Devises : du jamais vu depuis 2004 pour l'euro !

Bien qu'en hausse limitée (+0,14%), l'euro gagne encore du terrain face au billet vert à 1,18$ entre banques, au plus haut depuis septembre 2021. La monnaie unique est ainsi en passe de prolonger son ...

Bien qu'en hausse limitée (+0,14%), l'euro gagne encore du terrain face au billet vert à 1,18$ entre banques, au plus haut depuis septembre 2021. La monnaie unique est ainsi en passe de prolonger son rallye pour un neuvième jour consécutif, soit sa plus longue série haussière depuis 2004. La devise affiche une progression de près de 14% face au billet vert depuis le début de l'année, dans un contexte d'inquiétudes des investisseurs concernant les actifs financiers américains depuis le retour à la Maison blanche de Donald Trump. Plus globalement, la monnaie de l'oncle Sam a perdu plus de 10% par rapport à un panier de référence de six devises au cours du premier semestre, marquant sa pire performance en la matière depuis au moins 50 ans !

Les attentes croissantes d'un assouplissement de la politique de la Fed pèsent sur le dollar. Si les économistes anticipent majoritairement une hausse de l'inflation en lien avec les droits de douane de Trump, la faible croissance des prix, jusqu'à présent, a jeté un doute sur cette hypothèse, enhardissant la Maison Blanche et accentuant sa pression sur le président de la Fed. Bien que la Réserve fédérale ait repoussé toute idée de baisse de taux, deux gouverneurs ont récemment publiquement divergé de la position de Jerome Powell, suggérant qu'une réduction pourrait être appropriée dès juillet. Les swaps de taux impliquent au moins deux quarts de point d'assouplissement monétaire d'ici la fin de l'année, avec une probabilité d'environ 65% d'une troisième baisse d'ici décembre, souligne 'Bloomberg'.

J.Powell et d'autres hauts présidents de Banques centrales doivent discuter de politique monétaire lors de la réunion annuelle de la Banque centrale européenne plus tard mardi au Portugal. Luis de Guindos, vice-président de l'institut de Francfort, a déclaré dans une interview accordée à 'Bloomberg TV' : "je pense que 1,17 dollar, voire 1,20 dollar, est quelque chose que nous pouvons ignorer quelque peu... Au-delà, ce sera beaucoup plus compliqué".

Pour Nicholas Wall, responsable de la stratégie mondiale de change chez JP Morgan Asset Management, la BCE fait ce qu'il faut en adoptant un euro qui suscite une demande croissante comme monnaie de réserve. "Un euro plus fort est bénéfique pour l'Europe, notamment dans le contexte de la hausse des prix du pétrole", a-t-il déclaré. Selon les stratèges de Danske Bank, le dollar a repris son déclin structurel à mesure que les risques géopolitiques s'estompent et que l'attention se porte à nouveau sur l'économie et le contexte politique américains. "Nous voyons de nombreuses raisons d'être actuellement 'short' sur le dollar, notamment la possibilité d'une nomination plus tôt que prévu d'un nouveau président de la Fed, le Big Beautiful Bill du 4 juillet et la date limite des droits de douane du 9 juillet", indique l'équipe de la banque danoise.