La cote américaine accélère à l'approche des sommets ce vendredi, malgré l'entrée en vigueur des nouveaux droits de douane et certains signaux de ralentissement économique outre-Atlantique, en particulier sur le marché de l'emploi. Le regain d'optimisme sur les marchés provient surtout des anticipations de baisse des taux, alors que Trump a nommé à titre provisoire un nouveau partisan de la souplesse monétaire au board de la Fed. Le S&P 500 prend désormais 0,66% à 6.382 pts, le Dow Jones 0,43% à 44.159 pts et le Nasdaq 0,77% à 21.405 pts. Alors que les nouveaux tarifs douaniers de Trump viennent bouleverser le paysage commercial, le président américain a également annoncé cette semaine des droits de douane de 100% sur les semi-conducteurs dont seraient cependant exemptés tous les grands acteurs américains du secteur ayant consenti d'importants investissements domestiques et le géant taïwanais TSMC.
Cette dernière annonce avait été effectuée mercredi soir en marge d'une conférence de presse à la Maison Blanche durant laquelle Trump et Tim Cook, patron d'Apple, ont dévoilé un nouvel engagement d'investissement de 100 milliards de dollars du groupe à la pomme aux États-Unis - portant à 600 milliards son engagement total. "La bonne nouvelle pour les entreprises comme Apple, c'est que si vous construisez aux États-Unis, ou si vous vous êtes engagés à construire, sans aucun doute, aux États-Unis, il n'y aura aucun frais", avait déclaré Trump. Nvidia et Taiwan Semi (TSMC) seraient notamment épargnés, alors que le géant taïwanais dispose d'usines aux États-Unis et que son client américain Nvidia s'est lui engagé à investir des milliards de dollars sur le marché américain - 500 milliards sur quatre ans pour des infrastructures liées à l'IA avec TSMC, Foxconn, Wistron et bien d'autres... Les annonces de mercredi ont aussi relancé le titre Apple en bourse, alors que ce dernier peinait malgré des trimestriels marqués par une croissance plus forte que prévu.
Quoi qu'il en soit, de nouveaux droits de douane réciproques sont désormais en vigueur, suite à la récente décision exécutive de la Maison Blanche qui impose aux importateurs de payer entre 10 et 50% de tarifs douaniers dans les prochains mois pour l'importation aux États-Unis de divers produits. Des dizaines de pays, dont des partenaires commerciaux majeurs comme l'Union européenne, la Corée du Sud et le Japon, sont désormais soumis à un nouveau taux de 15%. L'addition est encore plus lourde pour le Brésil, qui a vu des droits de douane de 50% entrer en vigueur, et l'Inde, confrontée à des droits de douane de 25% qui pourraient doubler dans trois semaines en raison de sa consommation de pétrole russe. Une consommation qui complique aussi les négociations commerciales sino-américaines...
Notons que l'Inde aurait suspendu plusieurs projets d'achat d'armes américaines tout en se disant disposée à réduire ses importations de pétrole russe pour parvenir à un accord commercial avec Washington, selon trois sources indiennes de Reuters. La Chine, elle, estime ses importations justifiées. "Il est légitime et légal pour la Chine de mener une coopération économique, commerciale et énergétique normale avec tous les pays du monde, y compris la Russie", a déclaré vendredi le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué transmis à Bloomberg. "Nous continuerons d'adopter des mesures de sécurité énergétique raisonnables, conformément à nos intérêts nationaux".
Le secrétaire américain au Commerce Howard Lutnick s'attend à ce que les États-Unis récupèrent 50 milliards de dollars par mois de recettes douanières avec cette entrée en vigueur des nouveaux tarifs douaniers. "Et puis, il y aura les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques, et toutes sortes d'argent supplémentaire provenant des droits de douane", a insisté Lutnick sur Fox Business. Il a aussi jugé possible de repousser encore la date limite du 12 août pour un accord tarifaire avec la Chine. "Je pense que nous allons laisser le soin à l'équipe commerciale et au président de prendre ces décisions, mais il semble probable qu'ils parviennent à un accord et prolongent l'accord de 90 jours de plus".
Parmi les points positifs soutenant malgré tout Wall Street, la probabilité d'un assouplissement monétaire d'un quart de point en septembre est remontée très significativement depuis une semaine et les chiffres décevants de l'emploi, à 89% désormais selon l'outil CME FedWatch. L'ISM des services annoncé cette semaine a aussi accentué les craintes de ralentissement. Trump n'a pourtant pas du tout apprécié les révisions du rapport sur l'emploi, jugeant ce rapport truqué et demandant l'éviction de la responsable, Erika McEntarfer du Département au Travail.
Le président américain Donald Trump a annoncé hier son intention de nommer le président du Comité des conseillers économiques de la Maison blanche, Stephen Miran, en tant que gouverneur de la banque centrale américaine, pour occuper le siège laissé vacant par Adriana Kugler durant les derniers mois de son mandat. La Maison blanche cherche néanmoins toujours un remplaçant permanent à ce poste, suite à la démission inattendue de Kugler annoncée plus tôt ce mois. Il s'agit donc comme attendu d'une solution provisoire. L'agence Reuters rappelle que Miran avait appelé par le passé à une refonte complète de la gouvernance de la Fed. Le mandat de Kugler expirait fin janvier 2026. La nomination de Miran doit encore être validée par le Sénat.
Trump étudie par ailleurs ses options pour remplacer Jerome Powell, le patron de la Fed, dont le mandat s'achève le 15 mai. Le gouverneur de la Fed Christopher Waller apparaît comme le candidat idéal pour occuper le poste de président de la banque centrale parmi les conseillers du président, expliquait hier Bloomberg. Kevin Warsh, ancien responsable de la Fed, et Kevin Hassett, actuel directeur du Conseil économique national de Trump, resteraient également en lice.
"J'ai le grand honneur d'annoncer que j'ai choisi le Dr Stephen Miran, actuel président du Comité des conseillers économiques, pour occuper le siège récemment vacant au Conseil de la Réserve fédérale jusqu'au 31 janvier 2026", a déclaré Trump dans un message publié sur Truth Social. "En attendant, nous poursuivrons nos recherches pour un remplaçant permanent", a ajouté le président. "Stephen est titulaire d'un doctorat en économie de l'Université Harvard et a servi avec distinction sous ma première administration. Il est à mes côtés depuis le début de mon deuxième mandat et son expertise du monde économique est inégalée. Il accomplira un travail remarquable. Félicitations, Stephen !" Miran a été conseiller en politique économique au département du Trésor sous le mandat de Steven Mnuchin dans la première administration Trump. Il était également stratège senior chez Hudson Bay Capital Management. Il est considéré comme l'un des auteurs de la politique tarifaire de Trump...
Sur le front géopolitique, l'émissaire spécial américain Steve Witkoff s'est rendu à Moscou cette semaine. Donald Trump a évoqué des échanges très productifs et serait disposé à rencontrer Vladimir Poutine, alors que l'ultimatum du président américain à son homologue russe pour mettre un terme au conflit en Ukraine expire... aujourd'hui, exposant la Russie à des sanctions. Le New York Times croit savoir que le président américain espèrerait ensuite une réunion avec Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Les préparatifs du sommet entre Trump et Poutine ont déjà commencé, a annoncé le conseiller diplomatique du président russe, prévoyant un sommet bilatéral dans les prochains jours. La Russie n'a en revanche pas répondu à l'idée américaine d'une rencontre à trois entre Donald Trump, Vladimir Poutine et le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd encore 0,4% à 63,6$. L'once d'or fin consolide de 0,3% à 3.387$. L'indice dollar cède 0,2% face à un panier de devises. Le bitcoin évolue autour des 116.000$, alors que Trump a signé un décret qui permettrait aux actifs alternatifs comme les crypto-monnaies et le private equity d'entrer dans les comptes de retraite de millions d'Américains.
Les valeurs
Gilead Sciences (+8,5%), le spécialiste américain du développement, de la fabrication et de la commercialisation de produits thérapeutiques, gagne du terrain à Wall Street. Pour son deuxième trimestre fiscal, le groupe a réalisé un bénéfice ajusté par action de 2,01$, à comparer à un consensus de 1,95$ et à un niveau de 2,01$ un an avant. Les revenus ont totalisé 7,08 milliards de dollars, également meilleurs que prévu, contre 6,95 milliards de dollars sur la période correspondante, l'an dernier. Le bénéfice net trimestriel atteint près de 2 milliards de dollars. Le groupe californien actif dans les traitements du VIH et de l'hépatite C envisage désormais un bénéfice annuel par action allant de 7,95 à 8,25$.
Motorola Solutions (+1,3%), le fournisseur de technologies consacrées à la sûreté et à la sécurité des personnes, a annoncé au titre de son deuxième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 3,57$, au-dessus du consensus des analystes, pour des revenus de 2,77 milliards de dollars également meilleurs que prévu et un bénéfice net de 513 millions de dollars. Ainsi, les revenus ont progressé de 5% en glissement annuel, tandis que le bénéfice par action s'est apprécié de 10%. Le groupe a livré là un trimestre record et relève dans la foulée ses estimations annuelles, bénéficiant d'une forte demande. Les revenus annuels sont attendus voisins de 11,65 milliards de dollars, ce qui traduirait une croissance d'environ 8%, alors que le bpa ajusté est anticipé entre 14,88 et 14,98$.
Take-Two Interactive Software (-2,4%), l'éditeur américain de jeux vidéo, a publié pour son premier trimestre fiscal un net bookings de 1,42 milliard de dollars en croissance de 17% et supérieur aux attentes, ainsi que des revenus GAAP de 1,5 milliard de dollars également en progression à deux chiffres. La perte nette GAAP ressort à 12 millions de dollars, 7 cents par titre. Strauss Zelnick, PDG de Take-Two, ajoute : "Nos excellents résultats du premier trimestre reflètent la demande continue pour nos franchises principales et la diversification et le succès croissants de notre activité. Nous relevons nos prévisions de réservations nettes pour l'exercice 2026 à 6,05-6,15 milliards de dollars, grâce à notre excellent début d'exercice. À l'approche du lancement du pipeline le plus ambitieux de l'histoire de notre entreprise, nous sommes extrêmement confiants dans nos perspectives pluriannuelles et dans notre capacité à générer des rendements significatifs pour nos actionnaires". 'Grand Theft Auto VI' est par ailleurs confirmé pour le 26 mai 2026.
Pinterest (-7,5%) plonge à Wall Street. Le réseau social de partage de photographies et d'images a raté en effet le consensus de profit pour son deuxième trimestre. Sur ce trimestre clos en juin, le groupe a affiché des revenus de 998 millions de dollars en croissance de 17%, pour un bpa de 33 cents, tandis que le consensus se situait à 975 millions de revenus pour 34 cents de bénéfice par action. Parmi les autres métriques, le nombre d'utilisateurs actifs mensuels a atteint les 578 millions, au-dessus des attentes, alors que l'ARPU s'est affiché lui aussi meilleur que prévu à 1,74$. Certains brokers notent par ailleurs des recettes publicitaires en Amérique du Nord impactée par la politique tarifaire de Trump. La croissance des revenus US et canadiens n'a ainsi été "que" de 11%. Pour son troisième trimestre, le groupe anticipe des revenus allant de 1,033 à 1,053 milliard de dollars, pour un Ebitda ajusté allant de 282 à 302 millions.
The Trade Desk, le groupe américain spécialiste des produits et services de marketing programmatique, s'effondre de 38,5% à Wall Street. Le DG de l'affaire, Jeff Green, a prévenu en effet de l'impact lié à l'incertitude autour des droits de douane de Trump, qui ferait pression sur les dépenses des grandes marques. Le deuxième trimestre a été pourtant solide avec un chiffre d'affaires en hausse de 19% sur un an, atteignant 694 millions de dollars, pour un bénéfice net de 90 millions de dollars soit 18 cents par titre. Le bpa ajusté a atteint 41 cents contre 39 cents un an avant. L'Ebitda ajusté s'est élevé à 271 millions de dollars contre 242 millions pour la période comparable de l'an dernier.
Block (+0,1%), le groupe de services de paiement de Jack Dorsey, a rehaussé ses estimations de profits hier soir en marge de sa publication trimestrielle. Pour le trimestre clos d'abord, le groupe a réalisé des revenus de 6,05 milliards de dollars, en léger repli en glissement annuel, pour un bénéfice ajusté de 385 millions soit 62 cents par titre, à comparer aux 47 cents par titre de l'an dernier. Le bénéfice opérationnel ajusté a progressé à 550 millions de dollars, soit 22% de marge. Cash App a affiché au T2 une augmentation de sa marge brute de 16% à 1,5 milliard de dollars. Square, qui fournit des solutions de paiement aux PME, a réalisé une croissance de 11% du profit brut à 1,03 milliard. Enfin, les "revenus bitcoin" ont décliné à 2,14 milliards contre 2,61 milliards de dollars un an avant. La fintech, qui vient d'intégrer le S&P 500, table maintenant sur une marge brute de 10,17 milliards de dollars pour 2025. Elle se situait à 2,54 milliards de dollars au deuxième trimestre, en hausse de 14%. Le bénéfice opérationnel ajusté 2025 est attendu à 2,03 milliards de dollars.
Monster Beverage (+7,5%) a annoncé pour son deuxième trimestre un chiffre d'affaires trimestriel record dépassant les 2 milliards de dollars pour la première fois, en hausse de 11,1% à 2,11 milliards de dollars. Le résultat d'exploitation progresse de 19,8% pour atteindre 631,6 millions de dollars. Le bénéfice net par action diluée grimpe de 21% à 50 cents, tandis que le bpa ajusté s'apprécie de 23% à 52 cents. Hilton H. Schlosberg, DG, a déclaré : "Nous avons réalisé un chiffre d'affaires record au deuxième trimestre, dépassant pour la première fois la barre des 2 milliards de dollars, ce qui témoigne de la force de nos marques, du talent de nos équipes et de l'attrait continu de nos produits dans le monde entier. Cette performance trimestrielle reflète également le succès de nos innovations produits, qui rencontrent un vif succès auprès des consommateurs. La pénétration accrue des boissons énergisantes dans les foyers et la consommation par habitant restent des tendances positives pour cette catégorie".
Expedia (+4,5%) a relevé en effet ses estimations en termes de réservations brutes et s'affiche confiant concernant la demande, en particulier américaine, observant une reprise depuis le début du mois de juillet. Ainsi, Expedia table désormais sur une progression de 3 à 5% des réservations brutes 2025. Pour son deuxième trimestre, le groupe a réalisé des réservations brutes de 30,4 milliards de dollars en augmentation de 5%, des revenus en croissance de 6% à 3,79 milliards de dollars et un bénéfice net part du groupe de 330 millions de dollars. L'Ebitda ajusté trimestriel a augmenté de 16% à 908 millions. Le bénéfice net ajusté s'est apprécié de 16% à 546 millions, tandis que le bénéfice ajusté par action a grimpé de 21% à 4,24$. Le free cash flow a atteint 921 millions de dollars.
Meta (+0,5%), la maison-mère de Facebook, aurait sélectionné Pacific Investment Management Co. (Pimco) et Blue Owl Capital Inc. pour mener un financement de 29 milliards de dollars destiné à l'expansion de son centre de données en Louisiane rurale, croit savoir Bloomberg, citant des sources proches du dossier. Pimco devrait mener une partie du financement par emprunt de 26 milliards de dollars, tandis que Blue Owl fournirait 3 milliards de dollars en capitaux propres, ont indiqué les sources de Bloomberg, qui ont requis l'anonymat car les discussions sont privées. La partie dette sera probablement émise sous la forme d'obligations de qualité investissement adossées aux actifs du centre de données, ont ajouté ces sources.
Intel (+0,1%). Lip-Bu Tan, le DG d'Intel dans le collimateur de Donald Trump, a déclaré bénéficier du soutien total du conseil d'administration du géant des processeurs, répondant ainsi aux attaques du président américain qui en appelle tout simplement à sa démission pour conflit d'intérêts. Tan a contacté la Maison Blanche afin de clarifier ce qu'il a qualifié de désinformation concernant son passé. "Je partage pleinement l'engagement du président à promouvoir la sécurité nationale et économique des États-Unis", a indiqué le CEO. "Nous collaborons avec l'administration pour traiter les questions soulevées et nous assurer qu'elle dispose des faits", a ajouté le patron d'Intel. "De nombreuses informations erronées ont circulé concernant mes anciens postes chez Walden International et Cadence Design Systems", a aussi expliqué Tan, qui indique avoir, en 40 ans dans le secteur, "noué des relations dans le monde entier et au sein de notre écosystème diversifié". Il souligne qu'il a "toujours exercé ses activités dans le respect des normes juridiques et éthiques les plus strictes".
Tesla (+3,6%) aurait dissous son équipe du supercalculateur Dojo, dont le dirigeant quitterait par ailleurs l'entreprise, selon des sources de Bloomberg proches du dossier. Cela compromettrait ainsi les efforts du constructeur texan de VE pour développer un supercalculateur interne destiné au développement de la technologie des véhicules autonomes. Peter Bannon, qui dirigeait Dojo, quitterait donc Tesla, et Elon Musk aurait ordonné l'abandon du projet, selon les sources de Bloomberg ayant requis l'anonymat. L'équipe aurait récemment perdu une vingtaine de salariés au profit de la firme DensityAI nouvellement créée, et les employés restants de Dojo seraient réaffectés à d'autres projets de centres de données et de calcul au sein de Tesla, ont indiqué par ailleurs les sources de Bloomberg.
Tesla prévoit de renforcer sa dépendance à des partenaires technologiques externes, notamment Nvidia (+1%) et AMD (+0,7%) pour le calcul, et Samsung Electronics pour la fabrication de puces, selon les sources. La décision de Musk marque selon Bloomberg "un tournant majeur pour un programme en préparation depuis des années, Dojo étant autrefois au coeur des efforts de plusieurs milliards de dollars déployés par Tesla pour prendre de l'avance dans la course à l'intelligence artificielle". Dojo est un supercalculateur conçu par Tesla, dont la vocation était d'entraîner les modèles d'apprentissage automatique des systèmes Autopilot et Full Self-Driving du constructeur de VE, ainsi que de son robot humanoïde Optimus. Il repose sur une puce interne personnalisée, appelée D1.