Michelin reprend modestement 1% à 26,40 euros ce mercredi après sa chute de près de 10% hier. L'avertissement qui était redouté, est donc désormais officiel... Au regard de ses résultats financiers du 3e trimestre, qui reflètent une nouvelle détérioration de l'environnement économique par rapport aux prévisions établies en juillet, Michelin a revu à la baisse sa guidance 2025. Compte tenu d'une activité très détériorée en Amérique du Nord avec des volume des ventes en baisse de près de 10% au troisième trimestre, de l'évolution des droits de douane et de l'affaiblissement du dollar américain, le management anticipe désormais un résultat opérationnel des secteurs (ROS) à taux de change constants (2024) entre 2,6 et 3 milliards d'euros (précédemment plus de 3,4 MdsE). Le Free-Cash-Flow avant acquisitions devrait se situer entre 1,5 et 1,8 MdE (précédemment supérieur à 1,7 MdE). Le pneumaticien publiera ses ventes du 3e trimestre le 22 octobre.
Parmi les derniers avis de brokers, Citigroup a abaissé son objectif de 36 à 32 euros. Ce dernier a expliqué que l'avertissement est "plus négatif que prévu", avec l'espoir désormais que "le consensus se stabilise à des niveaux permettant une période d'apaisement des inquiétudes concernant les marges et les prévisions". Citi avait déjà réduit ses estimations pour le deuxième semestre 2025/2026 et prévoit une nouvelle révision à la baisse d'environ 12%, nécessaire pour atteindre le point médian. Le flux de trésorerie disponible est relativement protégé, ce qui pourrait potentiellement contribuer à "améliorer la confiance".
Ajustements
Bernstein a ajusté sa cible à 36 euros, contre 40 euros, tandis que JP Morgan ('neutre') a estimé que la performance commerciale du deuxième semestre est "plus faible que prévu", avec un volume de ventes en baisse de près de 10% au troisième trimestre. La faiblesse des marchés finaux n'est pas une surprise, mais pas à cette échelle, et le point médian des nouvelles prévisions est inférieur de plus de 10% aux attentes actuelles du marché pour 2025. Cela pourrait entraîner une baisse similaire du consensus pour 2026.
Morgan Stanley ('surpondérer') note que la baisse des prévisions s'explique principalement par une " forte faiblesse " en Amérique du Nord, entraînée par un fort repli de la demande des constructeurs poids lourds et agricoles, la faiblesse des marchés de remplacement des poids lourds et du 'B2C'. L'ampleur du déficit en Amérique du Nord et les obstacles tarifaires soulignent la fragilité du cycle poids lourd. Ce n'est peut-être pas le dernier avertissement pour le secteur des pneumatiques, les marges devant rester sous pression...
Visibilité trop faible
Enfin, longtemps positif sur le titre - y compris après le récent pre-close - dans l'attente d'un rebond des résultats, Oddo BHF doit constater que la visibilité est désormais trop faible pour soutenir une thèse d'investissement positive à court terme. Cet avertissement semble, ainsi, être celui de trop, tant sur le fond que sur la forme. Sur le fond, si l'environnement sectoriel est indéniablement complexe, une telle alerte à ce stade de l'année interroge sur la visibilité du management et sur la réalité du profil " défensif " revendiqué par Michelin, souligne l'analyste. Sur la forme, un pre-close call organisé sans les éléments financiers du mois de septembre (le mois le plus important du trimestre) et l'absence de conférence téléphonique hier soir (aucune communication avant le 22/10) posent également question. Le courtier dégrade donc le titre à 'neutre', estimant que cet avertissement, au-delà de la révision des estimations et de l'objectif de cours de 36 à 30 euros (basé sur des multiples), fragilise le statut qualité et défensif du titre, et pourrait exercer une pression supplémentaire sur les multiples, face à une politique de retour à l'actionnaire moins favorable (baisse possible du dividende) et en l'absence d'éléments tangibles venant étayer la perspective d'un rebond en 2026 à court terme. Celui-ci resterait de toute façon bien en deçà des objectifs annoncés il y a moins de 18 mois...
Barclays reste lui à 'souspondérer' sur le pneumaticien avec une cible ramenée à 26 euros, tandis que la Deutsche Bank est toujours à acheter, mais avec un objectif abaissé de 37 à 31 euros, alors que Jefferies reste aussi acheteur avec un objectif qui passe de 43 à 38 euros.