Renault : sortie de route après le départ surprise de Luca de Meo

Renault décroche de près de 7% à 40,1 euros en début de séance à Paris, plombé par l'annonce du départ surprise de Luca de Meo, à la mi-juillet. "Nous lui devons le mérite d'avoir redonné de la couleu...

Renault décroche de près de 7% à 40,1 euros en début de séance à Paris, plombé par l'annonce du départ surprise de Luca de Meo, à la mi-juillet. "Nous lui devons le mérite d'avoir redonné de la couleur, de l'énergie et des résultats exceptionnels à Renault après des années de produits et de résultats financiers médiocres", écrit Philippe Houchois, analyste chez Jefferies. "Son départ laisse Renault sans direction au moment où le groupe doit communiquer un nouveau plan stratégique et poursuivre le démantèlement de l'alliance Nissan".

Arrivé à la tête de Renault en 2020, année marquée par une perte historique, l'ancien de Volkswagen a relancé le groupe à travers une vaste offensive produit, notamment avec le retour de silhouettes iconiques comme la R5, ainsi qu'avec une politique de partenariats tous azimuts pour maintenir le constructeur dans la course à l'électrification malgré une taille et une marge de manoeuvre financière inférieure à des concurrents plus grands que lui.

Renault, détenu à 15% par l'État français, a été le seul grand constructeur automobile européen à ne pas émettre d'avertissement sur résultats en 2024, et De Meo a publié des prévisions ambitieuses pour 2025. Ces derniers mois, Renault a également bénéficié de son manque de présence aux États-Unis, où les droits de douane du président Donald Trump frappent durement des concurrents comme Stellantis, et en Chine, où les constructeurs automobiles souffrent également d'une concurrence acharnée.

Le départ de Luca de Meo ne remet pas en cause le prochain plan stratégique moyen terme du groupe au losange, a indiqué à 'Reuters' une porte-parole du groupe. Sous la direction italienne, Renault "a retrouvé des fondations saines, dispose d'une gamme de produits impressionnante et a renoué avec la croissance", a déclaré le président du constructeur, Jean-Dominique Senard.

Ce départ constitue une (mauvaise) surprise et devrait bien évidemment peser sur le cours de Bourse de Renault, d'autant plus qu'il survient seulement quelques mois après le départ du CFO Thierry Piéton (Medtronics) et celui de Gilles le Borgne (R&D, retraite), affirme Oddo BHF. Sur le plan sectoriel, il illustre, peut-être, à nouveau la difficulté pour l'automobile d'attirer et de retenir ses talents (cf. aussi les échecs présumés de Stellantis à attirer un candidat externe) face à un environnement sectoriel tendu (ruptures tech., tarifs, concurrence, règlementation, etc.), y compris sur le plan boursier comme l'illustrent les niveaux de valorisation...

Un remplacement rapide pourrait suggérer que Jean-Dominique Senard, président du Groupe et qui jouera à nouveau un rôle clé dans cette période de transition, privilégie une solution interne, souligne l'analyste. Parmi les pistes envisagées, Denis Le Vot, directeur général de Dacia entré chez Renault en 1990, semble un candidat naturel compte tenu à la fois de son parcours et de ses succès chez Dacia. Une autre piste pourrait être Josep Maria Recasens, responsable de la stratégie du constructeur depuis 2021 et, plus récemment, nommé CEO d'Ampère depuis début avril, ajoute le broker. Au-delà de ces options internes, une autre possibilité pourrait, selon le courtier, être Maxime Picat de Stellantis, qui semblait être candidat pour le poste de CEO chez ce dernier avant la nomination d'Antonia Filosa, et qui jouit d'une excellente réputation...

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