L'Argentine va modifier son régime de change, liant le peso à l'inflation qui décélère

L'Argentine a annoncé lundi une modification de son régime de change, qui verra en 2026 le flottement de sa monnaie, le peso, s'ajuster en fonction de l'inflation, un pas salué par les autorités monét...

L'Argentine a annoncé lundi une modification de son régime de change, qui verra en 2026 le flottement de sa monnaie, le peso, s'ajuster en fonction de l'inflation, un pas salué par les autorités monétaires comme le résultat de "conditions favorables", et de prévisions d'inflation toujours en décélération.

La Banque centrale (BCRA) a indiqué dans un communiqué qu'à partir de janvier, "le plafond et le plancher de la bande de flottement du taux de change évolueront chaque mois au rythme correspondant au dernier chiffre d'inflation mensuelle".

Celle-ci était de 2,5% sur le mois de novembre, et constamment en-dessous de 3% mensuels depuis huit mois.

La mesure représente, selon la BCRA, "une nouvelle phase de la politique monétaire", par rapport au régime de change semi-flottant du peso, mis en place en avril par le gouvernement de l'ultralibéral Javier Milei.

A l'époque, dans la foulée d'un prêt massif (20 milliards de dollars) du Fonds monétaire international, le gouvernement argentin avait annoncé une levée partielle du contrôle des changes, et un flottement semi-libre du peso, dans une bande vouée à s'élargir (de 1% par mois) au fil du temps.

Tant que le peso restait dans cette marge, la Banque centrale s'interdisait d'intervenir.

A mi-décembre, cette bande se situait entre 921 et 1.518 pesos pour un dollar. Et le peso, que les marchés financiers considèrent de longue date comme surévalué, flirtait depuis régulièrement avec le plafond, se négociant ainsi lundi à 1.465 pesos pour un dollar.

Javier Milei, partisan d'un libre flottement du peso, justifiait l'existence d'une de ces bandes "pour poser une limite à la volatilité".

L'annonce de la Banque centrale signale une confiance du gouvernement dans sa maîtrise de l'inflation, qui a décéléré de façon spectaculaire en deux ans de présidence Milei, de 160,9% sur douze mois au moment de son accession au pouvoir, en décembre 2023, à 31,4% actuellement.

Cette décélération s'est faite au prix d'une drastique austérité budgétaire, de coupes dans les dépenses publiques, qui a vu le pays traverser une récession en 2024 (-1,8%) et la perte de plus de 200.000 emplois. Le gouvernement mise en 2025 sur une croissance de 5%.

La semaine dernière, lors de l'annonce de l'indice de hausse des prix de novembre, le gouvernement a salué l'inflation accumulée sur onze mois, à 27,9%, comme "la plus faible depuis 2017".

- Le FMI satisfait -

La BCRA considère dans son communiqué lundi que "les anticipations d'inflation restent fermement ancrées, vers une trajectoire de désinflation continue à l'avenir".

Elle salue la "stabilisation macroéconomique" consolidée en 2024, et la "confirmation de la solidité du programme économique face à l'incertitude politique engendrée par les élections de mi?mandat" en octobre.

Ces législatives avaient été précédées de fortes turbulences financières, et de pression sur le peso argentin, les marchés financiers s'inquiétant d'un éventuel abandon de la rigueur budgétaire en cas de revers pour Javier Milei.

Au final, il a remporté un succès large et inattendu (40% des voix) qui renforce son poids au Parlement, et le conforte dans ses projets de réformes de dérégulation, notamment du marché du travail.

La BCRA a également annoncé qu'elle lancera en 2026 "un programme d'accumulation de réserves internationales" de change, une condition demandée avec insistance par ses bailleurs internationaux, le FMI en particulier, pour asseoir sa stabilité financière. La BCRA annonce un objectif d'achat de 10 milliards de dollars d'ici fin 2026.

Le Fonds a promptement réagi lundi, sa porte-parole Julie Kozack saluant sur X des "mesures visant à renforcer le cadre monétaire et de change, et reconstituer les réserves, et faire avancer des réformes favorables à la croissance".

L'économiste Ricardo Delgado, du cabinet Analytica, a estimé sur la chaîne de télévision TN que le régime de change était devenu obsolète, engendrant "une appréciation artificielle du peso". Mais il a surtout salué "la reconnaissance par le gouvernement de l'importance de constituer des réserves de change".

© 2025 AFP