Enfin ! Après des années de spéculations, Bouygues Telecom, Free-Groupe iliad et Orange se sont accordés pour faire une offre conjointe non engageante pour l'acquisition d'une grande partie des activités d'Altice France pour un montant total de 17 milliards d'euros. L'offre vise notamment la plupart des actifs de l'opérateur SFR mais exclut les participations dans les sociétés Intelcia, UltraEdge, XP Fibre, Altice Technical Services et les activités du groupe Altice dans les départements et territoires d'outre-mer.
Signe que l'opération ne sera pas un long fleuve tranquille, Altice France a informé ses salariés qu'elle avait "immédiatement rejeté" l'offre de ses trois concurrents pour SFR, selon l''Agence France-Presse'. L'agence cite un message d'Arthur Dreyfuss, PDG d'Altice France, adressé au personnel.
"Nous pensons que l'impact global sur le marché français des télécommunications sera positif car la concurrence acharnée réduit la capacité d'accélérer le déploiement du réseau 5G dans toute la France", affirme ING dans une note. La banque ajoute que le régulateur et Altice France s'accorderont probablement sur une transaction car le risque d'une deuxième restructuration financière du groupe fondé par Patrick Drahi "n'est pas une option favorable".
Le ministre français de l'Economie, Roland Lescure a déclaré à 'RTL' que le gouvernement serait extrêmement vigilant au sujet de cette offre. "Je vais être extrêmement vigilant sur cette opération (...) je vais être vigilant à deux choses, l'impact sur le prix des consommateurs et l'impact sur la qualité de service", a-t-il dit, soulignant qu'à l'heure actuelle, la France dispose des prix de téléphonie mobile et les abonnement "parmi les moins chers d'Europe".
Selon Oddo BHF, la première bonne nouvelle est que les acteurs ont trouvé un accord équilibré : Orange prévoit de reprendre 27% des actifs de SFR, Iliad 30% et Bouygues Telecom 43%. Le périmètre de l'offre est valorisé à 17 MdsE (valeur d'entreprise) mais exclut plusieurs actifs, ce qui implique une valorisation référence d'Altice France sur son périmètre actuel à 21 MdsE. Selon l'analyste, il est probable qu'Altice France voudra relever cette offre, toutefois la marge de discussion est faible sans autre acheteur. Par ailleurs, une mauvaise surprise lors de l'accès aux comptes n'est pas à exclure et en faveur des acheteurs. Le découpage des actifs impliquera quelques différences de valorisation mineures entre acheteurs car tous les actifs ne sont pas équivalents. L'accord réglementaire semble possible grâce à l'équilibre trouvé mais reste une variable inconnue et peut entrainer des ajustements. Le closing n'est pas attendu avant le S2 2027, ce qui expose l'opération aux aléas politiques (si un parti décidait de se servir de cette transaction à des fins politiques), ajoute le courtier. "Nous nous attendons à une réaction plutôt positive du marché même si toute revalorisation des actifs télécoms en France (synergies, marché moins concurrentiel) restera graduelle au regard d'un closing pas avant deux ans", soulignait le broker avant l'ouverture.