Le constructeur français de bus et autocars à hydrogène Safra, en redressement judiciaire, connaîtra mardi le nom de son repreneur: un groupe chinois ou une holding française, sur fond de débat sur la notion de souveraineté industrielle.
Le tribunal de commerce d'Albi doit communiquer sa décision dans l'après-midi.
L'offre de reprise du groupe chinois Wanrun tenait la corde la semaine dernière, avec une offre de reprise de 120 des 169 salariés de cette entreprise basée à Albi et spécialisée dans la rénovation de bus ou tramway, avant de se lancer dans la motorisation à hydrogène en 2019.
La société chinoise, plus connue dans le milieu des batteries et des panneaux solaires, a également mis 7 millions d'euros sur la table et promis des investissements pour prendre le contrôle de la Société albigeoise de fabrication et réparation automobile (Safra), créée en 1955 et placée en redressement judiciaire le 4 février.
Seule entreprise française à fabriquer des autocars et bus à hydrogène, Safra est un acteur important de la filière hydrogène.
Echaudés par les reprises d'entreprises en difficulté par des firmes chinoises, les politiques locaux de tous bords et la CGT plaident pour un candidat français, au nom de la "souveraineté" et de la "cohérence du projet industriel".
Le groupe Thierry Torti Holding (TTH, 385 salariés), plus axé sur la rénovation de trains, a revu vendredi son offre à la hausse, proposant de reprendre 90 employés sur le site d'Albi et 40 dans son usine de Clermont-Ferrand.
Son directeur général Thierry Cezar brandit un carnet de commande de 450 millions d'euros, une garantie selon lui pour l'avenir de Safra. Fort d'un "marché porteur de la rénovation ferroviaire et d'autobus", son business plan prévoit d'atteindre "200 salariés à Albi en 2029".
Une troisième offre émanant d'une société belge, CBM, a été écartée, selon une source proche du dossier.
Interrogés, les salariés penchent pour TTH. La secrétaire départementale de la CGT, Laure Malleviale, veut éviter un "pillage technologique".
Le député centriste de la circonscription Philippe Bonnecarrère "partage l'analyse de la majorité des salariés et de la CGT". "Je veux espérer qu'une offre industrielle française, sérieuse, peut-être plus modeste au départ, mais plus solide sur le long terme, sera préférée à l'offre chinoise", a-t-il ajouté.
"Avant de se lancer dans l'hydrogène, (Safra) fonctionnait très bien, mais n'avait pas l'envergure suffisante pour se lancer dans cette aventure", selon une source proche du dossier.
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