La journée de jeudi n'a fait que peu d'heureux dans les salles de marché. Ceux qui ont eu le nez fin et joué la baisse de la tech américaine peuvent se réveiller avec le sourire ce matin. Apple a par exemple chuté de 9,2% hier à New York, du jamais-vu sur une séance depuis mars 2020 pour la firme à la pomme. Plus globalement, le Nasdaq 100 a plongé de 6% jeudi, effaçant 1.400 milliards de dollars de capitalisation boursière, et portant ses pertes au cours des six dernières semaines à 16%. L'indice 'Bloomberg,' qui suit les actions des "Sept Magnifiques", a lui abandonné 6,7%.
L'annonce, mercredi soir, par Donald Trump d'importants nouveaux droits de douane sur les produits importés aux Etats-Unis a provoqué une véritable sidération et exacerbe les craintes d'une guerre commerciale totale et d'une récession économique à l'échelle mondiale. Le président américain a imposé des droits de douane de 10% sur la quasi-totalité des produits importés outre-Atlantique et des taxes encore plus importantes sur les importations en provenance de dizaines de pays, dont les principaux partenaires commerciaux de Washington.
La Chine et Taïwan, pôles mondiaux de la fabrication de puces électroniques et de haute technologie, ont ainsi été frappés de taxes douanières de respectivement 54% et 32%. Les nouveaux pays producteurs comme le Vietnam et l'Inde sont eux confrontés à des taxes d'au moins 26%. C'est un scénario désastreux pour des entreprises comme Apple, Nvidia et Broadcom, piliers américains de la technologie, qui s'approvisionnent en composants matériels et utilisent principalement une main-d'oeuvre basée en Asie du Sud-Est. "C'est vraiment le scénario catastrophe pour le secteur technologique, et je ne pense pas que nous ayons vu la fin des ventes, car elles continueront de souffrir jusqu'à ce que nous obtenions plus de clarté ou un changement de politique", affirme à 'Bloomberg' Paul Stanley, directeur des investissements chez Granite Bay Wealth Management.
Les analystes sont globalement déconcertés par la vision de Trump de rapatrier les activités de fabrication aux États-Unis, une opération extrêmement coûteuse qui prendrait des années, voire des décennies. Apple, par exemple, pourrait avoir besoin de trois ans et de 30 milliards de dollars pour transférer seulement 10% de sa chaîne d'approvisionnement de l'Asie vers les États-Unis, selon les estimations de Dan Ives, analyste chez Wedbush. Le spécialiste affirme qu'une telle décision entraînerait des " perturbations majeures " et serait vouée à l'échec, compte tenu de la forte hausse du prix des iPhones produits aux États-Unis.