Wall Street : au tour de Scott Bessent de jouer !

Wall Street hésite ce vendredi, au lendemain de l'accord commercial entre Washington et Londres. Les opérateurs spéculent désormais sur l'issue des discussions du week-end entre les États-Unis et la C...

Wall Street hésite ce vendredi, au lendemain de l'accord commercial entre Washington et Londres. Les opérateurs spéculent désormais sur l'issue des discussions du week-end entre les États-Unis et la Chine. L'espoir reste que les deux superpuissances progressent en vue d'un apaisement ou d'une "désescalade", selon l'expression consacrée. Le S&P 500 fléchit tout de même prudemment de 0,07% à 5.660 pts, alors que le Dow Jones cède 0,24% à 41.271 pts et que le Nasdaq grappille 0,03% à 17.933 pts... Sur le Nymex, le baril de brut WTI prend 1,2% à 60,6$. L'once d'or fin avance de 0,9% à 3.336$. L'indice dollar recule de 0,4% face à un panier de devises. Le bitcoin grimpe de 3,6% sur 24 heures à 103.000$.

L'administration Trump envisagerait une réduction drastique des droits de douane lors des négociations du week-end avec la Chine afin d'apaiser les tensions et d'atténuer les difficultés économiques que les deux parties commencent déjà à ressentir, indique Bloomberg. Citant des sources proches des préparatifs des négociations, qui doivent débuter samedi à Genève sous la direction du secrétaire américain au Trésor Scott Bessent et du vice-Premier ministre chinois He Lifeng, Bloomberg explique que les États-Unis se seraient fixé comme objectif de réduire les droits de douane à moins de 60%, première étape que la Chine pourrait être prête à suivre.

Les progrès réalisés au cours des deux jours de discussions prévues pourraient permettre la mise en oeuvre de ces réductions dès la semaine prochaine, d'après les sources de Bloomberg. Les discussions seront probablement exploratoires et davantage axées sur l'expression des griefs que sur la recherche de solutions aux nombreux problèmes que chaque partie rencontre, ont toutefois déclaré les sources, qui ont requis l'anonymat. La situation resterait instable, ce qui signifie qu'il n'y aurait aucune certitude que les droits de douane baissent à court terme...

La levée des restrictions à l'exportation imposées par la Chine sur les terres rares utilisées dans la fabrication des aimants figure également parmi les priorités des États-Unis, alors que plusieurs industries sont confrontées à des perturbations, ont indiqué ces sources. Des progrès auraient également été réalisés sur la question du fentanyl. Des discussions distinctes pourraient bientôt avoir lieu sur la réduction des exportations chinoises des ingrédients entrant dans la fabrication de cet opiacé...

Le Trésor US et le bureau du représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, qui accompagne Bessent dans les négociations, ont refusé une demande de commentaire de Bloomberg, mais le porte-parole de la Maison Blanche, Kush Desai, a déclaré : "Le seul objectif de l'administration avec ces discussions est de faire progresser le programme économique 'America First' du président Trump vers des relations commerciales équitables et réciproques".

Hier, des responsables américains, depuis le président Trump jusqu'à ses subordonnés, ont exprimé leur volonté de réduire des droits de douane (trop ?) rapidement augmentés en réponse aux représailles chinoises. "Désamorcer la situation, ramener ces taux à leur niveau potentiel, voire souhaitable, est, je pense, l'objectif de Scott Bessent. Je pense que c'est aussi l'objectif de la délégation chinoise", a indique le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, à CNBC. "Et c'est ce que le président espère être une bonne issue : un monde où la situation s'apaise, où nous nous retrouverons et travaillerons ensemble à un accord majeur"... Pékin a réitéré jeudi son appel à l'administration Trump pour qu'elle annule les droits de douane unilatéraux imposés à la Chine.

Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a par ailleurs lancé : "La Chine devrait ouvrir son marché aux États-Unis ; ce serait tellement bénéfique pour eux ! Les marchés fermés ne fonctionnent plus !" Le président américain ajoute, s'adressant à Scott Bessent, que "des droits de douane de 80% pour la Chine semblent justifiés !" Trump qui indique aussi que de "nombreux accords commerciaux" seraient en préparation, "tous bons (excellents !)".

Notons aussi un "retour" des responsables de la Fed outre-Atlantique ce jour, après la 'quiet period' qui précédait la réunion monétaire - laquelle s'est soldée par un statu quo compte tenu des incertitudes sur l'inflation. Michael Barr, John Williams, Adriana Kugler, Thomas Barkin, Austan Goolsbee, Beth Hammack et Christopher Waller de la Fed, s'expriment donc ce jour... La gouverneure Adriana Kugler a déclaré que le marché du travail américain était stable et que, compte tenu du taux de chômage actuel de 4,2% et d'une série d'autres indicateurs, il était très probablement proche de l'objectif de plein emploi.

Le président de la Fed de New York, John Williams, a déclaré ce jour que le maintien des anticipations d'inflation ancrées près de l'objectif des décideurs politiques - à savoir 2% - constitue le "fondement" de la banque centrale. D'après lui, la Fed a besoin de plus d'informations avant de penser à des réductions de taux. Il note, sans savoir si le marché a tort ou raison, qu'il 'price' actuellement une baisse relativement progressive des taux d'intérêt. Il juge par ailleurs que l'économie américaine est actuellement dans une bonne position, alors que nous nous situons à un point d'inflexion en attendant les chiffres réels de l'impact sur la conjoncture. Williams se montre prudent à ce sujet, prévoyant un ralentissement notable de la croissance, ainsi que des hausses de l'inflation et du chômage.

Le gouverneur de la Fed Michael Barr, quant à lui, craint que les tarifs douaniers ne dopent l'inflation et ne ralentissent la croissance cette année, selon des commentaires rapportés par CNBC. Il souligne que le combat contre l'inflation n'est pas terminé et juge que la politique monétaire est bien positionnée en attendant d'évoluer en fonction des "conditions".

Thomas Barkin, patron de la Fed de Richmond, juge que les dépenses de consommation et les investissements des entreprises restent très résilients. Il ajoute que les entreprises ne devraient pas supposer que les tarifs douaniers garantissent un pouvoir de fixation des prix.

Le marché avait réagi hier de manière positive au pacte signé entre Washington et Londres, prévoyant une baisse des droits de douane britanniques sur les produits américains, à 1,8% contre 5,1%, et une plus grande ouverture du marché britannique aux biens américains. Les taxes dites "plancher" de 10% prélevées par les États-Unis vont cependant rester en vigueur sur nombre de produits en provenance de Grande-Bretagne. Le Premier ministre britannique a salué une journée "vraiment fantastique, historique" et a déclaré que l'accord permettrait de "dynamiser le commerce entre et à travers nos pays". "En plus de protéger des emplois, il va en créer, en ouvrant les accès au marché", selon lui. Le "deal" entre les deux pays prévoit notamment que les taxes douanières imposées par la Grande-Bretagne sur les produits américains soient réduites à 1,8% contre 5,1% en moyenne actuellement. "Cela nous ouvre un marché considérable", a déclaré le président américain devant les journalistes.

Les droits de douane américains sur les voitures britanniques vont être réduits à 10%, contre 27,5% actuellement, avec une limite de 100.000 véhicules - soit près de la totalité des exportations automobiles de la Grande-Bretagne vers les Etats-Unis l'an dernier. Les taxes américaines sur l'acier britannique vont être levées, de même que les droits de douane britanniques sur l'éthanol américain - jusqu'à présent de 19%... Trump note aussi une opportunité de 5 milliards de dollars pour de nouvelles exportations pour les agriculteurs, les éleveurs et les producteurs américains, y compris plus de 700 millions de dollars d'exportations d'éthanol et 250 millions de dollars de boeuf américain et d'autres produits agricoles...

Les valeurs

Nvidia (-1%), le géant des puces d'IA, entendrait commercialiser une version moins avancée de sa puce d'intelligence artificielle H20 pour la Chine dans les deux prochains mois suite aux restrictions d'exportation imposées par les États-Unis sur le modèle original, ont indiqué à l'agence Reuters trois sources proches du dossier. Le groupe de Jensen Huang aurait informé ses principaux clients chinois, dont des fournisseurs majeurs de cloud computing, de son intention de commercialiser la puce H20 modifiée en juillet, ont indiqué deux sources de Reuters.

TSMC (+2%), ou Taiwan Semiconductor Manufacturing Co., le géant taïwanais des puces sous contrat, a fait état pour le mois d'avril d'une très forte progression de ses ventes de 48%. Le groupe, qui compte Nvidia et Apple parmi ses principaux clients, a ainsi réalisé sur le mois passé des revenus de 349,6 milliards de dollars de Taïwan, environ 11,6 milliards de dollars américains. La progression du groupe en avril dépasse nettement la croissance anticipée par les analystes pour le deuxième trimestre, le consensus se situant à 38% sur la période. Bloomberg note que les marges opérationnelles de TSMC pourraient toutefois souffrir de la récente flambée du dollar taïwanais.

McKesson (stable), géant américain de la distribution pharmaceutique et médicale, a annoncé pour son premier trimestre calendaire et quatrième trimestre fiscal des revenus de 90,8 milliards de dollars, en croissance de 19% mais inférieurs au consensus, pour un bénéfice ajusté par action de 10,12$ quant à lui supérieur aux attentes. Sur l'exercice fiscal à venir, le bpa ajusté est anticipé à 37,15$ en milieu de fourchette, au-dessus du consensus, alors que le groupe prévoit une scission de ses solutions médico-chirurgicales en une société indépendante. La séparation de l'unité, qui fournit des instruments et services chirurgicaux, permettrait à McKesson de se concentrer sur la distribution de médicaments contre le cancer et d'autres médicaments spécialisés, aux plus fortes marges.

Coinbase Global (-1%) a publié hier soir pour son premier trimestre une vive croissance des revenus mais des profits en déclin. La plateforme américaine d'échange de cryptomonnaies, qui vient d'annoncer son intention de racheter la plateforme d'options 'cryptos' Deribit pour 2,9 milliards de dollars, a fait état de revenus trimestriels en croissance de 24% à 2 milliards de dollars environ en glissement annuel, mais en retrait de 10% en comparaison du trimestre antérieur. Le consensus était de 2,1 milliards de chiffre d'affaires. Le bénéfice net trimestriel a chuté quant à lui de 94% à 66 millions de dollars, 24 cents par titre. "Une grande partie de cette baisse est due au fait que Coinbase a évalué ses avoirs en cryptomonnaies au prix du marché", indique Bloomberg. Il est vrai que le bénéfice ajusté par action, de 1,94$ sur le trimestre, a quant à lui battu le consensus.

Lyft (+21%). Le rival d'Uber a dévoilé de solides perspectives pour son deuxième trimestre fiscal, ainsi qu'un plan de rachat d'actions de 750 millions de dollars. Pour le premier trimestre fiscal, le groupe a réalisé un bénéfice de près de 3 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 19 cents, pour des revenus de 1,45 milliard de dollars (+14%). Des chiffres inférieurs aux anticipations d'analystes. Le groupe évoque néanmoins le "meilleur début d'année jamais enregistré avec des réservations brutes record au premier trimestre et une croissance accélérée du nombre de passagers actifs". Les réservations brutes ont grimpé de 13% à 4,2 milliards de dollars.

Monster Beverage (+2%), le groupe américain spécialiste des boissons énergisantes, a publié un bénéfice ajusté par action de 47 cents pour le trimestre clos, légèrement au-dessus du consensus, mais des revenus de 1,85 milliard de dollars, en recul et inférieurs aux anticipations. Il s'agit donc d'un recul inattendu des ventes, sur fond d'incertitudes économiques affectant la consommation. Le groupe a été affecté par les conditions climatiques de janvier, l'inflation, les changements dans les habitudes de commande des embouteilleurs et des distributeurs aux États-Unis et en Europe, ainsi que les vents contraires liés aux devises étrangères. Sur le segment des boissons énergisantes, les revenus ont décliné de près de 1% à 1,72 milliard de dollars. Les revenus totaux ont corrigé de 2,3%.

Pinterest (+8%), le réseau social californien, a publié pour son premier trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 23 cents (+35%), légèrement inférieur au consensus, pour des revenus de 855 millions de dollars (+16%) quant à eux au-dessus des attentes, à comparer à un chiffre d'affaires de 740 millions de dollars un an avant. Le nombre d'utilisateurs actifs mensuels (MAU) mondiaux a augmenté de 10% sur un an pour atteindre 570 millions. Le bénéfice net s'est élevé à 9 millions de dollars et l'Ebitda ajusté à 172 millions de dollars. Sur le trimestre de juin, le groupe envisage des revenus solides, allant de 960 à 980 millions de dollars, contre un consensus voisin de 960 millions. Cette guidance rassure donc, montrant la résistance du marché de la pub en ligne.

Microchip Technology (+13%), le concepteur américain de puces, a publié des comptes supérieurs aux attentes et des prévisions également rassurantes. Sur le quatrième trimestre fiscal clos fin mars, les revenus ont été de 970 millions de dollars pour un bénéfice ajusté par action de 11 cents, contre un consensus de 10 cents par action. Sur le premier trimestre fiscal juste entamé, les revenus sont anticipés entre 1,02 et 1,07 milliard de dollars, à comparer à un consensus de 988 millions de dollars. Le groupe basé dans l'Arizona table sur un bpa ajusté allant de 18 à 26 cents sur la période, contre 16 cents de consensus.

Expedia (-8%), le voyagiste en ligne américain, trébuche à Wall Street sur des résultats décevants pour son premier trimestre, alors que la demande domestique en voyages s'affiche déprimée. Le groupe a réalisé des revenus de 2,99 milliards de dollars (+3%) pour son premier trimestre, contre 3,01 milliards de consensus. Le bénéfice ajusté par action est ressorti à 40 cents sur ce trimestre clos fin mars, quant à lui supérieur au consensus. Les réservations brutes ont progressé de 4% à 31,4 milliards de dollars. La perte opérationnelle se situe à 70 millions de dollars sur le trimestre et la perte nette part du groupe à 200 millions de dollars. L'Ebitda ajusté augmente tout de même de 16% à 296 millions de dollars.

EchoStar (+2%), le groupe américain de services de télécommunications par satellites et TV payante, a publié pour son premier trimestre une perte de 203 millions de dollars, 71 cents par action, soit un déficit moins lourd que prévu. Le groupe du Colorado a réalisé des revenus trimestriels de 3,87 milliards de dollars, légèrement supérieurs aux anticipations de brokers. La télévision payante du groupe, comprenant DISH TV et Sling TV, a généré un chiffre d'affaires d'environ 2,5 milliards de dollars au premier trimestre, en ligne avec les estimations du groupe.

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