Robinhood : s'attaque au marché européen avec plusieurs nouveautés

Robinhood organisait hier son évènement mondial à Cannes afin d'annoncer son lancement dans toute l'Union européenne et donc en France. L'occasion pour Johann Kerbrat, Senior Vice President et General...

Robinhood organisait hier son évènement mondial à Cannes afin d'annoncer son lancement dans toute l'Union européenne et donc en France. L'occasion pour Johann Kerbrat, Senior Vice President et General Manager de Robinhood Crypto, de nous parler de cette société de services financiers en plein essor.

Créée il y a plus de 10 ans par Vladimir Tenev et Baiju Bhatt, l'entreprise est basée en Californie et cotée au Nasdaq où elle pèse plus de 70 milliards de dollars. Elle compte 25,9 millions d'utilisateurs, principalement aux Etats-Unis, avec 255 Mds$ d'actifs clients, explique Johann Kerbrat.

Après une incursion en Grande-Bretagne l'an passé, le groupe s'attaque désormais à l'ensemble de l'Union européenne, dernier développement en date de la firme qui croît aussi à coup d'opérations de croissance externe. "Nous avons acheté le mois dernier WonderFi au Canada, qui est l'un des principaux fournisseurs canadiens de produits et services liés aux actifs numériques", explique le dirigeant ainsi que Bitstamp, "l'une des premières plateformes d'échange de cryptomonnaies encore en activité basée au Luxembourg mais qui dispose de nombreuses licences en Europe et à Singapour".

Objet de nombreux commentaires, la réglementation qui entoure les cryptos a connu une véritable accélération en Europe avec l'adoption de MiCA (Markets in Crypto-Assets). "Il y avait effectivement un problème avant les nouvelles lois MiCA et MiFID 2, souligne Johann Kerbrat. "Avec MiCA, il n'y a désormais plus besoin de s'enregistrer dans chaque pays où chacun autorisait différents produits de manière spécifique. MiCA a créé un seul set de règles que l'on peut suivre pour l'ensemble des pays de l'UE, cela a bien simplifié les choses. L'UE est en amont sur les autres pays, y compris sur les USA, en matière de contrôle des actifs virtuels et des cryptos. Nous sommes vraiment contents de ce système car il permet de créer un marché quasi similaire aux US et attire les sociétés sur un vaste marché de 400 millions de personnes".

Face à l'avancée de l'Europe dans ce domaine, Washington a été contraint de s'attaquer à cette question : "MiCA va en effet inciter les US à faire la même chose. Il y a actuellement des discussions pour faire passer le 'clarity act' qui repose sur le même concept qu'en Europe avec une loi au niveau fédéral qui gèrerait tous les cryptos et digital assets, et non une loi par Etat comme c'est le cas aujourd'hui. Les Républicains espèrent faire passer cette loi d'ici la fin d'été mais il y aura certainement beaucoup de débats donc il faudra peut-être attendre un peu plus longtemps. Mais quoiqu'il en soit, l'Europe a sans doute aidé les US à adopter une telle loi. Il commençait à y avoir un petit exode de compagnies cryptos qui partaient en Asie ou en Europe ou le règlement était plus 'amical'", indique Johann Kerbrat.

Quid de la consommation d'énergie des cryptos souvent montrée du doigt par leurs détracteurs ? Cela peut-il freiner le développement des cryptos ? Johann Kerbrat note que "les cryptos se développent de plus en plus sur le nouveau protocole du staking, un système où les actifs sont placés dans le réseau pour pouvoir valider les transactions. Ethereum s'est par exemple converti à cela. Avec cette adoption, le problème lié à l'électricité est clairement moindre. Les cryptos permettent aussi de développer les énergies propres comme on a pu le voir aux Etats-Unis dans certains Etats. Mais, dans tous les cas, le problème de l'énergie devra être résolu à un moment donné, d'autant plus avec le développement de l'IA qui consomme encore plus que la crypto".

Le Bitcoin, la reine des cryptos, est-il indétrônable ? Selon le dirigeant, "le gros avantage du Bitcoin est qu'il est limité. Il ne peut en effet y avoir que 21 millions de Bitcoins, et beaucoup sont déjà perdus... Pionnière, la devise a été adoptée par des entreprises, des banques, des Etats... Mais le gros inconvénient du Bitcoin est qu'il n'offre pas beaucoup d'utilisations. Les stablecoins (USDC notamment) se développent ainsi beaucoup chez les entreprises mais ils sont basés sur la blockchain Ethereum".

Robinhood s'est envolé de près de 13% hier à Wall Street sur un plus haut historique. Le groupe a profité de son évènement cannois pour annoncer divers lancements dont des jetons (tokens) qui permettront à ses clients européens de négocier plus de 200 actions et ETF américains, des tokens adossés à des actions d'entreprises non cotées, ou encore des contrats à terme perpétuels avec effet de levier sur les cryptos. "Les cryptomonnaies ont été créées par des ingénieurs pour des ingénieurs et n'étaient jusqu'alors pas accessibles au grand public", a souligné Johann Kerbrat. "Nous intégrons les cryptomonnaies au monde entier en les simplifiant au maximum, avec pour objectif de réunir des outils puissants sur une plateforme intuitive".

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