Demande sans éclat pour une émission de dette japonaise, après des turbulences des marchés

Une émission de dette souveraine japonaise à long terme a suscité mercredi une demande plus faible qu'attendu, se traduisant par un taux final beaucoup plus élevé que lors des émissions précédentes, r...

Une émission de dette souveraine japonaise à long terme a suscité mercredi une demande plus faible qu'attendu, se traduisant par un taux final beaucoup plus élevé que lors des émissions précédentes, reflet d'une réticence des investisseurs et des turbulences récentes des marchés obligataires.

L'adjudication de 500 milliards de yens (3,06 milliards d'euros) d'obligations à échéance 40 ans a reçu un accueil mitigé: le rendement généré s'est finalement élevé à 3,135%... contre 2,710% lors de la précédente émission comparable en mars dernier - et 1,385% pour une émission de mai 2023.

L'appétit s'est avéré plus faible qu'attendu: selon Bloomberg, les investisseurs sondés anticipaient un rendement de 3,085%. Un rendement élevé reflète une demande faible, car plus les investisseurs sont rares, plus il faut des taux élevés pour les attirer.

Cette émission, considérée comme un test, intervient dans un contexte de fortes turbulences sur les marchés obligataires.

Une émission japonaise à échéance 20 ans organisée la semaine dernière a enregistré le plus faible niveau de demande depuis une décennie selon Bloomberg. Cela a entraîné une envolée des rendements sur les obligations nippones à 20 et 30 ans à un niveau-record en 25 ans.

Or, d'après la presse financière, le ministère japonais des Finances a pris l'initiative inhabituelle de consulter mardi les acteurs de marché et participants habituels aux adjudications pour solliciter leurs avis et sonder leur appétit.

Cela "a ravivé les spéculations que l'émission de (mercredi) serait réduite en conséquence", pour s'ajuster à une demande limitée, soulignent les experts de Standard Chartered. Le niveau initialement prévu n'était pas dévoilé.

Après les résultats de l'émission mercredi, les taux des obligations à 10 et 30 ans ont légèrement remonté, tandis que le yen se stabilisait après un éphémère sursaut.

Les coûts d'emprunt à long terme ont également grimpé en flèche dans d'autres grandes économies, notamment aux Etats-Unis, dont les perspectives économiques assombries et l'endettement nourrissent l'inquiétude.

A cette dynamique mondiale s'ajoute la réduction des achats d'obligations par la Banque du Japon, qui a entrepris depuis l'an dernier de normaliser sa politique monétaire très accommodante. Or, les autres acheteurs habituels, notamment les groupes nippons d'assurance-vie, n'ont pas pris le relais.

Les inquiétudes concernent aussi la dette nationale du Japon, totalisant quelque 200% du PIB. "Notre situation budgétaire est indéniablement très précaire, pire même que celle de la Grèce", a commenté la semaine dernière le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, un propos alarmiste contribuant à attiser la fébrilité.

Cependant, "le rendement à 20 ans ne paraît pas si élevé si l'on regarde l'évolution de l'inflation japonaise" et "la comparaison, sans doute plus importante pour la viabilité de la dette, avec la croissance attendue du PIB nominal", tempère Thomas Mathews, de Capital Economics.

© 2025 AFP