LA TENDANCE
Le rouge teinte tous les principaux indices boursiers de la planète ce jeudi et le CAC40 plonge de 2,4% à 7.670 points en milieu de journée, ramenant sa progression de 2025 à environ 4%. Post clôture à New York, Donald Trump a présenté hier des tableaux détaillant les nouveaux droits de douanes appliqués à chaque pays, tout en annonçant qu'il imposerait des taxes d'au moins 10% sur toutes les importations qui arrivent aux Etats-Unis, de quoi intensifier la guerre commerciale qu'il mène depuis son retour à la Maison blanche en janvier dernier. Les indicateurs de pré-séance n'épargnent pas Wall Street où la baisse est attendue autour de 3% ce jeudi sur le S&P 500 ou le Nasdaq.
Il faut dire que certains droits de douane n'étaient pas anticipés sur de tels niveaux, par exemple les 34% sur la Chine. Outre un droit de douane plancher supplémentaire de 10% sur toutes les importations, les économies asiatiques sont particulièrement touchées par des majorations ciblant certains pays : surtaxes à 24% pour le Japon, 26% pour l'Inde, 25% pour la Corée du Sud, 36% pour la Thaïlande, 32% pour Taïwan, et même 46% pour le Vietnam. A Tokyo, le Nikkei a terminé sur une chute de -2,98%.
Pour la zone Euro ce sera 20% de droits de douane... Et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a déclaré tôt ce matin : "Nous sommes prêts ! Nous finalisons déjà les contre-mesures et nous préparons d'autres contre-mesures pour répondre, si les négociations échouent." En France, une réunion est prévue à l'Elysée à 16h autour d'Emmanuel Macron. Les professionnels des filières concernées par la hausse des droits douanes sont attendus à ce rendez-vous.
VALEURS EN HAUSSE
Orange gagne plus de 2% à 12,28 euros en bénéficiant de son statut défensif, n'étant pas concerné par les droits de douanes américains.
Danone s'adjuge aussi 2,3% à 72 euros. Malgré le fait que Danone réalise près d'un quart de son chiffre d'affaires en Amérique du Nord, les produits concernés sont moins sensibles aux hausses se prix avec une croissance tirée l'an dernier par les gammes hyper protéinées, les produits liés au café, les eaux ou la nutrition médicale.
Le compartiment automobile européen qui avait déjà subi les foudres de Donald Trump la semaine dernière avec des droits de douane de 25% sur les importations de véhicules aux Etats-Unis (et les pièces détachées) est plutôt épargné aujourd'hui. Stellantis se stabilise ainsi autour de 10,2 euros.
VALEURS EN BAISSE
Sur le CAC40, EssilorLuxottica, Legrand ou Schneider font partie des multinationales les plus sanctionnées faces aux droits de douanes avec des baisses de 5 à 7%.
Le luxe n'est pas épargné et pèse lourd dans la baisse du CAC40 : Hermès, LVMH et Kering reculent de plus de 3%.
Dans le marasme ambiant, Pernod Ricard et Remy Cointreau résistent plutôt bien séance avec des actions qui évoluent en légère baisse. Si les Etats-Unis imposeront des droits de douane de 20% sur les importations en provenance de l'Union européenne, les fabricants de spiritueux européens tels que Diageo, Pernod et Rémy Cointreau auront probablement le temps de répercuter cette hausse des tarifs douaniers, les grossistes ayant constitué des stocks depuis l'élection de Donald Trump, notent les équipes de 'Bloomberg Intelligence'. Par ailleurs, le président américain avait brandi une menace de 200% sur les alcools européens. La sanction est donc moindre que redoutée par les spécialistes. Il n'en reste pas moins que selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), les ventes de vins et spiritueux français devraient chuter d'au moins 20% aux Etats-Unis après la mise en place de ces droits de douane dits "réciproques". Le risque de représailles de l'UE et du Royaume-Uni pourrait par ailleurs continuer de peser sur le secteur.
Valeo perd encore 2 % à 8,2 euros. Parmi les derniers avis de brokers, HSBC reste à 'conserver' avec un cours cible ajusté de 10,50 à 9,50 euros. JP Morgan s'attend de son côté à ce que les constructeurs automobiles allemands et Stellantis présentent des plans plus précis dans les prochains jours pour localiser une production supplémentaire aux États-Unis. Ils pourraient aussi annoncer les hausses de prix nécessaires pour compenser partiellement l'impact de ces droits de douane. La banque voit des valeurs refuges au sein de sa couverture sectorielle, telles que Renault, Iveco, Michelin et Volvo.
BNP Paribas perd encore près de 4% à 74,8 euros. Le titre corrige un récent parcours très positif et reste pénalisé par une information de la veille en provenance des 'Echos' : la Belgique pourrait en effet céder ses actions BNP Paribas. A la recherche d'argent frais pour financer un nouveau fonds de défense, le gouvernement belge pourrait être tenté de vendre les 5,6% qu'il détient via la SFPIM, la holding publique belge. Une participation héritée du sauvetage de Fortis en 2009... Selon 'Les Echos', une telle opération priverait néanmoins " la Belgique de la récurrence d'un juteux dividende ".