Wall Street a accéléré jeudi, malgré les derniers chiffres de l'inflation, alors que les espoirs de paix en Ukraine ont dopé la tendance et fait refluer le pétrole. Par ailleurs, un délai potentiel avant l'entrée en vigueur des tarifs douaniers réciproques de Trump est évoqué, histoire d'étudier la situation de chaque pays au "cas par cas"... Le S&P 500 s'est avancé en attendant de 1,04% à 6.115 pts, tandis que le Dow Jones grimpe de 0,77% à 44.711 pts. Le Nasdaq bondit 1,5% à 19.945 pts, avec notamment Cisco, Tesla et Nvidia en vue... Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd 0,3% à 71,30$. L'once d'or fin avance de 1% à 2.936$. L'indice dollar cède 0,5% face à un panier de devises de référence.
Les marchés nourrissent l'espoir d'un accord de paix en Ukraine, alors que Trump s'est entretenu avec Poutine et que les deux hommes entendent ouvrir des négociations destinées à mettre un terme au conflit qui dure depuis près de trois ans désormais. Le Kremlin a confirmé un long échange téléphonique entre les deux dirigeants, et Poutine a invité Trump à Moscou, selon l'agence Tass. Le chef d'Etat ukrainien, Zelensky, a été informé des échanges et a insisté pour s'inscrire dans les négociations à venir et garantir une "paix durable". Il a ajouté que l'Ukraine n'accepterait pas d'accord conclu entre Moscou et Washington sans Kiev. Une rencontre Trump-Poutine devrait avoir lieu prochainement en Arabie Saoudite pour tenter de trouver un terrain d'entente, l'Europe étant pour le moment tenue à l'écart de ces échanges...
CNBCa par ailleurs indiqué que les tarifs douaniers réciproques que Donald Trump devait valider pourraient finalement ne débuter qu'au 1er avril. Ils n'entreraient donc pas immédiatement en vigueur, ce qui constitue un relatif soulagement pour les investisseurs. Il n'y aurait par ailleurs pas dans l'immédiat de décret exécutif au sens propre, mais un "mémorandum présidentiel". Enfin, il y aurait quelques exemptions...
Côté indicateurs économiques, l'indice américain des prix à la production du mois de janvier 2025 s'est affiché en hausse de 0,4% d'un mois sur l'autre, contre +0,3% de consensus, et en progression de 3,5% sur un an contre 3,2% de consensus de marché. Hors alimentaire et énergie cette fois, l'indice des prix à la production a augmenté de 0,3% en comparaison du mois antérieur, en ligne avec les attentes, mais il grimpe de 3,6% sur un an contre 3,3% de consensus.
Les chiffres de l'inflation des prix à la consommation aux États-Unis pour le mois de janvier, publiés mercredi, avaient déjà déçu... Ainsi, l'indice des prix à la consommation a augmenté de 0,5% d'un mois sur l'autre contre 0,3% de consensus FactSet, soit une progression de 3% sur un an contre 2,9% de consensus. Hors alimentation et énergie cette fois, l'indice des prix à la consommation progresse de 0,4% d'un mois sur l'autre et de 3,3% sur un an, contre des consensus respectifs de +0,3% et +3,1%.
Les inscriptions au chômage ont diminué davantage que prévu la semaine passée aux États-Unis. Le Département américain au Travail a annoncé, pour la semaine close au 8 février, des inscriptions au chômage au nombre de 213.000, en repli de 7.000 par rapport au niveau révisé de la semaine antérieure. Le consensus était positionné à 217.000.
Les anticipations de baisse de taux cette année sont un peu retombées dans ce contexte... Selon l'outil CME FedWatch, il y a environ 39% de probabilité que la Fed ne réduise ses taux qu'une fois, de 25 points de base, d'ici la fin de l'année. Il est même possible que la banque centrale américaine opte pour un statu quo toute l'année (24% de 'proba'). La probabilité attribuée à un assouplissement de 50 points de base (deux baisses d'un quart de point) cette année n'est plus que de 26% environ. J. Powell qui a livré hier et avant-hier son discours semi-annuel de politique monétaire, devant le Comité du Sénat pour la Banque, l'Immobilier et les Affaires urbaines d'abord, puis devant la Chambre des Représentants, a indiqué que la banque centrale américaine "n'était pas pressée de modifier ses taux". La Fed avait rappelons-le maintenu ses taux inchangés le 29 janvier, à l'issue de sa dernière réunion monétaire, entre 4,25 et 4,50%. Hier, devant le Comité des Services Financiers de la Chambre des Représentants, le patron de la Fed a ajouté que les derniers chiffres de l'inflation montraient que la banque centrale avait encore plus de travail à faire...
Les valeurs
Cisco s'adjuge 2%. Le géant des équipements de réseaux a affiché des résultats trimestriels meilleurs que prévu et des perspectives jugées solides, aidé par le développement accéléré de l'Intelligence Artificielle. Pour le deuxième trimestre fiscal, le groupe a réalisé des revenus de 14 milliards de dollars en augmentation de 9%, légèrement au-dessus du consensus, pour un bénéfice par action de 94 cents à comparer à un consensus de 91 cents. Les "revenus différés", qui signalent l'activité future, totalisent 27,8 milliards de dollars, soit une progression de 8% en comparaison de l'an dernier. Alors que les entreprises américaines accroissent leurs dépenses en infrastructure pour tirer profit de l'IA, Cisco affiche une guidance solide, tablant sur des revenus allant de 13,9 à 14,1 milliards de dollars pour le trimestre entamé, se terminant en avril, ce qui dépasse les anticipations de brokers. Le bpa sur ce T3 est attendu entre 90 et 92 cents. Le groupe vise plus de 56 milliards de dollars de revenus annuels (56-56,5 milliards), soit une révision en hausse des objectifs. Le bénéfice ajusté annuel par action est anticipé entre 3,68 et 3,74$, contre 3,60 à 3,66$ auparavant.
"À mesure que l'IA devient plus répandue, nous sommes bien placés pour aider nos clients à faire évoluer leur infrastructure réseau, à augmenter leurs besoins en matière de capacité de données et à adopter la meilleure sécurité de l'IA", a déclaré le DG du groupe, Chuck Robbins. Cerise sur le gâteau, le conseil d'administration de Cisco a approuvé un renforcement de 15 milliards de dollars de son programme de rachat d'actions, portant le total à 17 milliards de dollars.
Tesla rebondit de 5,7%, alors qu'Elon Musk aurait indiqué qu'il pourrait retirer son offre de 97,4 milliards de dollars pour l'acquisition de l'entité à but non lucratif contrôlant OpenAI, la startup à l'origine du robot conversationnel ChatGPT, à condition que le conseil d'administration d'OpenAI mette un terme aux plans de conversion en entité lucrative. Musk serait donc prêt à abandonner si les administrateurs de la startup acceptent d'arrêter la transformation du créateur de ChatGPT. "Si le conseil d'administration d'OpenAI est prêt à préserver la mission de l'association et à stipuler que ses actifs seront retirés de la vente en arrêtant sa conversion, Musk retirera son offre", ont précisé les avocats de Musk dans un document judiciaire relayé par Yahoo! Finance... L'offre de Musk serait menée par xAI et aurait bénéficié du soutien d'un certain nombre d'investisseurs, notamment Valor Equity Partners, Baron Capital, Atreides Management, Vy Capital, 8VC de Joe Lonsdale et Ari Emanuel, via son fonds d'investissement. Les actionnaires de Tesla n'apprécient pas cette offre, craignant que cela ne détourne l'attention de Musk du constructeur texan de véhicules électriques. En outre, ils ont en mémoire l'impact initial négatif de l'acquisition de Twitter pour 44 milliards de dollars en 2022 sur le cours de bourse de Tesla. A l'époque, Musk avait saisi le prétexte pour vendre massivement des titres du constructeur afin de financer l'opération Twitter...
Reddit cède 5,3%. La plateforme de média social de San Francisco a affiché pourtant une très forte progression de 71% de ses revenus trimestriels, avec la croissance du nombre d'utilisateurs et celle des revenus publicitaires. Le bénéfice trimestriel par action a nettement dépassé les attentes, à 36 cents. Les revenus se sont établis à 428 millions de dollars contre 405 millions de consensus. Le bénéfice net a atteint 71 millions de dollars. Le nombre d'utilisateurs actifs quotidiens uniques a progressé de 39% à 101,7 millions, mais le consensus était un peu plus haut à 104 millions. Le groupe envisage, pour son premier trimestre fiscal juste entamé, des revenus allant de 360 à 370 millions de dollars, au-dessus des anticipations de brokers, pour un Ebitda ajusté allant de 80 à 90 millions de dollars.
AppLovin, le groupe californien de technologie mobile, s'envole de plus de 24% ! Pour le quatrième trimestre fiscal, le groupe a fait état d'une très forte croissance avec la progression des activités publicitaires. Le bénéfice ajusté par action est ressorti à 1,73$, contre 1,34$ de consensus et 49 cents un an avant. Les revenus ont atteint 1,37 milliard de dollars, 9% de plus que le consensus, contre 953 millions de dollars pour le trimestre comparable de l'an dernier. Le groupe envisage désormais des revenus allant de 1,355 à 1,385 milliard de dollars pour son premier trimestre fiscal 2025, contre 1,32 milliard de dollars de consensus. Le titre a été multiplié par 8 en un an, ce qui ne semble pas freiner les ardeurs de Wall Street. Le groupe, qui crée des technologies qui aident les entreprises de toutes tailles "à se connecter à leurs clients idéaux", pourrait capitaliser ce jour plus de 150 milliards de dollars.
Robinhood, le courtier en ligne discount américain bondit de 14,1%. Le groupe a plus que doublé ses revenus sur le trimestre clos, avec les transactions sur les cryptomonnaies. Les revenus dépassent ainsi le milliard de dollars, contre 941 millions de dollars de consensus Bloomberg et 471 millions de dollars un an plus tôt, alors que les revenus sur le segment 'crypto' ont atteint 358 millions de dollars, huit fois plus élevés que l'année précédente, à la même époque. Le bénéfice net trimestriel atteint 916 millions de dollars soit 1,01$ par action, avec un bénéfice fiscal différé de 369 millions de dollars. Le bénéfice ajusté par action a représenté 54 cents, contre un consensus de 42 cents seulement. "Le quatrième trimestre a été un trimestre record qui couronne une année record en 2024", a déclaré Jason Warnick, directeur financier du groupe. "Nous abordons 2025 avec une forte dynamique, alors que nous restons concentrés sur la réalisation d'une autre année de croissance rentable", ajoute le dirigeant.
Zoetis, le laboratoire pharmaceutique américain, leader mondial en santé animale, décroche de 5,1%. Le groupe a affiché pour son quatrième trimestre fiscal un bénéfice net de 581 millions de dollars, pour un bénéfice ajusté par action de 1,40$ à comparer à un consensus de 1,37$. Les revenus ont été de 2,32 milliards de dollars, dépassant de peu le consensus. Sur l'exercice, le bénéfice net a atteint 2,5 milliards de dollars, alors que le chiffre d'affaires est ressorti à 9,3 milliards de dollars. Le groupe table sur un bénéfice ajusté par action allant de 6 à 6,10$ sur l'exercice entamé, alors que les revenus sont anticipés entre 9,225 et 9,375 milliards de dollars. Une guidance moins élevée que prévu, puisque le consensus était logé à 6,30$ de bpa ajusté et 9,6 milliards de revenus.
Equinix (-1,3%), le groupe californien acteur des services de centres de données a annoncé pour le trimestre clos fin décembre des revenus de 2,26 milliards de dollars, ainsi qu'un FFO ajusté (fonds des opérations) par action de 7,92$, légèrement inférieur au consensus de marché. Le groupe anticipe pour son premier trimestre fiscal des revenus allant de 2,19 à 2,23 milliards de dollars, également moins élevés que prévu. Les revenus annuels sont anticipés entre 9,03 et 9,13 milliards de dollars, contre un consensus de 9,4 milliards de dollars et un chiffre d'affaires 2024 de 8,7 milliards de dollars.
Williams Companies (+4,8%), le groupe énergétique américain a annoncé pour son quatrième trimestre fiscal un bénéfice net de 485 millions de dollars et un bénéfice ajusté par action de 47 cents, à comparer à un consensus de 45 cents. Les revenus ont totalisé quant à eux 2,74 milliards de dollars. Sur l'exercice, Williams a dégagé un bénéfice net de 2,2 milliards de dollars pour des revenus de 10,5 milliards de dollars. Le bénéfice par action de l'exercice entamé est attendu entre 1,94 et 2,18$. Ainsi, le groupe affiche un exercice record et relève ses prévisions 2025 d'Ebitda ajusté, entre 7,45 et 7,85 milliards de dollars.
Duke Energy (-2%), le groupe énergétique américain actif dans la distribution d'électricité a annoncé pour son quatrième trimestre fiscal un bénéfice net de 1,2 milliard de dollars et un bénéfice ajusté par action de 1,66$, à comparer à un consensus de 1,61$. Les revenus ont atteint 7,36 milliards de dollars, assez proches des attentes. Sur l'exercice, le bénéfice net a représenté 4,5 milliards de dollars pour 30,4 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Le groupe prévoit un bénéfice par action allant de 6,17 à 6,42$ sur l'exercice entamé, guidance entourant le consensus. Le groupe rehausse par ailleurs ses plans de capex à cinq ans, sur fond de demande accrue des centres de données et de l'industrie. Les plans à cinq ans de dépenses de capitaux représentent désormais 83 milliards de dollars, 14% de plus qu'auparavant.
Deere (-2,1%), le géant américain des engins agricoles a annoncé pour son premier trimestre fiscal un bénéfice net de 869 millions de dollars soit 3,19$ par action, contre 1,75 milliard de dollars pour la période correspondante de l'an dernier. Les ventes mondiales ont chuté de 30% à 8,51 milliards de dollars. Deere table sur un bénéfice net part du groupe allant de 5 à 5,5 milliards de dollars pour l'exercice 2025. "La performance de Deere au premier trimestre met en évidence notre concentration continue sur l'optimisation des niveaux de stocks d'équipements neufs et d'occasion dans un contexte de conditions de marché incertaines auxquelles nos clients sont confrontés", a déclaré John C. May, PDG.
Moody's (+4,3%) a annoncé ce jeudi des revenus trimestriels légèrement inférieurs aux attentes à 1,67 milliard de dollars, mais un bénéfice ajusté par action de 2,62$ quant à lui au-dessus des prévisions. Le consensus était de 2,58$ de bénéfice ajusté par action pour 1,71 milliard de dollars de revenus. "Moody's a réalisé une bonne fin au quatrième trimestre, couronnant une année de réalisations incroyables avec une croissance du chiffre d'affaires de 20% pour l'ensemble de l'année", a déclaré Rob Fauber, DG de Moody's. Le groupe anticipe pour l'exercice 2025 un bénéfice ajusté par action allant de 14 à 14,50$, contre 13,6$ de consensus...