Le conflit dans l'est de la RDC risque de se transformer en guerre régionale a alerté le président du Burundi voisin samedi, près d'une semaine après l'entrée du M23 et des troupes rwandaises dans Goma, sous la menace d'une crise sanitaire.
Après avoir conquis la capitale de la province du Nord-Kivu où ils sont entrés dimanche, les combattants du groupe armé antigouvernemental et les forces de Kigali ont progressé ces derniers jours dans la province voisine du Sud-Kivu, faisant planer une possible menace sur son chef-lieu Bukavu.
"Si l'est du Congo n'a pas la paix, la région n'a pas la paix", a mis en garde le président burundais Evariste Ndayishimiye dans une vidéo postée sur sa chaîne YouTube officielle.
"Ce n'est pas le Burundi seulement, la Tanzanie, l'Ouganda, le Kenya, c'est toute la région, c'est une menace", a-t-il poursuivi avant d'ajouter que son pays n'allait pas "se laisser faire".
Dans le conflit qui ravage l'est de la RDC depuis plus de trois ans et s'est accéléré ces dernières semaines, Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller ses nombreuses richesses naturelles dans la région.
Le Rwanda nie et affirme vouloir éradiquer des groupes armés, notamment créés par d'ex-responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui menacent selon lui sa sécurité.
Dans une lettre aux dirigeants africains datée de vendredi, le chef de l'Africa CDC Jean Kaseya a mis en garde contre le risque d'épidémies.
"Si aucune mesure décisive n'est prise, ce ne seront pas seulement les balles qui feront des victimes, mais la propagation incontrôlée d'épidémies majeures et de pandémies potentielles qui viendront de cette région fragile", a alerté M. Kaseya.
Le dernier variant du virus du mpox, qui s'était rapidement propagé dans de nombreux pays à travers le monde l'an dernier, avait été détecté la première fois dans le Sud-Kivu.
Selon des journalistes de l'AFP à Goma, la ville souffre désormais de pénuries de carburant et de liquidités. Dans la cité sous son contrôle, le M23 a promis d'installer sa propre administration.
Dans le centre-ville, des marchés ont néanmoins rouvert. Des commerçants installent leurs étals, des femmes transportent des brassées de feuilles de manioc et de bananes.
- "Intégrité territoriale" -
Le M23 et les troupes rwandaises ont pris le dessus en quelques semaines sur une armée congolaise mal équipée. Les autorités congolaises recrutent à la hâte depuis vendredi des "volontaires" sans formation pour intégrer des milices pro Kinsahsa.
Le président congolais Félix Tshisekedi a promis cette semaine dans un message à la nation "une riposte vigoureuse".
Depuis la chute de Goma, le groupe armé et les soldats rwandais ont progressé dans la province voisine du Sud-Kivu vers Kavumu.
Cette localité abrite un aéroport militaire stratégique et l'armée congolaise y a établi sa principale ligne de défense, à 40 km au nord de la ville de Bukavu et son million d'habitants, selon des sources locales.
L'armée ougandaise, déjà présente dans l'est de la RDC, a annoncé vendredi qu'elle allait "renforcer ses défenses".
Au moins 700 personnes ont été tuées et 2.800 blessées lors des combats pour le contrôle de Goma entre dimanche et jeudi, a dit vendredi un porte-parole de l'ONU.
Sur le plan diplomatique, les initiatives se poursuivent pour tenter de trouver une issue à une crise. L'offensive sur Goma a suscité de nombreux appels internationaux à la fin des combats et au retrait des troupes rwandaises.
Lors d'un sommet extraordinaire de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) à Harare vendredi, les dirigeants des États membres ont affirmé leur "engagement indéfectible à continuer de soutenir la RDC dans sa quête de sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale".
Les combats ont par ailleurs aggravé une crise humanitaire chronique dans une région où, selon l'ONU, plus de 500.000 personnes ont été déplacées depuis début janvier.
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