à la production du mois de mai 2025 s'est établi en augmentation de 0,1% d'un mois sur l'autre et de 2,6% sur un an, contre respectivement +0,2% et +2,6% de consensus. Hors alimentaire et énergie cette fois, le "PPI" américain a progressé de 0,1% par rapport au mois antérieur et de 3% en comparaison de l'an dernier. Le consensus était de +0,3% d'un mois sur l'autre.

Les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 7 juin, qui viennent aussi d'être dévoilées, se sont établies à 248.000 contre 242.000 de consensus. Elles ressortent sans évolution par rapport à la semaine antérieure.

A moins d'une semaine de la réunion monétaire de la Fed des 17 et 18 juin, le consensus reste au statu quo. L'outil CME FedWatch donne près de 97% de probabilité que les taux restent inchangés sur les fonds fédéraux entre 4,25 et 4,50%. Le même outil montre une probabilité d'un maintien des taux de plus de 76% au 30 juillet, pour la réunion suivante. Ce n'est donc qu'en septembre que la Fed pourrait recommencer à assouplir sa politique, en débutant par un geste d'un quart de point. Le baromètre FedWatch montre que la banque centrale américaine pourrait réduire ses taux une à trois fois cette année.

Concernant le clash Musk / Trump récent, notons que le multimilliardaire semble rétropédaler, estimant que la bagarre est allée trop loin. Alors que son père avait déjà tenté de désamorcer la polémique, l'homme le plus riche du monde a publié hier un message d'apaisement sur sa plateforme X, dans lequel il reconnaît avoir franchi les limites dans ses critiques contre Donald Trump. "Je regrette certaines de mes publications à propos de Donald Trump la semaine dernière. Elles sont allées trop loin", a écrit le patron de Tesla et SpaceX. La semaine précédente, Musk et le président américain s'étaient publiquement invectivés à propos du projet de loi de finances porté par l'administration américaine. L'entrepreneur avait qualifié ce texte d'"abomination répugnante", déclenchant une vive réaction de la part de Donald Trump.

Pendant ce temps, chez les brokers, Goldman Sachs vient de réduire encore sa probabilité d'une récession à douze mois aux États-Unis à 30% seulement contre 35%.

Dans l'actualité des entreprises cotées à Wall Street, Oracle a publié hier soir des comptes solides et surtout des prévisions de forte croissance. Adobe, RH et Korn Ferry, dévoilent leurs derniers résultats financiers ce jour.

Les valeurs

Oracle s'adjuge 13,5% à Wall Street. Le groupe software américain a publié pour son quatrième trimestre fiscal des revenus ajustés de 15,9 milliards de dollars (+11%), au-dessus d'un consensus de 15,6 milliards de dollars, pour un bénéfice ajusté par action de 1,70$ à comparer à un consensus de 1,64$. Le bénéfice net trimestriel a représenté plus de 3,4 milliards de dollars. L'activité cloud a toutefois raté le consensus en termes de ventes, en croissance de 27% à 6,7 milliards avec une progression de 52% à 3 milliards dans l'infrastructure cloud. Le groupe parvient tout de même à convaincre les investisseurs en évoquant pour l'exercice 2026 des perspectives de croissance "considérablement plus élevée" des revenus, après une progression à deux chiffres sur le trimestre écoulé.

"L'exercice 2025 a été une excellente année, mais nous pensons que l'exercice 2026 sera encore meilleur, car nos taux de croissance du chiffre d'affaires seront nettement plus élevés", a déclaré Safra Catz, DG d'Oracle. "Nous prévoyons que notre taux de croissance global du cloud (applications et infrastructure) passera de 24% en 2025 à plus de 40% en 2026. Le taux de croissance de l'infrastructure cloud devrait passer de 50% en 2025 à plus de 70% en 2026. Le RPO devrait quant à lui croître de plus de 100% en 2026. Oracle est en passe de devenir non seulement le premier éditeur mondial d'applications cloud, mais aussi l'un des plus grands acteurs mondiaux de l'infrastructure cloud".

Micron Technology (stable), le concepteur américain de puces mémoires, a annoncé avec l'administration Trump son projet d'accroître ses investissements aux États-Unis pour atteindre environ 150 milliards de dollars dans la fabrication domestique de mémoires et 50 milliards de dollars en R&D, créant ainsi environ 90.000 emplois directs et indirects. Dans le cadre de cette annonce, Micron prévoit d'investir 30 milliards de dollars supplémentaires par rapport aux plans précédents, notamment la construction d'une deuxième usine de fabrication de mémoires de pointe à Boise, dans l'Idaho, mais aussi l'agrandissement et la modernisation de son usine de fabrication existante à Manassas, en Virginie, ou encore l'implantation de capacités de conditionnement avancées aux États-Unis afin de permettre la croissance à long terme de la mémoire à haut débit (HBM), essentielle au marché de l'IA.

Par ailleurs, Micron annonce un investissement prévu de 50 milliards de dollars en R&D aux États-Unis, réaffirmant ainsi sa position de leader mondial des technologies de mémoire à long terme. Comme annoncé précédemment, cet investissement de Micron inclut son projet actuel de méga-usine à New York.

GameStop plonge de plus de 19% à Wall Street, alors que le détaillant américain en jeux vidéo, qui avait manifesté déjà son intention de lever des fonds et d'acheter du bitcoin comme placement de trésorerie, a annoncé une émission de dette convertible de 1,75 milliard de dollars. Ainsi, GameStop lève des fonds auprès des investisseurs en émettant des obligations convertibles de premier rang. Les investisseurs convertiront ces obligations en actions du groupe avant ou à leur échéance en 2032. GameStop a déclaré qu'il entendait utiliser le produit de la dernière émission d'obligations convertibles pour "des investissements et des acquisitions potentielles". En mai, la société avait annoncé un achat de bitcoins pour 500 millions de dollars environ, suite à une émission de convertibles de 1,3 milliard de dollars en mars.

Boeing plonge de 5% en bourse. Un Boeing787 d'Air India transportant 242 passagers s'est écrasé près d'Ahmedabad, dans l'État du Gujarat, à l'ouest de l'Inde. L'avion, reliant Ahmedabad à l'aéroport de Londres Gatwick, s'est écrasé peu après son décollage, selon les médias locaux. Selon le contrôle aérien de l'aéroport d'Ahmedabad, l'avion a décollé à 8h09 GMT de la piste 23, a lancé un "Mayday" signalant une situation d'urgence et n'a plus répondu par la suite.

Un drame de plus pour Boeing qui a été impliqué dans plusieurs accidents ces dernières années, dont deux crashs d'un appareil Lion Air le 29 octobre 2018 et d'un avion Ethiopian Airlines le 10 mars 2019. Au début de l'année dernière, un 737 Max en vol a perdu en plein vol un panneau de porte. Air India exploite 34 Boeing 787, selon les données du cabinet de conseil en aéronautique Cirium reprises par 'Bloomberg'. Leur âge varie d'un peu plus de 2 ans à près de 14 ans, la plupart ayant plus de dix ans. Au total, la flotte de la compagnie aérienne compte 192 Boeing et Airbus.

Mattel (+0,7%), le géant américain du jouet, fabricant des poupées Barbie et des voitures Hot Wheels, a signé un accord avec OpenAI pour utiliser ses outils d'intelligence artificielle afin de concevoir et, dans certains cas, d'alimenter des jouets et autres produits basés sur ses marques, indique Bloomberg. Cette collaboration n'en est qu'à ses débuts et la première sortie ne sera annoncée que plus tard cette année, ont déclaré Brad Lightcap, directeur de l'exploitation d'OpenAI, et Josh Silverman, directeur des franchises de Mattel, lors d'une interview conjointe. La technologie pourrait à terme donner naissance à des assistants numériques inspirés des personnages Mattel, ou servir à rendre des jouets et jeux comme le Magic 8 Ball ou le Uno "encore plus interactifs", précise Bloomberg.

Chime, une société californienne de technologie financière, a levé 864 millions de dollars pour son introduction en bourse sur le Nasdaq, au prix de 27$ pièce, au-dessus de la fourchette indicative qui allait de 24 à 26$. L'introduction valorise Chime à environ 11,6 milliards de dollars sur une base entièrement diluée - bien loin toutefois des 25 milliards de dollars de "valo" de la dernière levée de fonds majeure en 2021. Le groupe compte parmi ses investisseurs DST Global, General Atlantic et Iconiq. Le dossier sera coté ce jeudi sur le Nasdaq sous le symbole 'CHYM'. Le groupe a été fondé il y a 13 ans par Chris Britt, ancien dirigeant de Visa, et Ryan King, qui officiait notamment chez Comcast. Chime propose ses services grâce à des partenariats avec des banques traditionnelles, avec notamment des comptes chèques de marque dotés de fonctionnalités conviviales.

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