Le discours semi-annuel de politique monétaire de Jerome Powell constitue donc l'un des éléments majeurs de la semaine, d'autant que le président de la Fed subit depuis des semaines des attaques de plus en plus dures du président Trump, pressé de voir les taux baisser. Donald Trump risque de ne pas apprécier l'intervention du jour de Powell, qui maintient le cap et juge que la banque centrale américaine a le temps de patienter pour observer les développements en matière d'économie et l'évolution des prix, avant de décider de la suite de son action. Powell qui note devant le Comité des services financiers de la Chambre des Représentants que l'inflation s'est modérée considérablement, mais ajoute qu'elle reste quelque peu élevée. Ainsi, la Fed pourrait rester en mode pause pendant encore un certain temps si l'on en croit son leader, qui ne semble pas intimidé par les attaques frontales de Trump.
La semaine dernière, la Fed a maintenu ses taux inchangés entre 4,25 et 4,50% et a prévu deux baisses d'ici fin 2025. Powell avait déclaré s'attendre à une inflation significative avec notamment les droits de douane de Trump. Il maintient donc le cap ce jour et confirme en effet que la banque centrale est bien positionnée pour attendre d'en savoir plus sur la direction de l'économie avant d'ajuster sa politique. Il souligne encore l'importance de la stabilité des prix.
Trump a déclaré plus tôt que les taux de la Fed devraient être abaissés... d'au moins deux à trois points de pourcentage. Le président américain a remis les choses au point avant avant le témoignage du président de la banque centrale américaine. "Nous devrions être au moins deux à trois points plus bas... si la situation devient négative par la suite, augmentez les taux", a indiqué Trump sur Truth Social. Jerome Powell "sera au Congrès aujourd'hui pour expliquer, entre autres, pourquoi il refuse de baisser le taux", a lancé Trump, alors que le patron de la Fed témoigne aujourd'hui et demain dans un contexte tendu et sous la menace du président américain qui n'exclut apparemment plus son éviction avant la fin de son mandat. "L'Europe a connu dix baisses, nous n'en avons eu aucune. Pas d'inflation, une économie formidable ! Nous devrions être au moins deux à trois points plus bas. Cela permettrait aux États-Unis d'économiser plus de 800 milliards de dollars par an. Quelle différence cela ferait ! Si la situation devient négative plus tard, augmentez les taux. J'espère que le Congrès va vraiment se débarrasser de cet imbécile et borné. Nous paierons son incompétence pendant de nombreuses années", a donc lancé Trump à propos de Powell...
Powell qui reprend ce jour ses propos tenus récemment à l'issue de la dernière réunion monétaire des 17-18 juin. Il note que pour l'heure, l'économie américaine progresse sur un rythme solide, et que le marché du travail demeure robuste. Au coeur des perspectives de politique monétaire se trouvent les inconnues entourant la politique tarifaire de Trump. Powell a déclaré : "Les effets des droits de douane dépendront, entre autres, de leur niveau final. Les anticipations concernant ce niveau, et donc les effets économiques qui en découlent, ont atteint un pic en avril et ont depuis diminué. Malgré cela, les augmentations de droits de douane cette année sont susceptibles de faire grimper les prix et de peser sur l'activité économique". Évoquant le double mandat, Powell a indiqué que le FOMC "déterminera l'orientation appropriée de la politique monétaire en fonction des données disponibles, de l'évolution des perspectives et de la balance des risques". Il a ajouté que "sans stabilité des prix, nous ne pouvons pas bénéficier des longues périodes de forte conjoncture sur le marché du travail, qui profitent à tous les Américains". "Pour l'instant, nous sommes bien placés pour attendre d'en savoir plus sur l'évolution probable de l'économie avant d'envisager tout ajustement de notre politique monétaire", a-t-il déclaré.