Le ministre de l?Économie Éric Lombard a dit vendredi être "plutôt" partisan d'une contribution accrue des retraités à l'effort financier en faveur du système de retraites, tout en jugeant que la France n'avait "absolument pas les moyens" d'abroger la réforme de 2023 et de revenir aux 62 ans.
Pour lui, abroger la réforme de 2023, comme la CGT le souhaite, "est extrêmement coûteux et on n'en a absolument pas les moyens, donc c'est non", a-t-il dit sur RTL.
Au lendemain de la remise d'un rapport de la Cour des comptes sur le financement du système que la juridiction financière juge "préoccupant", M. Lombard a jugé "assez illogique" que le niveau de vie des retraités soit, "en moyenne, supérieur au niveau de vie des salariés".
Les retraités devraient-ils contribuer davantage à l'effort national? "Plutôt oui", a-t-il répondu.
"Rééquilibrer le niveau de vie entre les retraités et les salariés est une piste de solution qui me paraît raisonnable", a-t-il ajouté alors qu'on l'interrogeait sur la possibilité de désindexer les pensions de l'inflation, comme évoqué par la Cour des comptes.
Le ministre a néanmoins souligné que "c'était aux partenaires sociaux de se prononcer".
La ministre en charge des Comptes publics, Amélie de Montchalin s'est pour sa part réjouie sur TF1 que le diagnostic de la Cour des comptes offre désormais "une photo claire, partagée, indiscutable de la situation". Elle a toutefois rappelé, avant que les partenaires sociaux n'entrent dans le dur des discussions sur l'avenir de la réforme de 2023 le 27 février: "on ne peut pas avoir plus de déficit".
Pour la ministre du Travail et de l'Emploi Astrid Panosyan-Bouvet interrogée sur franceinfo, le retour à 62 ans "peut faire partie des discussions" mais "rien n'arrive gratuitement."
"Si effectivement des partenaires sociaux veulent se saisir de la question des 62 ans, il faut, eu égard à la trajectoire financière, qu'ils montrent comment on y arrive", a-t-elle posé.
M. Lombard a considéré par ailleurs "qu'on est à un moment de bascule historique" de la géopolitique mondiale, qui va "obliger les Européens à prendre en main leur destin".
Cela passe par "une vision européenne" de la défense, qui "va coûter plus cher", a-t-il remarqué.
Il a observé que, "si on avait le taux d'emploi de l'Allemagne, on n'aurait pas de déficit" : "il faudra sans doute travailler plus", a-t-il convenu.
Il a évoqué "un horizon de 5 à 10 ans pour réfléchir à l'évolution de notre modèle, dans le cadre d'un débat public".
Le ministre a par ailleurs assuré que la surtaxe d'impôts sur les sociétés prévue en 2025 pour les entreprises réalisant plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires ne durerait bien qu'un an: "c'est un engagement que nous avons pris", "dans un monde de concurrence", a-t-il expliqué.
M. Lombard, enfin, a qualifié "d'ânerie" l'interprétation parfois faite de propos qu'il avait tenus le 17 janvier sur BFMTV, où il expliquait que le financement par les entreprises de la transition écologique risquait d'écorner leur rentabilité, mais qu'il "fallait l'accepter", sous peine que "le dérèglement climatique tue l'économie".
"Je n'ai jamais demandé que les entreprises soient moins rentables!" s'est-il exclamé, se félicitant ensuite sur X que "les chefs d?entreprise aient les yeux plus ouverts sur les bouleversements du monde que beaucoup de commentateurs".
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