"C'est la mort du transport médical": des centaines de chauffeurs de taxi perturbent lundi la circulation autour de Lyon et Toulon, pour protester contre une convention en cours de négociation avec l'Assurance maladie incluant une tarification à la baisse du transport de malades.
Feux de détresse allumés, quelque 150 véhicules stationnaient déjà avant l'aube, en files indiennes, sur un échangeur à l'ouest de Lyon, sans pour autant bloquer totalement la circulation. "Taxis en grève", "taxi médical en danger", pouvait-on lire sur certains.
Nicolas Galliot, 43 ans, a fait la route depuis Clermont-Ferrand. À la tête d'une société de taxis, le transport médical représente 60 à 70% de son chiffre d'affaires. "Mais pour les taxis de campagne, ça peut monter jusqu'à 100%", a-t-il précisé.
Si cette convention est adoptée, "ce sera au détriment de mes salariés, de la valeur de nos licences, mais surtout des patients", affirme-t-il.
Afin de réaliser 300 millions d'euros d'économies sur les transports sanitaires, le gouvernement Barnier souhaite contraindre taxis et transporteurs sanitaires à négocier des mesures avec l'Assurance maladie, sous peine de baisses tarifaires imposées.
De plus, un décret d'application du budget de la sécu pour 2024 prévoit qu'un patient ne puisse plus refuser, sauf exception, un transport sanitaire partagé, sous peine de devoir avancer les frais et de n'être remboursé que sur la base du transport partagé. Les patients devront aussi être pris en charge en moins de 45 minutes, et par secteur géographique avec une limite kilométrique de détour par patient.
"Non seulement on va attendre très longtemps pour remplir la voiture, on va faire des tournées qui n'en finiront pas, mais aussi on va détériorer le service qu'on a mis en place depuis des années avec les patients", explique à l'AFP Abdel Green, président de la Fédération des taxis indépendants du Rhône (FTI69).
- Bivouac -
Venus du Puy-de-Dôme, de l'Isère, la Drôme, la Loire ou encore la Haute-Loire, les chauffeurs de taxis ont notamment bloqué plusieurs voies de l'A7, de l'A43 et de l'A46, provoquant plusieurs dizaines de kilomètres d'embouteillages ou de ralentissements à l'entrée de l'agglomération lyonnaise.
Au coeur de la ville, devant l'hôpital Edouard Herriot, ils étaient une trentaine à stationner et à distribuer des tracts vers 07H00, tout en se réchauffant autour d'un café.
En transport médical, "l'approche n'est pas la même qu'avec un client qu'on récupère à la gare", souligne Mohammed, 36 ans, assis dans son véhicule à l'arrêt et dont près de 90% de son travail est du transport médical.
"Pour la plupart des patients, pendant le trajet, c'est une sorte de libération. Ils ne se sentent pas malades quand ils sont dans le véhicule. Ça leur permet d'oublier. Ils nous racontent leurs soucis, nous leur racontons les nôtres", illustre-t-il.
"Et avec la nouvelle convention, ils n'auront plus le choix du transporteur", renchérit le chauffeur lyonnais.
Concrètement: "C'est la mort pour nous", résume à côté de lui son confrère Adil, 42 ans et dix ans de métier. "Si ça doit durer un mois, ça durera un mois. On est prêts même à monter jusqu'à Paris", prévient-il.
Les taxis mobilisés dans l'agglomération de Lyon doivent converger au fil de la journée vers le centre-ville pour se retrouver à partir de 18H00 Place Bellecour, où ils comptent bivouaquer durant la nuit.
Quelques perturbations en Provence-Alpes-Côte d'Azur ont aussi été constatées dans la matinée, notamment autour de Toulon.
Plusieurs entrées dans le centre-ville ont été perturbées, occasionnant quelques kilomètres de bouchons, et le tunnel de Toulon a été fermé, a indiqué Vinci à l'AFP.
Plusieurs cortèges sont également partis des alentours de Marseille pour converger au péage de Lançon-de-Provence dans les Bouches-du-Rhône.
"Ces réformes ne fragilisent pas seulement notre métier, elles affaiblissent également tout le système de santé", regrette le Syndicat "Taxis en route 13" des Bouches-du-Rhône dans un communiqué.
"Avec la nouvelle convention, on va vers la précarité et la perte de 40.000 entreprises artisanales", ajoute auprès de l'AFP Leïla Ghorzi, sa présidente.
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