Lombard Odier reste neutre à l'égard du secteur financier européen

(AOF) - Lombard Odier relève que les banques européennes sont en passe de surperformer le marché boursier européen pour la quatrième année consécutive. Pour Claudia von Türk, analyste recherche action...


(AOF) - Lombard Odier relève que les banques européennes sont en passe de surperformer le marché boursier européen pour la quatrième année consécutive. Pour Claudia von Türk, analyste recherche actions senior, secteur bancaire, la question désormais est de savoir si les banques européennes pourront supporter un environnement de taux d’intérêt plus bas.

La banque privée prévient que la baisse des revenus d'intérêts est susceptible d'engendrer une dynamique moins favorable des bénéfices par action (BPA), un moteur essentiel de l'évolution du cours des titres bancaires et, pour certaines banques, pourrait même conduire à des révisions à la baisse des BPA.

"Particulièrement concernées sont les banques sensibles aux taux d'intérêt, telles que les banques italiennes, espagnoles ou suédoises", précise la spécialiste. Elle donne l'exemple de l'Espagne où les hypothèques sont généralement établies sur la base de l'Euribor à 12 mois, l'indice de référence du marché monétaire libellé en euros. Au fil du temps, une pression sur les marges nettes d'intérêt pourrait s'ensuivre.

Les banques bénéficiant d'une réévaluation des actifs immobilisés à des taux plus élevés, ou qui ont mis en place des couvertures (comme en France et au Royaume-Uni), devraient , selon elle, mieux résister.

Lombard Odier reconnaît que la baisse des taux pourrait favoriser la croissance des prêts, largement absente ces dernières années. Or, explique Claudia von Türk, le rebond des prêts pourrait contribuer à compenser une partie de la pression sur les marges nettes d'intérêt. Selon elle, les revenus autres que les intérêts tendent également à bénéficier de la baisse des taux et de nombreuses banques ont renforcé ces activités, tout en s'efforçant de réduire leur sensibilité aux taux d'intérêt.

La banque privée note que le cycle de révisions haussières des bénéfices semble avoir pris fin, avec même un risque de révisions à la baisse. "Tant que les taux d'intérêt ne refluent pas sous la barre des 2%, la rentabilité devrait toutefois s'avérer plutôt résiliente", souligne-t-il. Elle prévoit une stabilisation du rendement sur capitaux propres tangibles des banques cotées en bourse autour de 11% ou 12% en 2025-26, par rapport à leur niveau actuel d'environ 13%. Cela devrait soutenir la génération de fonds propres, ainsi que le rendement du capital, qui reste l'un des principaux attraits du secteur pour les investisseurs.



Lombard Odier se méfie des F&A transfrontalières


Claudia von Türk souligne que le ralentissement de la dynamique bénéficiaire pourrait cependant conduire les dirigeants des banques à rechercher d'autres sources de bénéfices. Une situation qui pourrait se traduire par une augmentation des activités de fusion et d'acquisition (F&A). Et qui pourrait être à l'origine d'une récente offre publique d'achat hostile en Espagne, ou de l'acquisition par une banque italienne d'une participation dans une banque allemande.

Dans les deux cas, explique la spécialiste des synergies de coûts existent, car ces opérations peuvent être considérées comme des transactions sur le marché national (la banque italienne possédant également une banque allemande). Les synergies y sont ainsi plus élevées.

Elle anticipe davantage d'opérations de ce type, et peut-être à davantage d'opérations intra-marché. La banque privée se méfie par contre en général des F&A transfrontalières, car la création de valeur peut s'avérer ardue. Les investisseurs ne devraient donc pas tabler sur une vague de transactions transfrontalières.

Pour Lombard Odier, les mesures prises par les banques pour réduire un peu leur sensibilité aux taux d'intérêt devraient permettre de stabiliser le rendement sur capitaux propres tangibles à des niveaux supérieurs aux niveaux historiques et, ainsi, de soutenir le rendement du capital. De l'ordre de 7%, les rendements des dividendes sont jugés "particulièrement intéressants pour les investisseurs en quête de revenus". Le secteur est également considéré "comme bon marché, se négociant à un multiple cours sur bénéfices d'environ sept fois les estimations pour 2025, toujours inférieur à sa moyenne historique de huit fois les bénéfices". Le coût des capitaux propres demeure par ailleurs élevé en Europe, en raison des inquiétudes macroéconomiques et politiques.

"Pour que le mouvement haussier se poursuive, le marché a besoin d'être rassuré sur ces points – et d'avoir la confirmation que les bénéfices résisteront. Ce qui pourrait se produire grâce aux couvertures, à la revalorisation de certains actifs figurant au bilan, aux revenus provenant des frais et de la banque d'investissement", détaille Claudia von Türk. Cette dernière privilégie les banques exposées à ces tendances et qui restituent du capital.

Pour l'heure, Lombard Odier conserve une opinion neutre à l'égard du secteur financier européen et de ses établissements bancaires. Elle préfère le profil risque/rendement disponible ailleurs, notamment dans le secteur des matériaux pour son exposition à des entreprises cycliques de haute qualité, et dans le secteur de l'énergie pour ses rendements totaux attractifs.

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