Wall Street devrait poursuivre sa remontée en ce milieu de semaine, rassurée par les derniers revirements de Donald Trump sur les droits de douane contre la Chine et le changement de ton sur Jerome Powell. Les futures pointent en forte hausse au lendemain d'un gain de plus de 2% pour les trois grands indices américains. "145 % est très élevé, et ce ne sera pas si élevé que ça", a déclaré le président aux journalistes mardi en référence aux tarifs douaniers visant les importations chinoises. "Il va baisser substantiellement. Il ne sera pas nul. Il était nul auparavant (ndlr : le taux)", a ajouté le président. "Nous allons être très gentils et ils seront très gentils, et nous verrons bien ce qui se passera. Au bout du compte, il faudra qu'ils arrivent à un accord, parce que sans ça, ils ne pourront plus commercer avec les États-Unis", a également affirmé le locataire de la Maison Blanche.
Dans le même sens, le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a déclaré qu'il pensait que les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine allaient s'apaiser. Cependant, les négociations avec Pékin n'ont pas encore commencé et seront laborieuses, a indiqué le dirigeant lors d'une présentation à huis clos. S.Bessent a décrit la situation actuelle des échanges bilatéraux comme un embargo réciproque, et aucune des deux parties ne considère le statu quo comme tenable. Le dirigeant a ajouté que l'objectif de l'administration Trump n'était pas de découpler les deux plus grandes économies mondiales.
"Trump panique en raison de la chute des marchés et des rendements toujours très élevés des bons du Trésor américain ", explique à 'Bloomberg' Alicia Garcia Herrero, économiste en chef de la zone Asie-Pacifique chez Natixis. "Il a besoin d'un accord, et vite. La Chine n'a pas besoin de faire de grandes offres dans de telles circonstances".
Donald Trump a par ailleurs indiqué qu'il n'avait pas l'intention de limoger le président de la Fed malgré ses récentes attaques : "la presse s'emballe. Non, je n'ai pas l'intention de le licencier. J'aimerais le voir se montrer un peu plus actif dans sa démarche visant à réduire les taux d'intérêt".
"Si l'on est optimiste, on peut considérer que Trump recule progressivement sur la question du commerce et sur le limogeage de Powell", relève Gilles Guibout, responsable des actions européennes chez AXA IM. "Mais il a une tendance structurelle à créer de l'incertitude, et il existe désormais une réelle défiance parmi les investisseurs internationaux, et cela se ressent sur le dollar".
Preuve de la moindre nervosité des opérateurs, le Vix, le fameux indice de la peur, retombe de 7% sous les 30 points. Sur le marché obligataire, le taux du 10 ans américain recule de 5,7 pb à 4,344%.
Dans l'agenda macro du jour, les Indices préliminaires PMI manufacturier et des services d'avril (15H45) seront à suivre, ainsi que les ventes de logements neufs de mars (16H) et le Livre Beige de la Fed en soirée. Dans l'actualité des entreprises, AT&T, Boeing, Cisco Systems, Thermo Fisher Scientific ou encore Philip Morris dévoileront leurs trimestriels avant l'ouverture, tandis que IBM et Texas Instruments seront de sortie ce soir.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI prend 1,35% à 64,5$. L'once d'or retombe de 1,9% à 3.316$, après ses récents sommets ! L'indice dollar avance de 0,25 pb face à un panier de devises à 98,9 points, tandis que l'euro consolide légèrement à 1,139$. Le bitcoin bondit de plus de 6% à 94.190$.
Les valeurs
* Intel ne va pas faire dans la demi-mesure. Le géant américain des puces, qui a raté la transition vers l'intelligence artificielle, devrait dévoiler cette semaine des plans visant à réduire de plus de 20% ses effectifs, croit savoir 'Bloomberg News', citant une personne au fait du dossier. Cette initiative s'inscrirait dans le cadre d'une tentative plus large visant à optimiser la gestion de l'entreprise et à se recentrer sur une culture axée sur l'ingénierie, selon la source de l'agence. Il s'agirait de la première restructuration majeure sous la direction du nouveau DG Lip-Bu Tan, qui a pris les rênes de la société le mois dernier. Ces réductions de postes feraient suite à une initiative prise l'année dernière pour supprimer environ 15.000 emplois, une série de licenciements annoncée en août. Intel comptait 108.900 employés fin 2024, contre 124.800 l'année précédente, précise l'agence.
L'entreprise basée à Santa Clara a perdu son avance technologique et a du mal à rattraper Nvidia dans le domaine de l'intelligence artificielle. Le nouveau patron s'est engagé à se séparer des actifs d'Intel qui ne sont pas essentiels à sa mission et à créer des produits plus convaincants. La semaine dernière, l'entreprise a accepté de vendre 51% de sa division de puces programmables Altera à Silver Lake Management. L'entreprise doit publier ses résultats du premier trimestre jeudi, ce qui donnera à Tan l'occasion de présenter plus en détail sa stratégie.
* Tesla gagnait plus de 5% hier en post-séance à Wall Street malgré un plongeon des résultats au premier trimestre. Elon Musk s'est engagé à se retirer "considérablement" de son travail avec le gouvernement américain pour se concentrer sur Tesla, apaisant ainsi les inquiétudes des investisseurs qui déploraient son passage à Washington, perçu comme une distraction. Le 'bigg boss' consacrera "beaucoup plus de temps à Tesla" à partir du mois prochain, alors que son mandat à la tête du Département de l'efficacité gouvernementale sera en grande partie terminé.
Investisseurs et analystes appellent de plus en plus Musk à se recentrer sur le constructeur de voitures électriques, qui peine à supporter la chute des ventes et la hausse des coûts induite par la guerre commerciale du président Donald Trump. Le marché s'attend à une deuxième baisse annuelle consécutive des livraisons de Tesla en 2025, malgré les efforts visant à stimuler les ventes grâce aux incitations telles que la recharge gratuite et les fonctionnalités de conduite entièrement autonome. Le groupe a abandonné l'an dernier son projet de lancement d'un nouveau modèle à bas prix, préférant produire des variantes moins chères en utilisant les plateformes et les chaînes de montage existantes. Il prévoit également toujours une production en volume de son Robotaxi à partir de 2026. Concernant les droits de douane, Elon Musk a affirmé aux analystes que Tesla travaillait sur des chaînes d'approvisionnement localisées afin de faciliter la logistique et de minimiser les risques de hausse des coûts. "Nous sommes le constructeur automobile le moins touché par les droits de douane", a-t-il déclaré, soulignant toutefois qu'ils restent difficiles à gérer. "Cela nous place dans une position plus avantageuse que n'importe lequel de nos concurrents".
Sur les trois premiers mois de l'année, Tesla a vu son bénéfice net fondre de 71% avec un bpa ajusté de 27 cents contre 45 cents il y a un an et 43 cents de consensus. Les revenus ont reculé de 9,2% à 19,34 Mds$ (vs 21,37 Mds$ de consensus). La marge brute est ressortie à 16,3%, légèrement meilleure que prévu tandis que le free cash-flow a atteint 664 M$ contre 1,08 Md$ de consensus. La firme a fait savoir qu'elle modifierait ses prévisions annuelles quand elle communiquerait ses résultats du trimestre en cours. "Il est difficile de mesurer l'impact de politiques commerciales mondiales mouvantes sur les chaînes d'approvisionnement, notre structure de coûts et la demande... ", a souligné la firme qui n'envisage plus un retour à la croissance cette année.