Un petit coup de pouce bienvenu ? La décision de Donald Trump d'imposer des droits de douane de 25% sur les importations d'automobiles aux Etats-Unis, nouvelle étape dans la guerre commerciale déclenchée par le président américain, pourrait favoriser un seul acteur : Tesla, le groupe d'Elon Musk. Le constructeur de véhicules électriques possède en effet de grandes usines en Californie et au Texas qui produisent toutes les voitures qu'il vend aux États-Unis, ce qui le protège davantage des nouvelles taxes imposées par D.Trump sur les importations automobiles et leurs composants clés. Ses principaux concurrents seront eux bientôt confrontés à une forte hausse de leurs coûts.
Les droits de douane de 25% appliqués au secteur automobile pourraient faire grimper le prix d'une voiture de plusieurs milliers de dollars, entraînant une baisse des ventes des véhicules neufs et des licenciements en raison de la forte dépendance de l'industrie automobile américaine aux pièces importées, selon le centre pour la recherche automobile (CAR). "Il y a aura très peu de gagnants", explique à 'Bloomberg' Sam Fiorani chez AutoForecast Solutions,. "Les consommateurs seront perdants, car ils auront un choix réduit et des prix plus élevés". Tesla est le constructeur le moins exposé aux nouvelles taxes en raison de ses activités de production nationales, note Garrett Nelson, analyste chez CFRA Research. Tesla, elle-même, s'est vantée cette semaine de ses références américaines, affirmant dans un message sur 'X' que ses modèles "sont les voitures les plus fabriquées aux États-Unis".
Elon Musk a malgré tout affirmé que Tesla ne s'en sortira pas totalement indemne. Dans une publication sur 'X' publiée mercredi, le milliardaire a décrit les droits de douane comme ayant un impact "significatif" sur l'entreprise. Il a ajouté que les droits de douane auraient un effet "non négligeable" sur les prix des pièces automobiles importées utilisées par Tesla. Selon un rapport de 2024 de la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), entre 60% et 75% des composants utilisés par Tesla sont fabriqués aux États-Unis, selon le modèle, la majorité des pièces restantes provenant du Mexique. Cependant, la valeur des pièces importées étant incertaine, l'impact financier sur Tesla est inconnu, relève 'Bloomberg'.
Evidemment, Donald Trump a lui insisté sur l'absence de conflit d'intérêts malgré le rôle important du directeur général de Tesla au sein de son administration. "Il ne m'a jamais demandé la moindre faveur en affaires", a déclaré le président lors d'un événement au Bureau ovale mercredi, en signant la proclamation instaurant les droits de douane sur les véhicules importés.
À partir du 3 avril, les nouveaux droits de douane de 25% s'appliqueront à tous les véhicules de tourisme et camions légers importés, ainsi qu'aux pièces essentielles comme les moteurs, les transmissions et les composants électriques, en plus des tarifs déjà en vigueur. Ces taxes ne s'appliqueront qu'à la part non américaine des véhicules et pièces importés dans le cadre d'un accord de libre-échange avec le Canada et le Mexique
Si Ford Motor pourrait également être moins touché que certains de ses concurrents, environ 80% des voitures vendues aux États-Unis étant fabriquées localement, les sociétés étrangères fortement dépendantes des véhicules importés seront les plus exposées. Le Sud-coréen Hyundai risque d'être parmi les plus touchés. Bien que le constructeur automobile et sa filiale Kia possèdent des usines en Alabama et en Géorgie - et aient annoncé cette semaine un plan d'expansion de 21 milliards de dollars-, il a importé plus d'un million de véhicules aux États-Unis l'an dernier, ce qui représente plus de la moitié de ses ventes dans le pays, selon les chiffres de 'Global Data' repris par 'Bloomberg'. Hyundai et Kia pourraient devoir payer jusqu'à 10.000 milliards de wons (7 milliards de dollars) chaque année en droits de douane si la mesure de 25% est appliquée, selon Hyuk Jin Yoon, analyste chez SK Securities Co. Cela représente près de 40% du bénéfice d'exploitation total des deux constructeurs en 2024.