Guerre commerciale : une victoire pour la Chine ?

La décision du président chinois Xi Jinping de rester ferme face à Donald Trump n'aurait pas pu être plus bénéfique pour le dirigeant chinois, analyse à froid Bloomberg suite à "l'accord" annoncé hier...

La décision du président chinois Xi Jinping de rester ferme face à Donald Trump n'aurait pas pu être plus bénéfique pour le dirigeant chinois, analyse à froid Bloomberg suite à "l'accord" annoncé hier entre les deux superpuissances. Après deux jours de négociations en Suisse, les négociateurs commerciaux des deux plus grandes économies mondiales ont rappelons-le annoncé hier une baisse massive des droits de douane. Les États-Unis ont réduit les droits de douane sur les produits chinois de 145% à 30% pour une période de 90 jours, tandis que Pékin a abaissé ses taxes sur la plupart des biens américains à 10%.

"Cette réduction spectaculaire a dépassé les attentes en Chine et a fait grimper le dollar et les actions, offrant un soulagement bienvenu aux marchés pour Trump, qui subit des pressions alors que l'inflation semble s'accélérer dans son pays", indique Bloomberg. Les cours des actions chinoises ont également progressé. "L'accord a finalement satisfait la quasi-totalité des principales exigences de Pékin. Le tarif réciproque élevé pour la Chine, que Trump avait fixé à 34% le 2 avril, a été suspendu, laissant le principal rival des États-Unis avec le même taux de 10% que celui appliqué à tous les pays, y compris le Royaume-Uni, un allié de longue date qui a conclu un accord avec les États-Unis la semaine dernière", analyse Bloomberg.

De plus, les États-Unis ont répondu à la demande de Pékin de désigner un interlocuteur privilégié pour les négociations en mettant en place un mécanisme mené par le secrétaire au Trésor Scott Bessent. Les deux parties ont convenu de prendre des mesures énergiques pour endiguer le flux de fentanyl, ce qui pourrait selon Bloomberg conduire à terme à la suppression des droits de douane supplémentaires de 20%.

Xi aurait donc bien fait selon Bloomberg de refuser les appels répétés de Trump pour parler au président américain au téléphone, alors même que les taxes atteignaient des niveaux que la Chine qualifiait de "blague". Les responsables de Pékin ont plutôt réduit les taux d'intérêt clés et pris d'autres mesures pour renforcer l'économie chinoise, tout en envoyant des diplomates dans le monde entier pour une offensive de charme afin de sécuriser de nouveaux marchés pour les produits chinois et de dénoncer l'intimidation des États-Unis, relève encore Bloomberg, qui semble apprécier au plus haut point l'art du deal... du président chinois.

Bien que la Chine ait commencé à ressentir des difficultés économiques, Xi Jinping a bénéficié d'une vague de nationalisme dans son pays, l'incitant à éviter de céder à la coercition américaine. Trump aurait quant à lui subi selon Bloomberg une pression croissante de la part des lobbies économiques, des acteurs du marché et des membres de son parti, qui craignaient de perdre leur siège aux élections de mi-mandat de l'année prochaine.

Trump a déclaré hier qu'il pourrait s'entretenir avec Xi Jinping dès la fin de la semaine, mettant en avant une réinitialisation totale des relations avec la Chine. Il a souligné que l'accord ne comprenait pas les droits de douane sectoriels sur les voitures, l'acier, l'aluminium et potentiellement les produits pharmaceutiques. Bessent a déclaré séparément à CNBC que les États-Unis ne souhaitaient pas un découplage généralisé, mais souhaitaient protéger les produits stratégiques de première nécessité, notamment l'acier, les médicaments et les semi-conducteurs. "Nous ne cherchons pas à nuire à la Chine. Elle était déjà durement touchée. Elle fermait des usines. Elle connaissait de nombreux troubles, et elle était ravie de pouvoir faire quelque chose avec nous", a lancé Trump hier lors d'un point presse.