Quelles mesures pour freiner la fast-fashion ? Alors que la fast-fashion continue d'inonder le marché de vêtements à bas prix, le Sénat examine ce lundi une proposition de loi visant à réduire l'impact environnemental de cette industrie. Porté par la députée Horizons Anne-Cécile Violland, ce texte avait été adopté à l'unanimité par l'Assemblée nationale en mars 2024, mais fait l'objet d'une révision importante au Sénat, avec le soutien du ministère de la Transition écologique et de Bercy.
Initialement, la proposition prévoyait une interdiction totale de la publicité pour les acteurs de la fast-fashion, y compris via les influenceurs, ainsi qu'un malus écologique basé sur un score environnemental précis, pouvant atteindre 10 euros par article en 2030. Le texte imposait également une obligation d'affichage de l'impact environnemental des produits.
Cependant, lors de l'examen en commission au Sénat en mars dernier, plusieurs amendements ont modifié ces mesures. L'interdiction totale de la publicité a été supprimée, jugée risquée au regard de la liberté d'entreprendre et des contraintes constitutionnelles. A la place, il est désormais proposé d'interdire uniquement la promotion par les influenceurs pour ces produits. Par ailleurs, le malus écologique a été révisé pour s'appuyer davantage sur des critères de durabilité et de pratiques commerciales, plutôt que sur un score environnemental strict.
Des associations déçues par l'adoucissement du texte
La proposition de loi prévoit également une redéfinition plus précise de la fast-fashion, ciblant spécifiquement des acteurs comme Shein, Temu, Kiabi, H&M ou Zara, tout en excluant certaines plateformes multimarques. Ces modifications ont suscité des critiques de la part d'associations et d'entrepreneurs engagés, qui dénoncent un affaiblissement des ambitions initiales. Malgré cela, le gouvernement soutient le texte amendé et souhaite maintenir l'interdiction partielle de la publicité, notamment face aux risques d'influence de ces plateformes.
En mars dernier, Anne-Cécile Violland a expliqué en commission que la montée en puissance de la "fast fashion" avait entraîné "un emballement de l'industrie textile", qui représente à elle seule 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit plus que l'aérien et le maritime réunis. Chaque année, plus de 100 milliards de vêtements neufs sont vendus dans le monde, dont 3,3 milliards en France, soit plus de 48 pièces par habitant, selon l'Ademe, l'agence de l'environnement.
Shein, marketplace chinoise emblématique, propose en moyenne 7.200 nouveautés chaque jour, avec un catalogue permanent de près de 600.000 références, soit environ 900 fois plus qu'une marque traditionnelle française. Cette industrie contribue aussi à la pollution des sols, des eaux, et à la dispersion de microfibres plastiques.