La bourse de Wall Street s'est vivement reprise, ce mercredi. En clôture, le S&P 500 remonte de +1,12% à 5.842 points. Le Dow Jones gagne +1,14% à 43.006 pts. Le Nasdaq grimpe de +1,46% à 18.552 pts. La cote américaine est restée volatile avant de se remettre du repli des derniers jours, alors que les nouveaux droits de douane frappant le Canada, le Mexique et le Chine sont entrés en vigueur, mardi. Les marchés ont nourri l'espoir d'un apaisement commercial avec Ottawa et Mexico notamment dans le secteur automobile. Quelques évolutions sont aussi perceptibles du côté de l'autre dossier chaud du moment, l'Ukraine.
Les tarifs douaniers de 25%, imposés à la majeure partie des produits en provenance du Canada et du Mexique (hors énergie canadienne), sont entrés en vigueur mardi, tout comme les surtaxes de 10% sur les importations chinoises. Ces droits de douane infligés par Donald Trump pourraient être ajustés pour le Canada et le Mexique. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a déclaré que le président Trump pourrait annuler ou ajuster les tarifs douaniers imposés à ces deux pays. Sur Fox Business, Howard Lutnick a indiqué que le Mexique et le Canada avaient été toute la journée de mardi, en communication téléphonique avec l'administration Trump. La perspective d'un accord a donc soutenu la reprise de Wall Street.
Du côté macroéconomique, selon le rapport d'ADP sur l'emploi privé américain pour le mois de février 2025, les Etats-Unis n'ont créé que 77.000 postes, contre 143.000 de consensus FactSet et 186.000 pour la lecture révisée du mois antérieur. Les embauches ont ralenti jusqu'à atteindre leur plus faible niveau de gains depuis juillet, le commerce et les transports, les soins de santé et l'éducation et l'information faisant état de pertes d'emplois. L'emploi dans les petites entreprises a également diminué. "L'incertitude politique et un ralentissement des dépenses de consommation pourraient avoir entraîné des licenciements ou un ralentissement des embauches le mois dernier. Nos données, combinées à d'autres indicateurs récents, suggèrent une hésitation à l'embauche parmi les employeurs lorsqu'ils évaluent le climat économique à venir", note Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP.
Dans le détail au mois de février, les grandes entreprises de plus de 500 personnes ont généré 37.000 emplois, contre 31.000 pour les entreprises de 250 à 499 personnes et 15.000 pour les compagnies de 50 à 249 salariés.
L'indice PMI composite américain final du mois de février est ressorti à 51,6, contre 50,4 de consensus FactSet et 50,4 en lecture flash. Il était de 52,7 un mois avant. Cela signale donc un léger ralentissement de l'activité nationale américaine. L'indice PMI final des services s'est établi à 51, contre un consensus de 49,7 et une lecture préliminaire de 49,7. Il se situait à 52,9 un mois plus tôt... L'indice ISM des services américains pour le mois de février 2025 s'est affiché à 53,5 contre un consensus de 53. L'indice des commandes nouvelles a atteint 52,2 contre 51,3 en janvier.
Les commandes industrielles américaines de janvier ont aussi été communiqué. Elles ressortent en croissance de 1,7% d'un mois sur l'autre contre 1,3% de consensus FactSet.
Les cours pétroliers restent bien ancrés dans le rouge après l'annonce d'une nette hausse des réserves de brut aux Etats-Unis la semaine passée. D'après le Département américain à l'Energie, les stocks domestiques de brut, hors réserve stratégique, ont progressé de 3,6 millions de barils lors de la semaine close le 28 février à 433,8 mb. Le consensus tablait sur une hausse de 0,6 mb. Les stocks d'essence ont en revanche reculé de 1,4 mb (vs +0,1 mb attendu) et ceux de produits distillés ont diminué de 1,3 mb (vs +0,9 mb de consensus).
Le Livre Beige de la Fed, résumé des conditions économiques régionales, a montré que l'activité économique américaine a légèrement augmenté mais de manière inégale, les entreprises et les ménages exprimant un optimisme continu malgré un contexte d'incertitude croissante lié à l'impact de la politique de Donald Trump sur la croissance, l'emploi et les prix.
"Six districts n'ont signalé aucun changement, quatre ont fait état d'une croissance modeste ou modérée, et deux ont noté de légères contractions", note la banque centrale américaine dans son rapport sur la situation économique de ses 12 districts fédéraux. Elle relève aussi : "Dans l'ensemble, les attentes concernant l'activité économique au cours des prochains mois sont légèrement optimistes".
Concernant l'autre dossier majeur des derniers jours, l'Ukraine, Trump a déclaré hier soir lors de son intervention devant le Congrès américain que Volodimir Zelensky lui avait adressé une lettre dans laquelle il indiquait que l'Ukraine était prête à signer un accord sur l'exploitation des minerais rares. Le président américain a ajouté que son administration avait eu dans le même temps de sérieuses discussions avec la Russie, observant "des signes importants qui montrent qu'ils sont prêts pour la paix".
Durant ce même discours, Trump a aussi réaffirmé sa volonté d'instaurer des droits de douane réciproques sur les importations provenant des pays prélevant des taxes douanières sur les produits américains. Il a aussi préparé les marchés financiers à "un peu de perturbations"...
Trump a taclé cette fois la Corée du Sud concernant ses droits de douane jugés injustes, frappant le 'made in America'. "Les droits de douane moyens de la Chine sur nos produits sont le double de ceux que nous leur facturons, et les droits de douane moyens de la Corée du Sud sont quatre fois plus élevés", a résumé Trump. "Pensez-y, quatre fois plus, et nous apportons tellement d'aide militairement et de bien d'autres manières à la Corée du Sud, mais c'est ce qui se passe", s'est ému le président américain, qui semble donc bien vouloir remettre à plat les relations commerciales avec Séoul, grand fournisseur d'automobiles ou semi-conducteurs aux États-Unis. Le pays applique surtout des droits de douane conséquents sur certains produits agricoles américains comme le riz. La Corée du Sud profite par ailleurs des garanties de sécurité de Washington pour dissuader la Corée du Nord.
Durant son discours d'hier, Trump a aussi fustigé le 'Chips & Science Act' de l'administration Biden dédié aux puces et à la science, le qualifiant de "chose horrible", sans mentionner spécifiquement le groupe sud-coréen Samsung, qui en est pourtant l'un des grands bénéficiaires en termes de subventions, notamment pour une usine qu'il construit au Texas. Ce programme pourrait donc faire l'objet d'un ajustement pour les fabricants étrangers s'installant aux Etats-Unis. "Ils viendront parce qu'ils n'auront pas à payer de droits de douane s'ils construisent en Amérique", a lancé Trump, qui a même envisagé de mettre un terme à ces plans et de "se débarrasser de la loi sur les puces" signée par Biden en août 2022.
Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans s'affiche à 4,25%, alors que les signes d'un ralentissement économique outre-Atlantique se confirment. Selon l'outil CME FedWatch, la Fed pourrait réduire ses taux de 75 points de base (probabilité 31,9%) ou même 100 points de base ('proba' 24,3%) cette année.
Du côté des pétroles, le baril de brut WTI se reprend très légèrement. Le baril de référence américain gagne +0,47%, mais reste déprimé à 66,71$.
Du côté des changes, le dollar cède -0,12% face à l'euro, s'échangeant 0,9256 euro.
L'once d'or fin termine à 2.916$, en un infime recul de 0,06%. Le Bitcoin prend +2,35% à 92.516$.
Les valeurs
* Brown-Forman (+10,09% à 35,99$). Le groupe du Kentucky a publié pour son 3e trimestre un bénéfice net de 270 M$ et un bénéfice par action de 57 cents. Le groupe, connu pour sa marque phare de whisky Jack Daniel's, a affiché sur le trimestre des revenus de 1,03 Md$, en repli de -3% en glissement annuel mais en croissance organique de +6%. Le bénéfice opérationnel trimestriel a chuté de -25% à 280 M$. Le bénéfice dilué par action a baissé de -5%. Le groupe indique que l'environnement opérationnel est de plus en plus volatil en raison des incertitudes géopolitiques et des conditions macroéconomiques mondiales. Sur la base des facteurs actuellement connus, il anticipe un retour à la croissance organique du chiffre d'affaires et du résultat opérationnel organique 2025. La croissance organique du chiffre d'affaires est attendue entre 2 et 4%, alors que la progression organique du résultat opérationnel serait comprise entre 2 et 4%.
* Ross Stores (+1,96% à 138,64$). La chaîne américaine de distribution discount a dépassé les attentes de profits sur son 4e trimestre fiscal, dégageant sur la période un bénéfice ajusté par action de 1,79$ à comparer à un consensus de 1,65$ (1,82$ un an avant). Les revenus trimestriels se sont établis à 5,91 Mds$ sur la période, ratant de peu le consensus. Ils se situaient à 6,02 Mds$ pour la période correspondante de l'an dernier. Le groupe californien a affiché un bénéfice net trimestriel de 587 M$. Sur l'exercice, il totalise 2,1 Mds$ pour 21,1 Mds$ de revenus. Enfin, le groupe livre une guidance prudente pour l'exercice entamé, tablant sur un bénéfice par action allant de 5,95 à 6,55$.
* Nvidia (+1,13% à 117$). Hon Hai Precision Industry, concepteur majeur de serveurs IA Nvidia, a annoncé une croissance de 25% de ses revenus sur les deux premiers mois de l'année 2025. Hon Hai, également sous-traitant d'Apple (-0,08% à 235,74$) pour les iPhones et aussi connu sous le nom de Foxconn, a affiché des ventes cumulées d'environ 33,5 Mds$ sur les mois de janvier et février. La progression de 25% marque une accélération, puisque le groupe avait affiché 11% de croissance l'an dernier. Sur l'ensemble du 1er trimestre, le consensus est de +22% de croissance.
* CoreWeave, la startup d'IA soutenue par Nvidia, a annoncé cette semaine ses plans en vue d'une introduction en bourse à Wall Street, tout en annonçant une multiplication de ses revenus 2024. Le groupe du New Jersey, qui compte parmi ses clients Microsoft, IBM ou Meta, pourrait selon Reuters viser une valorisation boursière de plus de 35 Mds$. CoreWeave a annoncé, hier, l'acquisition de la plateforme IA Weights & Biases, afin de se renforcer avant l'IPO. L'opération rapprocherait donc les services d'infrastructure et cloud de CoreWeave de la plateforme Weights & Biases, utilisée pour l'entraînement et l'évaluation des modèles d'IA. Le produit de Weights & Biases est utilisé par OpenAI ou Meta pour former des modèles d'IA. 'The Information' indique que le deal pourrait être chiffré à 1,7 Md$.
* Flutter Entertainment (+1,44% à 269,97$). Le groupe new-yorkais de jeux d'argent en ligne gagne du terrain. Pour son 4e trimestre, il a publié, mardi soir, un bénéfice net de 156 M$ et un bénéfice ajusté par action de 2,94$, largement supérieur au consensus des analystes de la place, pour des revenus totalisant 3,79 Mds$ également meilleurs que prévu. Sur l'exercice, le bénéfice net ressort à 43 M$ pour des revenus de plus de 14 Mds$.
* Tesla (+2,6% à 279,1$). Le constructeur automobile américain accuse une chute de ses immatriculations en Allemagne, en février. Le constructeur texan n'a écoulé que 1.429 voitures électriques dans le pays en février, selon la Kraftfahrt-Bundesamt (KBA), l'une des plus importantes sources d'informations sur le transport en Allemagne.
L'autorité fédérale allemande des transports motorisés fait donc état d'un plongeon de -76% des ventes de Tesla sur le mois passé, alors que les immatriculations globales de VE dans le pays sur la période ont augmenté de 31%. Elon Musk a soutenu l'AfD, parti d'extrême droite allemande, dans les mois qui ont précédé les élections du 23 février. L'AfD s'est hissée à la 2e place, mais le prochain chancelier Friedrich Merz s'est engagé à garder le parti à distance.
Au cours des deux premiers mois de l'année, les ventes de Tesla ont chuté de -71% en Allemagne et de -44% en France, constate Bloomberg. Ainsi, le groupe est sous pression sur les deux plus grands marchés de l'électrique de l'UE. Au Royaume-Uni, Tesla a tout de même affiché des immatriculations en hausse de +11% au cours des deux premiers mois.
* BlackRock (+1,57% à 967,73$). Donald Trump a salué hier l'accord scellé par un consortium dirigé par BlackRock pour acheter la majeure partie des activités portuaires de CK Hutchison qui comprennent des actifs le long du canal de Panama. L'accord comprend 90% de la Panama Ports Company, gestionnaire des ports de Balboa et de Cristobal à chaque extrémité du canal. L'accord de 22,8 Mds$ fournit au consortium américain le contrôle des principaux ports du canal...
* Walt Disney (+0,28% à 109,31$). Le groupe entend réduire d'environ -6% les effectifs de ses divisions ABC News Group et Disney Entertainment Networks, selon une source de Reuters. Le géant du divertissement est en effet confronté à la baisse de l'audience télévisuelle. Les coupes concerneraient moins de 200 personnes dans les deux unités et devraient être annoncés ce jour. Elles toucheraient surtout ABC News, d'après la source anonyme de Reuters. Certaines émissions d'ABC seraient par ailleurs regroupées au sein d'une seule unité... Le groupe serait enfin en train d'intégrer ses équipes éditoriales numériques et sociales avec la collecte d'informations, les émissions et les stations détenues.
* Abercrombie & Fitch (-9,24% à 87,23$). Le groupe a annoncé pour son 4e trimestre fiscal un bénéfice net de 187 M$, ainsi qu'un bénéfice par action de 3,57$ à comparer à un consensus de 3,5$ environ. Le détaillant en vêtements pour ados a affiché sur la période des revenus de 1,58 Md$, également au-dessus des anticipations de brokers. Le groupe anticipe désormais pour l'exercice entamé un bénéfice par action allant de 10,40 à 11,40$. Les ventes sont attendues en hausse de 3 à 5%. Le consensus était de 6% de croissance et de 11,30$ de bénéfice par titre sur l'exercice. Le groupe a annoncé par ailleurs un nouveau programme de rachat d'actions d'un montant de 1,3 Md$.
* CrowdStrike (-6,34% à 365,44$). Le groupe américain de cybersécurité a publié un revenu annuel récurrent de 4,24 Mds$, au-dessus des attentes. Les revenus trimestriels ont été de 1,06 Md$, en croissance de 25%, alors que le bpa ajusté a été de 1,03$ (95 cents un an plus tôt). Sur le trimestre entamé, clos fin avril, le bénéfice ajusté par action est attendu entre 64 et 66 cents, très inférieur au consensus de place. Les revenus sur la période sont anticipés entre 1,1 et 1,11 Md$. Sur l'exercice 2026, les revenus sont attendus entre 4,74 et 4,81 Mds$.
* Campbell Soup (-2,85% à 39,18$). Le groupe alimentaire de Camden dans le New Jersey a annoncé pour son 2e trimestre fiscal des revenus en croissance de +9% à 2,7 Mds$, malgré une baisse de -2% en organique. L'Ebit ajusté a augmenté de +2% à 372 M$, en tenant compte de l'impact de l'acquisition de Sovos Brands. Le bénéfice ajusté par action s'est apprécié de +8% à 74 cents. Le consensus était de 72 cents de bpa ajusté et 2,73 Mds$ de revenus. La déception du jour provient des prévisions ajustées fournies pour l'exercice 2025. Compte tenu de l'environnement de consommation actuel, Campbell table sur une croissance des ventes de 6-8% en données consolidées, mais une stabilité ou une baisse allant jusqu'à 2% en organique. L'Ebit ajusté est attendu en hausse de 3 à 5%. Le bpa ajusté est anticipé entre 2,95 et 3,05$, en repli de -1 à -4%, alors que le consensus était de 3,12$.