Wall Street s'est envolé mercredi, saluant largement la victoire de Donald Trump, futur 47ème président des États-Unis ! Le S&P 500 bondit de 2,53% à 5.929 pts, au plus haut de son histoire. Le Dow Jones atteint lui aussi des sommets, s'adjugeant 3,57% à 43.729 pts ! Le Nasdaq s'accorde pour sa part 2,95% à 18.983 pts. "L'Amérique nous a donné un mandat sans précédent et puissant", a déclaré Trump lors d'un discours devant ses partisans dans son QG de Floride. "Nous allons atteindre de nouveaux sommets, gagner en importance, guérir notre pays, prendre soin de notre pays qui a besoin d'aide", a poursuivi Donald Trump. "L'Amérique est une nation de bâtisseurs. Bientôt, vous serez libre de construire", a posté pour sa part Elon Musk sur son réseau social X, alors que l'homme le plus riche du monde aura été durant la campagne un soutien précieux au candidat républicain...
Les Américains votaient également pour renouveler totalement la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Les républicains ont pris le contrôle du Sénat et conservent leur leadership à la Chambre des représentants.
Donald Trump devrait imposer des droits de douane conséquents sur un certain nombre d'importations, notamment venant de Chine. Il a aussi pour projet d'alléger la taxation des entreprises... Il reste évidemment offensif en matière de politique de lutte contre l'immigration, visant en particulier le Mexique. Sur le front international, il conteste le soutien de Washington à l'Ukraine et entend trouver une solution au conflit en incitant peut-être Kiev à céder certains territoires. Au Proche-Orient, Trump s'est engagé aussi à "mettre un terme au conflit". L'ancien président prévoit en outre d'alléger la bureaucratie et de licencier des fonctionnaires... Il promet de renforcer la production américaine de combustibles fossiles en assouplissant le processus d'autorisation des forages sur les terres fédérales et en encourageant la construction de nouveaux gazoducs. Il a aussi affirmé qu'il retirerait à nouveau les États-Unis des accords de Paris sur le climat et qu'il soutiendrait la production d'énergie nucléaire.
Donald Trump a par ailleurs de nouveau évoqué la possibilité d'une collaboration politique avec Elon Musk. "On serait ravi de l'avoir dans notre administration. On est très inclusif", a-t-il proposé, tout restant en vague sur le rôle exact que pourrait occuper le milliardaire dans son futur gouvernement. En octobre dernier, lors d'une interview sur 'Fox News', il avait suggéré de le nommer "secrétaire à la réduction des coûts", sans précisions sur un éventuel poste officiel...
La Fed doit pour sa part réduire encore ses taux d'un quart de point demain... Elle devra composer avec Donald Trump, qui n'a jamais caché son agacement face à la politique de Jerome Powell, patron de la banque centrale US, et a même exprimé ouvertement - avant de radoucir le ton - sa volonté d'influer directement sur la politique de la Fed, ce qui romprait avec son historique d'indépendance. Selon l'outil CME FedWatch, cet assouplissement de 25 points de base qui ramènerait les taux entre 4,50 et 4,75% affiche une probabilité de plus de 98%. Les taux sont attendus entre 4,25 et 4,50% en fin d'année ('proba' de 66,5%), ce qui représenterait donc deux ajustements en baisse de 25 points de base. Notons que les anticipations concernant une seconde baisse de taux cette année sont un peu retombées avec l'élection de Trump, dont la politique est jugée inflationniste.
Notons aussi qu'outre le dollar (+1,6% face à un panier de devises), le bitcoin et les autres cryptomonnaies profitent de ce retour au pouvoir en fanfare de Donald Trump. La reine des 'cryptos' a franchi ce soir pour la première fois la barre des 76.000$. Sur le Nymex, le baril de brut WTI efface ses pertes de début de journée et prend désormais 0,4% à 72$. L'once d'or fin rend 2,6% à 2.662$. Le Département américain à l'Énergie a annoncé une nette hausse des réserves de brut aux États-Unis la semaine passée. Les stocks domestiques de brut, hors réserve stratégique, ont progressé de 2,1 millions de barils sur la semaine close au 1er novembre, à 427,7 millions de barils. Les stocks d'essence ont augmenté de 0,4 million de barils, tandis que les stocks de produits distillés ont grimpé de 2,9 millions de barils.
Jeudi, les opérateurs surveilleront les chiffres hebdomadaires de l'emploi pour la semaine close le 2 novembre (14h30, consensus 220.000 inscriptions au chômage), ainsi que les chiffres préliminaires de la productivité non-agricole du troisième trimestre (14h30, consensus FactSet +2,3% pour la productivité et +1,2% pour les coûts unitaires du travail). Les chiffres du crédit à la consommation de septembre sont aussi attendus jeudi soir à 21 heures (consensus +12 milliards).
La réunion FOMC du comité de politique monétaire de la Fed se termine demain. Le communiqué FOMC sera publié à 20 heures jeudi et sera suivi de la conférence de presse de Jerome Powell. Il s'agira d'un exercice forcément délicat, après le résultat de l'élection présidentielle.
Enfin, vendredi, les investisseurs suivront l'indice préliminaire du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan pour le mois de novembre (16 heures, consensus 71,3).
Les valeurs
Nvidia (+4%) reconquiert pour sa part la place de première capitalisation boursière mondiale, au plus haut à près de 3.500 milliards de dollars, contre environ 3.400 milliards de dollars "seulement" pour Apple (-0,3%).
Tesla s'adjuge 14,7% à Wall Street après un gain de déjà 3,5% la veille. La victoire de Donald Trump dope donc la valeur du constructeur de véhicules électriques, alors qu'Elon Musk aura été un soutien majeur pour le candidat républicain tout au long de la campagne. La capitalisation boursière de Tesla revient à l'approche des 1.000 milliards de dollars. Trump a pourtant exprimé bien souvent son hostilité vis-à-vis de la transition vers les énergies vertes, mais le rôle de haut niveau que pourrait avoir Musk auprès du 47ème président américain semble faire fantasmer les marchés.
Quant à la valeur Trump Media & Technology Group, elle ne gagne "que" 6% à Wall Street, pour une capitalisation tout de même supérieure à 7 milliards de dollars. D'un strict point de vue fondamental, avec à peine plus de 4 millions de dollars de revenus l'an dernier et des pertes récurrentes, Trump Media demeure extrêmement surévalué... Mais c'est toute la magie des 'meme stocks'.
Les valeurs bancaires profitent tout particulièrement de l'effet Trump, avec un bond de 11,5% pour JP Morgan Chase, un gain de 8,4% pour Bank of America ou encore une performance de +13,1% pour Wells Fargo. Notons, au sujet de JP Morgan, que son emblématique directeur général Jamie Dimon devrait selon Reuters rester au sein de la banque, et n'aurait donc pas pour projet de rejoindre la nouvelle administration Trump. Reuters cite à ce sujet une source proche de la question, alors que des spéculations antérieures portaient sur une éventuelle nomination de Dimon en tant que Secrétaire au Trésor. Dimon dirige JP Morgan depuis une vingtaine d'années déjà.
Super Micro Computer, le fabricant de serveurs d'IA, dévisse de 18% à Wall Street. Alors que l'auditeur du groupe - Ernst & Young - vient de démissionner et que Super Micro tarde à publier son rapport annuel, le groupe livre par ailleurs de faibles prévisions. Le groupe a indiqué hier qu'une enquête d'un comité spécial de son conseil d'administration n'avait pas détecté de fraude ou de malversation. Fin août, le groupe avait reporté la publication de son rapport annuel, évoquant la nécessité de revoir ses contrôles internes de reporting financier, suite aux attaques du vendeur à découvert Hindenburg Research qui l'accusait de manipulation comptable. Le groupe risque par ailleurs une radiation du Nasdaq s'il ne respecte pas certains délais ce mois. En outre, le groupe table sur des ventes et profits inférieurs au consensus, alors qu'il attend la livraison des nouvelles puces de Nvidia. Les comptes préliminaires du premier trimestre fiscal clos fin septembre font ressortir des revenus allant de 5,9 à 6 milliards de dollars, contre une guidance antérieure allant de 6 à 7 milliards. Le bénéfice ajusté par action est attendu entre 75 et 76 cents, contre 67-83 cents auparavant. La guidance du deuxième trimestre montre que le groupe envisage des revenus de 5,5-6,1 milliards, pour un bpa ajusté de 56 à 65 cents. SMCI a l'intention "de prendre toutes les mesures nécessaires pour se conformer dès que possible aux exigences de cotation continue du Nasdaq".
American Electric Power (-4,1%) a annoncé pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice GAAP de 960 millions de dollars soit 1,80$ par action, contre 954 millions de dollars un an plus tôt. Le bénéfice opérationnel a été de 985 millions de dollars sur la période, soit 1,85$ par titre, contre 924 millions un an avant. "Nos résultats de ce trimestre ont été stimulés par nos investissements continus visant à améliorer le service et à améliorer le système énergétique afin de répondre aux besoins de nos clients et de nos communautés. Sur la base de nos progrès jusqu'à présent cette année, nous resserrons notre fourchette de prévisions de bénéfices pour 2024 et maintenons le point médian de 5,63$", a déclaré Bill Fehrman, président et CEO d'AEP.
Johnson Controls (+8,8%), leader mondial dans le domaine des technologies et solutions de bâtiments intelligents a annoncé pour son quatrième trimestre fiscal un bénéfice net part du groupe de 633 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 1,28$, à comparer à un consensus de 1,25$. Les revenus ont totalisé quant à eux 6,25 milliards de dollars, contre 5,85 milliards sur la période comparable de l'an dernier. Sur l'exercice clos, le bénéfice a atteint 1,71 milliard de dollars, pour des revenus de près de 23 milliards de dollars. Le groupe envisage désormais, pour le trimestre entamé, un bénéfice ajusté par action allant de 57 à 60 cents et une croissance organique voisine de 5%. Sur l'exercice, ce bpa est attendu entre 3,40 et 3,50$, avec ici encore une croissance organique proche de 5%.
CVS Health grimpe de 11,3% après des trimestriels faibles... mais supérieurs aux attentes et l'annonce parallèle de la nomination d'un ancien dirigeant d'UnitedHealth, Steve Nelson, à la tête de l'activité Aetna. Le groupe avait précédemment remplacé sa directrice générale Karen Lynch par David Joyner. Sous la pression d'investisseurs activistes, CVS se réorganise donc. Pour le troisième trimestre fiscal, le groupe a affiché un bénéfice ajusté par action de 1,09$, contre 2,21$ un an avant, mais au-dessus du milieu de fourchette de la récente guidance allant de 1,05 à 1,1$. Le bénéfice net trimestriel a été de 87 millions de dollars, 7 cents par titre, anecdotique en comparaison des 2,26 milliards de dollars rapportés un an plus tôt. Les revenus de l'unité des prestations de soins de santé ont augmenté de 25% à 33 milliards, avec la croissance des activités Medicare. Les ventes de la division des services de santé, qui comprend l'unité de gestion des prestations pharmaceutiques, ont reculé de 6% à 44,1 milliards, avec la perte d'un gros client. Les revenus en pharmacie et bien-être ont augmenté de 12% à 32,4 milliards avec la hausse du volume de prescriptions. Les revenus totaux ont été de 95,4 milliards contre 89,8 milliards un an avant.
Microchip Technology (-1,7%), le concepteur américain de puces, a livré hier soir des résultats du deuxième trimestre fiscal au-dessus des anticipations, mais des prévisions sans relief avec la demande en berne de l'industrie automobile. Le bénéfice ajusté trimestriel par action a été de 46 cents, contre 43 cents de consensus et 1,62$ sur la période correspondante de l'an dernier. Les revenus ont été de 1,16 milliard de dollars contre 2,25 milliards de dollars un an plus tôt, mais ils dépassent le consensus de 1%. Le bénéfice net a représenté 78 millions de dollars. Sur le trimestre entamé, le groupe table sur un bpa ajusté allant de 25 à 35 cents, pour des revenus allant de 1,02 à 1,1 milliard de dollars. Le consensus était de 1,18 milliard de dollars de revenus pour 46 cents de bpa ajusté sur cette période...