La Chambre américaine des représentants doit se prononcer mardi sur un texte budgétaire provisoire pour l'année 2025 qui permettrait à l'administration Trump d'éviter une paralysie de l'Etat fédéral, le fameux "shutdown", avant la date limite de vendredi soir.
Le vote est attendu en fin d'après-midi à Washington et une issue favorable ouvrirait la voie à l'adoption du texte au Sénat dans les jours suivants.
Au vu de leur courte majorité, les républicains de la Chambre des représentants savent qu'ils sont sur le fil du rasoir, mais leur chef, Mike Johnson, a affiché son optimisme mardi. "Nous aurons les voix" nécessaires pour faire passer le texte, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse mardi.
"On peut le faire de notre propre côté", sans l'aide des voix démocrates, a-t-il assuré, tout en appelant les démocrates à être "responsables" et à voter en faveur de la proposition des républicains.
Mais le chef de la minorité démocrate à la chambre basse, Hakeem Jeffries, a assuré qu'aucun élu de son camp ne voterait mardi en faveur de ce texte, qualifié d'attaque "sur les anciens combattants les séniors, et les familles", en raison de coupes prévues dans certaines dépenses publiques.
"Inacceptable", a jugé Hakeem Jeffries.
- "Pas de dissidence" -
Face au risque de voir quelques républicains voter contre et faire échouer le texte dès la première étape, Mike Johnson s'affaire en coulisses depuis plusieurs jours, et peut compter sur l'appui de Donald Trump.
Le président a appelé au cours du week-end les élus républicains à voter en faveur du texte, et leur a lancé comme un avertissement: "PAS DE DISSIDENCE".
Avec des indices boursiers en chute et des craintes grandissantes de récession, Donald Trump fait face aux premiers vents contraires de son second mandat en matière économique. Et il sait qu'une paralysie de l'Etat fédéral n'arrangerait rien.
Le Congrès a jusqu'à minuit dans la nuit de vendredi à samedi pour adopter un budget temporaire.
Sans quoi, des centaines de milliers de fonctionnaires se trouveront au chômage technique, sans paie. Le trafic aérien sera perturbé, comme le versement de certaines d'aides alimentaires aux familles à bas revenus, entre autres conséquences.
Une situation à risque que Donald Trump souhaite éviter un mois et demi seulement après son retour à la Maison Blanche.
Le républicain se souvient sûrement que lors de son premier mandat, un litige avec les démocrates sur le financement de la construction de son mur à la frontière avec le Mexique avait provoqué une paralysie partielle de l'Etat fédéral pendant 35 jours.
- Coupes claires -
Face à la perspective d'un nouveau "shutdown", républicains et démocrates se rejettent la faute.
"Les démocrates détestent tellement ce que le président Trump soutient et ce que le peuple américain soutient, qu'ils sont prêts à paralyser notre gouvernement", a déclaré l'élue républicaine Lisa McClain lors d'une conférence de presse.
La démocrate Rosa DeLauro a dénoncé de son côté un texte qui "fera mal aux Américains travaillant dur", notamment sur la question du logement.
"Ce chèque en blanc au milliardaire non élu Elon Musk échoue à faire baisser les coûts pour se loger, et à la place, coupe plus de 700 millions de dollars de subventions pour les loyers des Américains à bas revenus et travailleurs", a déclaré l'élue dans un communiqué.
Car le risque de paralysie budgétaire arrive sur fond de coupes claires dans les dépenses publiques américaines, menées sous l'égide d'Elon Musk.
L'homme le plus riche du monde, patron notamment de Tesla et SpaceX, est devenu lors de la campagne de 2024 un allié et important soutien financier de Donald Trump.
A la tête d'une commission à l'efficacité gouvernementale (Doge), Elon Musk s'est lancé dans le démantèlement de plusieurs agences gouvernementales, qu'il accuse de fraude et de gestion dispendieuse, et le limogeage de dizaines de milliers de fonctionnaires.
Avant le vote mardi, les démocrates ont présenté leur propre version d'un texte budgétaire qui garderait le même niveau de dépenses publiques et repousserait à avril, plutôt que septembre comme le souhaitent les républicains, la date limite pour l'adoption d'un budget plein pour l'année 2025.
© 2025 AFP