Wall Street accélère sur les sommets, malgré des 'stats' mitigées

Wall Street grimpe encore ce mercredi, avec Salesforce, Marvell ou Okta - trois dossiers de la 'tech' américaine qui publiaient hier soir. L'indice phare technologique, le Nasdaq Composite, s'adjuge e...

Wall Street grimpe encore ce mercredi, avec Salesforce, Marvell ou Okta - trois dossiers de la 'tech' américaine qui publiaient hier soir. L'indice phare technologique, le Nasdaq Composite, s'adjuge encore 0,95% à 19.666 pts, inscrivant un nouveau record. Le S&P 500 avance de 0,34% à 6.071 pts, au plus haut historique lui aussi. Le Dow Jones s'accorde 0,34% à 44.858 pts. L'optimisme domine, alors que les investisseurs misent sur une croissance américaine solide sous l'impulsion de la nouvelle administration Trump. La Fed devrait pendant ce temps réduire très progressivement ses taux, alors que l'inflation paraît sous contrôle. Les marchés ignorent pour l'heure ce jour les chiffres mitigés de l'emploi privé d'ADP, ou encore l'ISM des services inférieur aux attentes.

Sur le Nymex, le baril de brut WTI cède 0,2% à 69,8$. L'once d'or fin avance de 0,5% à 2.656$. L'indice dollar se stabilise face à un panier de devises de référence. Le bitcoin consolide à 96.000$ environ.

Adriana Kugler et Austan Goolsbee de la Fed prenaient la parole hier soir. La gouverneure Kugler a exprimé son optimisme à propos de la trajectoire de l'inflation et des conditions économiques plus larges, durant son intervention à l'occasion d'un événement du Detroit Economic Club. Elle a toutefois souligné que la politique de la Fed n'était pas sur une trajectoire prédéterminée. Goolsbee, président de la Fed de Chicago, a précisé pour sa part que l'indépendance de la banque centrale américaine n'était pas liée à son rôle de régulation bancaire. Il a ajouté que les taux pourraient avoir à baisser significativement l'an prochain...

Alberto Musalem, patron de la Fed de St. Louis, a prôné ce mercredi une approche prudente en matière d'assouplissement monétaire. Le moment est peut-être même venu selon lui "de ralentir ou suspendre" la baisse des taux pour évaluer avec soin l'environnement économique ! Il juge en effet qu'il est important de conserver ouvertes les options de politique monétaire du fait de l'incertitude. Il s'attend à ce que la politique restrictive continue de calmer l'inflation, alors que les risques de difficultés sur le marché de l'emploi seraient quant à eux faibles pour le moment.

La soirée sera marquée par une intervention de Jerome Powell et la publication du Livre Beige économique de la Fed (20 heures). Powell participe à une discussion lors du sommet DealBook du New York Times, à New York donc.

L'outil FedWatch donne désormais une probabilité de 75,7% d'un nouvel assouplissement d'un quart de point le 18 décembre, à l'issue de la prochaine réunion monétaire, contre 24,3% de 'proba' d'un statu quo. Les taux devraient ensuite baisser plus lentement en 2025, une fourchette de 4,25-4,50% étant attendue au 29 janvier 2025 d'après ce même outil CME FedWatch (probabilité de 63,6%).

Les créations de postes aux États-Unis dans le secteur privé en novembre ont été de 146.000 selon le rapport d'ADP ce jour, contre un consensus FactSet de 158.000. "Alors que la croissance globale sur le mois a été saine, la performance de l'industrie a été mitigée. Le secteur manufacturier a été le plus faible observé depuis le printemps. Les services financiers, les loisirs et l'hospitalité ont aussi été légers", résume Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP... En outre, les créations de postes d'octobre, précédemment évaluées à 233.000, ont été révisées en baisse à 184.000.

Dans le détail du mois de novembre, les grandes entreprises de plus de 500 personnes ont généré 120.000 postes, tandis que les compagnies de 50 à 499 personnes ont créé 42.000 emplois. Les sociétés de 20 à 49 personnes ont en revanche détruit 29.000 postes. Enfin, les TPE de 1 à 19 personnes ont généré 12.000 postes. Par secteur, l'éducation et les services de santé ont créé 50.000 emplois, le segment commerce, transport et utilities a généré 28.000 postes, et les services professionnels et d'entreprise ont créé 18.000 emplois. Le secteur manufacturier a détruit 26.000 postes.

L'indice PMI composite final américain du mois de novembre s'est établi à 54,9, contre un consensus de place de 55,3, tandis que l'indicateur des services est ressorti à 56,1 contre 57 de consensus de marché. Ces indicateurs traduisent donc une solide expansion de l'activité américaine, mais ils ressortent inférieurs aux estimations des économistes. Les consensus étaient en ligne avec les lectures préliminaires des deux indices.

L'indice ISM des services américains du mois de novembre est ressorti à 52,1, nettement inférieur au consensus qui se situait à 55,5. L'indice reste en territoire d'expansion, sur la barre des 50, mais il décline fortement en comparaison du niveau de 56 du mois antérieur.

Les commandes industrielles américaines du mois d'octobre 2024 ont augmenté de 0,2% d'un mois sur l'autre, en ligne avec le consensus FactSet, après un recul de 0,2% un mois auparavant - en lecture révisée.

Les investisseurs suivront demain l'étude Challenger, Gray & Christmas sur les annonces de licenciements du mois de novembre (13h30), ainsi que la balance du commerce international des biens et services pour octobre (14h30, consensus -75 milliards de dollars). Les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 30 novembre seront dévoilées à la même heure (consensus 214.000). Thomas Barkin de la Fed aura aussi son mot à dire dans la journée.

Vendredi, les investisseurs surveilleront enfin le rapport gouvernemental mensuel sur la situation de l'emploi pour novembre (14h30, consensus 200.000 créations de postes non-agricoles contre 12.000 un mois avant, 4,2% de taux de chômage contre 4,1%, 193.000 créations dans le privé), ainsi que l'indice préliminaire du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan pour décembre (16h, consensus 73,5). Michelle Bowman, Austan Goolsbee, Beth Hammack et Mary Daly de la Fed, seront aussi de la partie.

Les valeurs

Salesforce (+9%), l'éditeur californien de logiciels, s'enflamme à Wall Street, au plus haut historique, sur des comptes marqués par un bénéfice légèrement inférieur aux attentes et des revenus au-dessus du consensus. Les investisseurs saluaient essentiellement la stratégie IA du groupe de Marc Benioff. Pour le trimestre clos fin octobre, les revenus ont augmenté de 8,3% à 9,44 milliards de dollars. La marge opérationnelle ajustée a été de 33,1% contre 32,2% de consensus. Le géant software CRM a dégagé un bénéfice ajusté trimestriel par action de 2,41$, contre 2,11$ un an avant et 2,43$ de consensus. Ce bpa comprenait néanmoins une perte de 17 cents par action sur investissements. Le bénéfice net trimestriel, enfin, a grimpé de 25% à 1,5 milliard de dollars environ.

Pour le trimestre clos en janvier, le groupe envisage des revenus allant de 9,9 à 10,1 milliards de dollars (+7 à +9%), en ligne mais sans plus avec le consensus des analystes. Le groupe mise en particulier sur son application Agentforce proposant des solutions d'IA. Il aurait signé déjà un bon nombre d'accords liés à ce produit. Les marchés espèrent donc que le groupe soit en mesure de monétiser ses produits enrichis par l'IA. Salesforce relève le bas de fourchette de sa guidance antérieure de revenus pour l'exercice 2025, visant désormais une croissance de 8 à 9%, entre 37,8 et 38 milliards de dollars. Il relève ses prévisions de marges opérationnelles GAAP (à 19,8%) et non-GAAP (à 32,9%). Il ajuste enfin en hausse sa guidance de croissance du cash flow opérationnel 2025, à 24-26%.

Marvell Technology (+22%), le concepteur américain de puces, grimpe également à Wall Street, au plus haut de son histoire boursière. Le groupe a livré en effet des résultats supérieurs aux attentes et des prévisions meilleures que prévu, avec bien évidemment la demande liée à l'intelligence artificielle. Pour le troisième trimestre fiscal juste clos, le bénéfice ajusté par action a représenté 43 cents, contre 41 cents de consensus. Les revenus se sont améliorés de 7% à 1,52 milliard de dollars, contre 1,45 milliard de consensus. La marge brute ajustée a été de 60,5%... En GAAP, la perte par action se situe à 78 cents, pour une marge brute de 23%. Notons que les revenus trimestriels ont grimpé de 19% séquentiellement, par rapport au trimestre antérieur, "avec la forte demande de l'IA". Pour le quatrième trimestre, le groupe anticipe une autre croissance séquentielle de 19% des revenus en milieu de fourchette, alors qu'en comparaison de l'an dernier, la croissance devrait accélérer significativement à 26%.

Ainsi, pour le quatrième trimestre fiscal 2025, les revenus sont anticipés à 1,8 milliard de dollars, plus ou moins 5%, pour une marge brute ajustée d'environ 60% et un bénéfice ajusté par action de 59 cents, plus ou moins 5 cents.

Okta, l'éditeur américain de logiciels de gestion des identités et accès, bondit de 5% à Wall Street. Il a annoncé hier soir, pour son troisième trimestre, des revenus de 665 millions de dollars en croissance de 14%, ainsi qu'un bénéfice ajusté par action de 67 cents à comparer à un consensus de 57 cents. Les revenus d'abonnements ont progressé de 14% en glissement annuel. L'indicateur de RPO a grimpé de 19%. Le cash flow opérationnel a été de 159 millions de dollars et le free cash flow de 154 millions de dollars. Todd McKinnon, cofondateur et DG, souligne la forte profitabilité et le haut niveau du cash flow. Pour son quatrième trimestre fiscal 2025 juste entamé, le groupe prévoit des revenus allant de 667 à 669 millions de dollars, en croissance de 10 à 11%, pour un bpa ajusté allant de 73 à 74 cents. Sur l'exercice, les revenus sont attendus entre 2,595 et 2,597 milliards de dollars, pour un bpa ajusté allant de 2,75 à 2,76$.

Pure Storage, le fournisseur américain de solutions de stockage de données, fuse de 26% à Wall Street, renouant avec ses pics historiques. Le groupe a dévoilé pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice net de près de 64 millions de dollars, pour un bénéfice ajusté par action de 50 cents à comparer à un consensus de 43 cents. Le groupe californien de Santa Clara a affiché des revenus de 831 millions de dollars (+9%), également meilleurs que prévu, puisque le consensus était de 815 millions. Le cash flow opérationnel a été de 97 millions et le FCF de 35 millions. Pour le quatrième trimestre fiscal, les revenus sont attendus à 867 millions de dollars environ, ce qui porterait le chiffre d'affaires annuel à 3,15 milliards. La marge opérationnelle ajustée est anticipée à 15,6% sur le T4 et 17% pour l'exercice.

Box (-8%), la plateforme de gestion de contenus stockés en ligne, a publié pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice net de 13 millions de dollars, ainsi qu'un bpa ajusté de 45 cents à comparer à un consensus de 42 cents. Les revenus ont été de 276 millions de dollars (+5%), légèrement au-dessus du consensus. Le RPO (revenus différés et backlog de commandes) atteint 1,3 milliard, en croissance de 13%. Sur le trimestre entamé, le bpa ajusté est attendu à 41 cents pour des revenus voisins de 279 millions de dollars (+6%). Le bpa ajusté annuel est anticipé à 1,70$, pour 1,09 milliard de dollars de revenus.

Hormel Foods (-1%), le groupe alimentaire américain connu pour ses viandes précuites, corrige à Wall Street, alors que le groupe a publié pour son quatrième trimestre fiscal un bénéfice net de 220 millions de dollars, pour un bénéfice ajusté par action de 42 cents à comparer à un consensus de 43 cents. Le groupe aux marques Spam et Dinty Moore a affiché des revenus trimestriels de 3,14 milliards de dollars, en ligne avec le consensus. Sur l'exercice clos, le bénéfice net s'est établi à 805 millions de dollars, pour des revenus totaux de plus de 11,9 milliards. Sur l'exercice entamé, le groupe envisage un bénéfice par action allant de 1,58 à 1,72$, pour des revenus allant de 11,9 à 12,2 milliards de dollars. La croissance organique est attendue entre 1 et 3%. Le bénéfice opérationnel ajusté est anticipé entre 1,18 et 1,28 milliard de dollars.

Dollar Tree, le détaillant discount américain, gagne 1% à Wall Street. Le groupe a publié au titre de son troisième trimestre fiscal un bénéfice net de 233 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 1,12$, à comparer à un consensus de marché de 1,07$. Les revenus trimestriels ont été de 7,57 milliards de dollars, également meilleurs que prévu. Sur le trimestre entamé, le groupe envisage un bpa allant de 2,10 à 2,30$, pour des revenus de 8,1 à 8,3 milliards de dollars. Sur l'exercice, le bpa est anticipé entre 5,31 et 5,51$, pour des revenus de 30,7 à 30,9 milliards de dollars.

Chewy décroche de 8% environ à Wall Street, alors que le détaillant en ligne en produits animaliers a annoncé pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice net de moins de 4 millions de dollars, pour un bpa ajusté de 20 cents à comparer à un consensus de 23 cents. Les revenus ont été de 2,88 milliards de dollars (+4,8%), légèrement supérieurs quant à eux au consensus. L'Ebitda ajusté a été de 138 millions de dollars, en hausse de 56 millions, soit un taux de marge de 4,8% en progression de 180 points de base. Le bénéfice net ajusté a été de 85 millions de dollars, 21 millions de mieux que l'an dernier. Le management souligne également la robuste génération de free cash flow.

Thor Industries, le concepteur américain de camping-cars, perd du terrain avant bourse à Wall Street suite à sa publication financière trimestrielle. Pour le premier trimestre fiscal, le groupe a essuyé une perte de 2 millions de dollars et 3 cents par titre. Le bénéfice ajusté par action a été de 26 cents, très loin du consensus des analystes de la place. Les revenus ont été de 2,14 milliards de dollars, manquant eux aussi le consensus. Thor table, pour l'exercice, sur un bpa allant de 4 à 5$, alors que les revenus sont anticipés entre 9 et 9,8 milliards de dollars.

Foot Locker, le détaillant américain en chaussures de sport, cède 3% à Wall Street. Le groupe new-yorkais a dévoilé pour son troisième trimestre une perte de 33 millions de dollars, 34 cents par titre. Le bénéfice ajusté par action a été de 33 cents contre 39 cents de consensus. Les revenus ont été de 1,96 milliard de dollars, ratant le consensus qui se situait à 2 milliards. Sur le trimestre clos en janvier, Foot Locker prévoit un bénéfice par action allant de 70 à 80 cents. Sur l'exercice, le bénéfice par action est attendu entre 1,20 et 1,30$. Le consensus était de 95 cents sur le trimestre de janvier et 1,53$ sur l'année. La guidance antérieure sur l'exercice allait de 1,50 à 1,70$.

General Motors (-1%). Le constructeur automobile de Detroit a indiqué aux actionnaires qu'il allait enregistrer deux charges sans impact sur la trésorerie, pour un total de plus de 5 milliards de dollars, liées à sa joint venture en Chine. L'une des charges concerne la restructuration des opérations (2,6 à 2,9 milliards de dollars), alors que l'autre reflète une réduction de valeur (2,7 milliards). En Chine, le groupe s'est allié à SAIC Motors pour construire ses véhicules Cadillac, Chevrolet et Buick. Le conseil d'administration de GM a estimé ces charges nécessaires au regard de la finalisation de nouveaux objectifs d'activité et de certaines actions de restructurations. La majeure partie des charges seront enregistrées au quatrième trimestre.

Eli Lilly (+2%), le laboratoire d'Indianapolis, a annoncé des résultats d'étude qui montreraient une supériorité de son traitement de l'obésité Zepbound sur celui de Novo Nordisk, Wegovy. Selon cet essai commandé par Lilly, les 751 patients testés avec Zepbound ont perdu en moyenne 20,2% de poids à 72 semaines contre 13,7% pour le groupe traité avec Wegovy.

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