La croissance du PIB français a été de 0,4% au troisième trimestre, a annoncé mercredi l'Insee, grâce à l'effet des Jeux olympiques sur la consommation, une "bonne nouvelle" saluée par le gouvernement, qui devrait ainsi obtenir la croissance de 1,1% prévue en 2024.
Cette hausse trimestrielle est au même niveau que celle de la zone euro, et place la France entre l'Allemagne, +0,2% - une surprise car une entrée en récession de la première économie européenne était attendue, et l'Espagne (+0,8%), selon les chiffres publiées également mercredi.
"Soutenue par les JO de Paris", la croissance de 0,4% est "une bonne nouvelle", a estimé le ministre français de l?Économie et des Finances Antoine Armand dans une réaction transmise à l'AFP.
"Elle témoigne aussi de la solidité de notre économie, qui soutient l'emploi et le pouvoir d'achat des Français", selon le ministre. Il y voit "un acquis pour les prochains mois, qui sera conforté par le reflux de l?inflation, la baisse des taux d'intérêts et les réformes engagées par le Gouvernement".
Grâce à la consommation des ménages, la demande intérieure française a retrouvé "un peu d'allant", observe l'Institut national de la Statistique (Insee) dans cette première estimation du PIB, alors qu'elle avait été durement touchée depuis deux ans.
Portée en grande partie par "la consommation de services récréatifs dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques", la consommation des ménages - qui représente plus de la moitié du produit intérieur brut (PIB) - a augmenté de 0,5% cet été après être restée stable au deuxième trimestre, indique l'Insee.
La consommation des ménages en biens a notamment rebondi au troisième trimestre (+0,3% après -0,2% au deuxième), a annoncé l'institut mercredi.
Les JO ont nourri la croissance via les recettes de billetterie ou les ventes de droits de diffusion audiovisuelle.
Au troisième trimestre, le commerce extérieur apporte, en particulier via ces dernières, une contribution légèrement positive à la croissance (+0,1 point) car les importations se replient plus fortement (-0,7%) que les exportations (-0,5%).
- "Point noir du rapport" -
En revanche, l'investissement recule (-0,8%), en particulier celui des entreprises (-1,4%), dont les patrons ont passé l'été à redouter les conséquences de la dissolution de l'Assemblée nationale sur leur activité.
Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade, y voit surtout l'effet de conditions financières "qui restent compliquées" pour de nombreuses entreprises.
"Cette faiblesse notable est le point noir du rapport" de l'Insee, qui comporte aussi, selon M. Darmet, "quelques signaux encourageants", avec une stabilisation du marché de la construction.
Malgré la volonté du gouvernement de réduire les dépenses l'an prochain, le soutien public à l'économie "est toujours porteur", observe aussi l'économiste.
La consommation des administrations publiques augmente ainsi de 0,5%, comme au trimestre précédent, et leurs investissements de 0,5% aussi.
"L'acquis de croissance" à fin septembre, c'est-à-dire ce que sera la croissance annuelle si le PIB reste stable en fin d'année, est déjà de 1,1% - après deux premiers trimestres à +0,2% chacun - soit la prévision du gouvernement pour l'année entière.
L'Insee n'attend cependant plus d'évolution cette année, puisqu'il prévoit une croissance nulle au quatrième trimestre.
L'automne, à en juger par les enquêtes d'opinion d'octobre, semble en effet avoir commencé par un "trou d'air", qui concerne d'ailleurs l'ensemble de l'économie européenne, remarque M. Darmet.
"L'effort" budgétaire de dizaines de milliards d'euros que souhaite le gouvernement pour 2025, afin de réduire un déficit public qui atteindrait 6,1 ou 6,2% du PIB cette année, devrait se traduire par une amputation de la croissance du PIB de 0,4 à 0,5 point l'an prochain, selon M. Darmet, l'OFCE chiffrant même cet impact à 0,8 point.
Néanmoins, Allianz Trade espère encore une croissance à nouveau comprise entre 1 et 1,2% l'an prochain - le gouvernement prévoit 1,1% pour sa part - car l'économie commencerait à voir les effets des baisses de taux entamées en juin par la BCE, suite à la très nette baisse de l'inflation.
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