Du jamais vu depuis 2009 sur le marché obligataire français !

La tension est forte sur le marché obligataire souverain français. Si le rendement des obligations d'Etat britanniques à 30 ans a touché ce mardi un niveau plus observé depuis 1998, son équivalent fra...

La tension est forte sur le marché obligataire souverain français. Si le rendement des obligations d'Etat britanniques à 30 ans a touché ce mardi un niveau plus observé depuis 1998, son équivalent français évolue au plus haut niveau depuis plus de 16 ans, alors que le Premier ministre François Bayrou a entamé des discussions avec les partis politiques pour éviter un renversement du gouvernement avant un vote de confiance prévu le 8 septembre.

Le taux des obligations d'État françaises à 30 ans se tend actuellement de 6,5 points de base à 4,509%, au plus haut depuis juin 2009. Le taux de l'OAT à dix ans, quant à lui, prend 6,2 pb, à 3,597%. Le "spread" entre le Bund allemand et l'OAT à dix ans, c'est-à-dire l'écart de rendement entre ces deux obligations, dépasse à nouveau les 80 points de base (+1,2 pb).

Pour Sylvain Bersinger, économiste et fondateur du cabinet Bersingéco, les tensions sur les taux français traduisent l'incertitude actuelle sur la situation politique dans le pays. "Les finances publiques françaises sont dégradées, il n'y a pas de perspective politique, donc clairement toutes les maturités de taux sont à la hausse et on se rapproche des taux italiens", a-t-il déclaré à 'Reuters'. Anticipant une probable chute de François Bayrou, l'économiste note qu'un nouveau gouvernement serait probablement confronté aux mêmes difficultés budgétaires. "Donc on ne peut pas exclure que les taux continuent à monter... Si des partis dépensiers comme l'extrême gauche et l'extrême droite arrivent au pouvoir, la situation peut encore empirer", a-t-il ajouté, faisant référence à de possibles élections législatives anticipées.

Nomura estime qu'un spread OAT-Bund à dix ans supérieur à 100 points de base serait de nature à provoquer une perte majeure de confiance des investisseurs internationaux dans les obligations françaises.

L'agence de notation Fitch Ratings doit rendre le 12 septembre sa décision sur la note souveraine de la France et certains économistes redoutent que celle-ci passe de 'AA-' à un simple 'A', ce qui pourrait alourdir les taux d'intérêt exigés par les marchés pour financer la dette du pays. "Même s'il y a des raisons de penser qu'une dégradation de la note le 12 septembre n'est pas nécessaire, le fait que Fitch place déjà la France sous perspective négative et que sa note soit similaire à celle du Royaume-Uni présente des risques évidents de dégradation", écrit Nomura. "Cependant, les agences de notation sont généralement très lentes à procéder à des dégradations, voire à modifier les perspectives. Par conséquent, même si l'on peut s'attendre à des dégradations, le processus pourrait être progressif", nuance l'intermédiaire.