(AOF) - Les investisseurs accueillent fraichement la présentation du plan stratégique à horizon 2026 de Société Générale (-9,33% à 24 euros), dont l’action occupe la dernière place de l’indice CAC 40. Le Directeur général Slawomir Krupa, qui entend faire de Société Générale une banque « européenne de premier plan, robuste et durable », cible notamment une rentabilité des fonds propres tangibles (ROTE) comprise entre 9 % et 10 % en 2026 contre 8,9% l'année dernière. Cette prévision est une déception sachant que Société Générale visait auparavant 10% en 2025 et que le consensus 2026 s’élève à 10,2%.
KBW note également que cette prévision de rentabilité est inférieure à l'objectif de 12% de ses pairs.
La stratégie présentée ce matin repose sur une simplification du portefeuille d'activités, une meilleure allocation du capital et une amélioration de l'efficacité opérationnelle.
Pour améliorer sa rentabilité, Société Générale compte principalement sur une amélioration de son efficacité. La croissance annuelle des revenus n'est en effet attendue qu'entre 0 % et 2 % en moyenne sur 2022-2026, en comparaison avec un consensus de 2,7%. Jefferies note cependant qu'il n'est pas clair si cette prévision intègre ou non des modifications du périmètre.
Le groupe table sur un coefficient d'exploitation inférieur à 60% en 2026 avec une amélioration progressive à partir de 2024. Il s'élevait à 66,3% en 2022. Ce recul sera notamment permis par 1,7 milliard de réduction des coûts sur la durée du plan.
Ces économies seront effectuées à travers la mise en oeuvre des plans déjà annoncés, notamment la fusion des réseaux France et les synergies de coûts liées à l'intégration de LeasePlan, ainsi que l'amélioration de l'efficience IT, pour 0,6 milliard, et la simplification de l'organisation.
Un portefeuille d'activités simplifié
La simplification du portefeuille d'activités sera réalisée sur la base des critères suivants : cohérence avec l'exigence ESG du groupe, contribution à la rentabilité du groupe, synergies significatives au sein du groupe, exposition limitée aux risques extrêmes et positions de premier plan sur des marchés attractifs.
Aucune information n'a été communiquée sur la cession d'actifs jugés non stratégiques, autre élément de déception aux yeux des analystes. Des rumeurs de presse sur la cession de sa filiale de conservation de titres et de ses activités en Afrique avaient circulé en amont de la présentation de ce plan.
Le coût du risque est, lui, anticipé entre 25 et 30 points de base des encours de crédits, à comparer avec un consensus de 30.
Boursorama vise au moins 8 millions de clients en 2026 et un bénéfice de plus de 300 millions d'euros à cet horizon. La banque en ligne " va continuer à accélérer l'acquisition de nouveaux clients ". Boursorama devrait cependant enregistrer des pertes de 2023 à 2025 : - 150 millions d'euros de résultat brut d'exploitation. Celles-ci inquiètent KBW tandis que Jefferies note que l'objectif de génération de profits par Boursorama a encore été repoussé.
S'agissant de la Banque de Grande Clientèle et Solutions Investisseurs, Société Générale cible un coefficient d'exploitation inférieur à 65 % en 2026, sur la base d'une croissance annuelle des revenus comprise entre 1 % et 2 % en moyenne sur les activités de Financement et Conseil (entre 2022 et 2026) et une fourchette de revenus comprise entre 4,9 et 5,5 milliards d'euros sur les Activités de marché.
Jefferies se dit déçu par le relèvement de l'absence de croissance des revenus, l'augmentation de l'objectif de ratio de fonds propres durs, mais aussi par l'absence de détails.
L'entreprise vise une croissance organique des encours pondérés par les risques du groupe (RWA) limitée à moins de 1 % par an en moyenne entre 2024 et 2026, avec une allocation de capital plus stricte, Boursorama et ALD étant les seuls bénéficiaires d'un supplément de capital organique.
Pour le groupe bancaire, l'objectif est de porter les fonds propres à un niveau cible de ratio de fonds propres durs (CET 1) de 13 % en 2026 sous Bâle IV. Il table au minimum sur un coussin de 200 points de base au-dessus des exigences réglementaires. Ce ratio s'élevait à 13,1% à la fin du premier semestre 2023.
Le groupe prévoit une politique de distribution basée sur un taux de distribution compris entre 40 % et 50 % du résultat net publié à partir de 2023, avec une distribution répartie de manière équilibrée à compter de 2024 entre le versement d'un dividende en numéraire et le rachat d'actions. Une distribution du capital excédentaire sera envisagée une fois l'objectif de CET 1 atteint.
Dans le cadre du renforcement de ses actions ESG, Société Générale va réduire de 80 % son exposition au secteur de la production de pétrole et de gaz d'ici 2030 relativement à 2019. La banque va en outre lancer un fonds d'investissement pour la transition de 1 milliard d'euros.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Banque née en 1864, l’un des 1ers groupes européens de services financiers ;
- Produit net bancaire de 28,1 Mds€ réalisé par la banque de détail en France –marques Société générale et Boursorama, la banque de détail à l’international, les services financiers, le financement des mobilités et l’assurance puis la banque de grande clientèle et solutions investisseurs ;
- Modèle d'affaires revendiquant l'avant-garde des transformations positives : une banque 100 % digitalisée, des plateformes et architectures ouvertes, un gagnant dans la course au leadership européen ;
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Capital caractérisé par la présence des actionnaires salariés (7,93% et 13,2 % des droits de vote), avec un conseil de 18 administrateurs présidé par Lorenzo Bini Smaghi, la direction générale étant assurée par Frédéric Oudéa jusqu’au 23 mai 2023 puis par Slawomir Krupa ;
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Bilan solide avec, à fin mars, un ratio CET 1 de 13,5 % % et un ratio de couverture des liquidités de 171 %, d’où une dette notée A.
Enjeux
- Stratégie en cours de révision pour le 3ème trimestre :
- 3 priorités dont l’exécution des projets en cours : création de la nouvelle banque de détail SG en France, développement de Boursorama, projet d’acquisition de LeasePlan par ALD, projet de joint-venture avec AllianceBernstein et déploiement de la stratégie ESG,
- Stratégie d'innovation ancrée dans l'ADN du groupe, axée vers l’émergence d’une banque data driven via l’intelligence artificielle :
- 200 M€ de création de valeur annuelle via les données et l’IA,
- 8/10èmes des serveurs dans le cloud (objectifs 2025 de cloud « seconde génération », dont 50 % en cloud privé et 25 % en cloud public,
- nouveaux modèles d’affaires -Shine pour les clients particuliers, Forge pour les obligations digitales, reezocar pour la location de véhicules, Treezor, plateforme de paiements et monnaies digitales, Arquant pour les cryptomonnaies… ;
- accélérateur de start-up P&T BAX ;
- Stratégie environnementale 2025 ambitionnant de devenir n° 1 mondial de la finance durable avec 2 axes :
- projet « ESG by Design » d’intégration des critères dans tous les métiers,
- engagement dans la transition durable : financements portés à 300 M€ réduction de 20 % de l’exposition globale à l’extraction du pétrole&gaz vs 2019, sortie complète du charbon thermique d’ici 2030-40 ;
- Avancées stratégiques : lancement de la nouvelle banque de détail en France issue de la fusion des réseaux Société Générale, forte croissance de Boursorama (4,7 millions de clients), positions mondiales dans la mobilité (achat LeasePlan par ALD et, dans les métiers actions, joint-venture avec Bernstein.
Défis
- Actif net par action de 62,3 €, à comparer au cours de Bourse ;
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Suivi des indicateurs d’activité -coefficient d’exploitation, de 60,6 %, et coût du risque de 13 points à fin mars ;
- Après un repli de 3,8 % des revenus et un résultat net en hausse de 5,7% à fin mars, objectif 2023 : coefficient d’exploitation proche de 66 à 68 % et coût du risque inférieur à 30 points ;
- Dividende 2022 de 1,7 € et programme d’actions de 44O M€.
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En dépit des turbulences, les fintech gardent le cap
D'après le BCG, mi-2021, l'ensemble des fintech cotées dans le monde étaient valorisées en moyenne vingt fois leurs revenus, soit une valorisation d'environ 1.300 milliards de dollars. Ce chiffre avait été multiplié par plus de quatre en trois ans. Fin 2022, ce multiple était divisé par cinq, avec des valorisations moyennes limitées à quatre fois les revenus. Néanmoins, le BCG considère que le secteur devrait enregistrer un bond de sa croissance d'ici à 2030, avec une multiplication par six des revenus pour les fintech. Après les paiements, le développement devrait surtout provenir des fintech bancaires, avec l'essor services clé en mains pour les entreprises et les professionnels (" banking-as-a-service ").
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