Ryanair : visibilité limitée mais la demande est solide

Absent des Etats-Unis, Ryanair dépend malgré tout du contexte géopolitique mondial. La plus grande compagnie européenne à bas coûts affirme ainsi qu'il est trop tôt pour donner des prévisions pour cet...

Absent des Etats-Unis, Ryanair dépend malgré tout du contexte géopolitique mondial. La plus grande compagnie européenne à bas coûts affirme ainsi qu'il est trop tôt pour donner des prévisions pour cette année alors qu'elle n'a aucune visibilité sur le second semestre de son exercice 2026. Le groupe irlandais précise que la croissance des bénéfices dépendra de sa capacité à gérer les risques liés aux guerres tarifaires, aux conflits géopolitiques et aux chocs macroéconomiques.

Ryanair a dégagé sur l'exercice clos fin mars un bénéfice net de 1,61 milliard d'euros, en repli de 16%, mais dans la fourchette haute de la guidance fournie par la compagnie, soit entre 1,55 et 1,61 MsE. Une baisse de 7% du prix des billets a permis une hausse du trafic passagers à un peu plus de 200 millions, contre 183,7 millions en 2024. Les revenus ont progressé de 3,8% à 13,95 MdsE.

Les tarifs imposés par les États-Unis ont semé l'incertitude dans le secteur aérien, perturbant la libre circulation des avions nécessaire à la croissance et affaiblissant l'économie américaine qui alimente les voyages vers l'Europe. Néanmoins, Ryanair signale que les réservations sont solides pour la haute saison et que les prix des billets sont élevés. "Nous constatons une forte demande pour l'été 2025 sur l'ensemble de notre réseau", a déclaré le directeur général Michael O'Leary. "Même si nous prévoyons avec prudence de récupérer la majeure partie, mais pas la totalité, de la baisse de 7% des tarifs enregistrée l'année dernière, ce qui devrait se traduire par une croissance raisonnable du bénéfice net pour l'exercice 2026, il est beaucoup trop tôt pour fournir des prévisions significatives", a-t-il ajouté.

Comme d'autres compagnies aériennes, Ryanair attend l'issue des négociations commerciales entre les États-Unis et l'Union européenne, après que des responsables européens ont menacé de cibler les avions de Boeing avec des droits de douane en représailles en réponse aux taxes américaines imposées en avril. Ryanair, qui exploite une flotte entièrement Boeing et est le plus gros client du constructeur américain en Europe, pourrait annuler sa commande de 33 milliards de dollars auprès du géant américain et se fournir auprès d'un autre constructeur si les tarifs supplémentaires entraient en vigueur.

Une mauvaise nouvelle potentielle supplémentaire alors que les problèmes de fabrication chez Boeing ont déjà fortement ralenti le rythme de livraisons d'appareils. La compagnie a abaissé à deux reprises ses prévisions de croissance du nombre de passagers pour l'exercice en cours en raison des difficultés du constructeur américain. Elle visait initialement un trafic de 215 millions de passagers pour l'exercice 2026, mais a réduit cet objectif en novembre, puis à nouveau en janvier. Les prévisions s'élèvent actuellement à 206 millions.

A noter enfin que la firme a annoncé son intention de racheter 750 millions d'euros d'actions au cours des six à douze prochains mois. Signe d'une certaine confiance.