Clôture Wall Street : dans l'indécision avec Trump

Les marchés se sont révélés indécis jusqu'au bout de la séance à Wall Street, ce mardi. Le refrain de l'indécision est mené par Donald Trump, incapable de tenir un cap constant sur les droits de douan...

Les marchés se sont révélés indécis jusqu'au bout de la séance à Wall Street, ce mardi. Le refrain de l'indécision est mené par Donald Trump, incapable de tenir un cap constant sur les droits de douane alors que son administration agite toujours l'espoir d'accords importants dans les prochains jours. Trump a menacé d'imposer des droits de douane élevés sur les importations en provenance de 14 pays. Alors que les négociations se poursuivent, le cuivre est menacé d'une taxation de 50% et les produits pharmaceutiques de 200%.
Dans ce contexte, le S&P 500 cède un petit -0,07%, à 6.225 pts. Le Dow Jones abandonne -0,37% à 44.244 pts. Le Nasdaq réussit péniblement à reprendre +0,03%, pointant à 20.418 pts,

Du côté des brokers, Goldman Sachs a relevé ses prévisions sur le S&P 500, tablant sur un gain de 3% sur 3 mois et 11% sur 12 mois, soit des objectifs respectifs de 6.400 et 6.900 points sur l'indice large américain. GS vise un objectif de 6.600 pts en fin d'année, soit un potentiel de 6%. Les spécialistes de la firme se montrent prudemment optimistes concernant la digestion des tarifs douaniers et sa traduction en terme d'inflation. Ils tablent sur des assouplissements monétaires plus tôt et plus profonds que prévu, des rendements obligataires plus bas, ainsi qu'une solidité fondamentale confirmée des plus grosses capitalisations. Selon les éléments d'une note relayée notamment par Reuters Ils révisent leur anticipation de ratio cours sur bénéfice anticipé à 22 fois.
Morgan Stanley est globalement du même avis, jugeant que la hausse du S&P 500 devrait se poursuivre avec la baisse attendue des taux de la Fed. Dans le même esprit, Bank of America porte son objectif de fin d'année sur le S&P 500 à 6.300 pts... Quant à JP Morgan, le broker affirme qu'il y aurait 96% de chances que le marché actions progresse à un horizon de six mois.

A Wall Street, le ton des marchés a une nouvelle fois été donné par Donald Trump, ce mardi. Le Président américain a fait part de son intention de mettre en place des droits de douane de 50% sur les importations de cuivre aux Etats-Unis, afin de stimuler la production nationale. Cette annonce a surpris les marchés, car intervenant beaucoup plus tôt que ne l'anticipaient les industriels. L'enquête sur les importations de cuivre -démarche préalable à la mise en place de droits de douane- devait initialement prendre fin en novembre prochain. Le Chili, le Canada et le Mexique, qui sont les principaux fournisseurs de cuivre et produits en cuivre des Etats-Unis, devraient être les pays les plus affectés par la mesure.
Le secrétaire américain au Trésor, Howard Lutnick, a aussi déclaré dans une interview à la chaîne de télévision CNBC que les droits de douane sur l'acier seraient effectifs fin juillet ou début août.

Donald Trump a aussi confirmé sa menace de mettre en place, "sous peu", d'importants droits de douane sur les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques. Le locataire de la Maison blanche a notamment évoqué une surtaxe de l'ordre de 200% sur les produits pharmaceutiques importés aux Etats-Unis. Les industries du secteur auraient "un an à un an et demi" pour s'installer dans le pays, après quoi elles seraient taxées de "quelque chose comme 200%", a dit Trump.

Lundi, le président américain avait déjà posté sur Truth Social des lettres adressées aux dirigeants de 14 pays, les menaçant de tarifs douaniers allant de 25 à 40%, qui prendraient effet au 1er août. Japon, Corée du Sud, Malaisie Thaïlande, Indonésie, Cambodge ou Afrique du Sud, comptent parmi les pays menacés.

Le dirigeant américain a aussi signé un décret exécutif reportant officiellement au 1er août, la date de reprise des tarifs douaniers réciproques du 'Jour de la Libération'. Le Secrétaire au Trésor Scott Bessent avait "préparé le terrain" à ce sujet ce week-end en évoquant déjà cette nouvelle date "fatidique" du 1er août. La Maison Blanche a prévenu que Trump pourrait envoyer plus de lettres à ses partenaires commerciaux dans les prochains jours et les prochaines semaines. La Corée du Sud, qui se voit infliger avec le Japon des tarifs de 25%, a manifesté son intention de se mettre à la table des négociations durant la période de "pause".

L'administration Trump gagne donc quelques semaines pour conclure des deals qui lui font pour l'heure défaut. "Nous avons conclu un accord avec le Royaume-Uni, avec la Chine, et nous sommes sur le point de conclure un accord avec l'Inde", a tenu à rassurer Trump. "Nous ne pensons pas pouvoir conclure d'accord avec les autres que nous avons rencontrés. Nous leur envoyons donc simplement une lettre", a ajouté le président américain, sans par ailleurs être "100% sûr" de l'échéance finale du 1er août. "Peut-être qu'on ajustera un peu, selon les circonstances", a glissé le dirigeant américain. La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a quant à elle déclaré que des lettres supplémentaires arriveraient dans les prochains jours. Dans ces lettres, Trump a aussi mis en garde les pays contre les éventuelles mesures de représailles, promettant de majorer d'autant ses propres tarifs.

"Conformément aux courriers envoyés hier à divers pays, ainsi qu'à ceux qui seront envoyés aujourd'hui, demain et prochainement, les droits de douane commenceront à être payés le 1er août 2025. Cette date n'a pas été modifiée et ne changera pas. Autrement dit, tous les paiements seront dus et payables à compter du 1er août 2025 ; aucune prolongation ne sera accordée", a ajouté Trump il y a quelques instants sur Truth Social.

Ce mardi, la Chine a mis en garde l'administration Trump contre toute résurgence des tensions commerciales par le rétablissement des droits de douane sur ses marchandises le mois prochain, et a menacé de représailles les pays qui concluraient des accords avec les États-Unis pour exclure la Chine de leurs chaînes d'approvisionnement, note l'agence Reuters. Washington et Pékin ont convenu en juin d'un accord commercial cadre. La Chine, initialement visée par des droits de douane supérieurs à 100%, a jusqu'au 12 août pour parvenir à un deal avec la Maison Blanche afin d'empêcher Trump de rétablir les restrictions supplémentaires à l'importation imposées lors des échanges de représailles tarifaires d'avril et de mai, résume l'agence...

Scott Bessent avait indiqué sur CNN, dans l'émission State of the Nation, que les USA étaient bien sur le point de conclure plusieurs accords commerciaux avant le 9 juillet, et que Washington allait aussi envoyer des lettres à une centaine de petits pays avec lesquels les États-Unis n'ont pas beaucoup d'interactions commerciales.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen aurait eu un "bon échange" téléphonique avec le président américain avant-hier, selon un porte-parole de la Commission, l'objectif étant toujours de parvenir à un accord sur le front commercial avant le 9 juillet. "Nous voulons parvenir à un accord avec les États-Unis. Nous voulons éviter des droits de douane. Nous pensons qu'ils sont nocifs. Nous voulons parvenir à des résultats gagnant-gagnant", a indiqué le porte-parole lors d'un point presse... Selon Politico, les USA pourraient offrir à l'UE un accord tarifaire à 10% "avec certaines réserves"...

Dans le même temps, Trump maintient la pression sur le patron de la Fed Jerome Powell, qu'il entend remplacer par "quelqu'un qui voudra baisser les taux". "Il me reste un peu plus de 10 mois dans le cadre de mon mandat de président et tout ce que je veux, et tout ce que veut quiconque au sein de la Fed, c'est créer une économie avec une stabilité des prix, un emploi maximum et une stabilité financière", avait déclaré Powell en début de mois... L'outil CME FedWatch fait ressortir une probabilité de plus de 95% d'un nouveau statu quo monétaire le 30 juillet, à l'issue de la prochaine réunion FOMC. Le taux des fonds fédéraux resterait alors entre 4,25 et 4,50%. Un premier assouplissement pourrait intervenir le 17 septembre selon le même outil, la probabilité étant de plus de 60%.

Dans l'actualité économique américaine cette semaine, les opérateurs suivront demain les Minutes de la dernière réunion monétaire de la Fed, puis jeudi les inscriptions au chômage, pour terminer vendredi par la balance budgétaire américaine.

Les marchés pétroliers restent fermes. Le baril de brut WTI prend +0,38%, à 68,2$.
Sur le marché des changes, le dollar perd -0,11% à 0,853 euro, ce lundi.
L'once d'or recule de -1,03% à 3.302$. Le Bitcoin gagne +0,65% à 108.915$.

Les valeurs

* ExxonMobil (+2,77% à 113,19$). Le groupe pétrolier a indiqué, lundi,qu'il s'attendait à ce que la baisse des prix du pétrole et du gaz affecte ses bénéfices d'environ 1,5 milliard de dollars au 2e trimestre. Les prix du pétrole ont pesé à hauteur d'environ 1 Md$, tandis que ceux du gaz auraient plombé les comptes de 500 M$ supplémentaires par rapport au 1er trimestre, selon le géant texan. Exxon prévoit en revanche une légère amélioration des marges de raffinage, ce qui devrait ajouter environ 300 M$ aux bénéfices...

* Meta (+0,32% à 720,67$). Le groupe de Mark Zuckerberg a débauché un acteur clé du développement de l'intelligence artificielle chez Apple. Ruoming Pang, ingénieur de renom, qui dirigeait l'équipe des modèles fondamentaux d'Apple en matière d'IA, quitte son poste pour rejoindre Meta, selon un article de Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier. Le recrutement s'inscrit dans le cadre du vaste développement des capacités d'IA de Meta, qui serait soutenu par des rémunérations annuelles estimées à plusieurs dizaines de millions de dollars. Il s'agit aussi, bien évidemment, d'un nouveau coup dur pour Apple qui peine à prendre le virage de l'IA générative et tente d'accélérer l'intégration de modèles LLM sur iOS.

* Honeywell (+0,19% à 239,8$). La firme évaluera des alternatives stratégiques pour deux de ses activités au service des secteurs du transport et de la logistique, tandis que le groupe prépare déjà une scission en trois. Honeywell rationalise ses opérations, avec une scission en unités distinctes pour l'aérospatiale, l'automatisation et les matériaux avancés qui devrait être finalisée d'ici l'an prochain. Le groupe évalue ses activités 'Solutions et services de productivité' et 'Solutions d'entrepôt et de flux de travail' pour simplifier davantage son portefeuille avant la scission. Les deux activités ont généré plus d'un milliard de dollars de chiffre d'affaires chacune en 2024.

* Boeing (-0,05% à 218,52$). Norwegian Air Shuttle s'offre trois Boeing 737-800 additionnels. Le transporteur norvégien a conclu un accord pour l'acquisition de ces 3 appareils qu'il loue actuellement. La transaction devrait être finalisée au 3e trimestre. Une fois la transaction finalisée, la société prévoit d'enregistrer un gain non récurrent d'environ 260 millions de couronnes norvégiennes. Par ailleurs, Boeing a annoncé avoir livré 60 avions en juin, soit une progression de 27%, dont 8 appareils à des clients chinois. Le groupe a livré 42 737 MAX, neuf 787, quatre 777 Cargo et cinq 767.

* The Hershey Company (-3,20% à 169,3$). Le groupe a nommé Kirk Tanner, directeur général de la chaîne de hamburgers Wendy's, au poste de DG. Il prendra ses nouvelles fonctions dès le 18 août, en remplacement de Michele Buck. Le chocolatier et confiseur avait annoncé le départ de Michele Buck, à la tête de l'entreprise depuis plus de 7 ans, début janvier. Tanner quittera Wendy's le 18 juillet. Wendy's a nommé son directeur financier, Ken Cook, directeur général par intérim, et lance par ailleurs un processus de recherche pour sélectionner un DG permanent.

* IBM (-0,70% à 290,42$). Le prestataire de services informatiques a annoncé une nouvelle gamme de puces et de serveurs pour centres de données. Le groupe estime les puces plus économes en énergie que celles de ses concurrents. Elles doivent simplifier le déploiement de l'intelligence artificielle dans les opérations commerciales. IBM a présenté ses nouvelles puces Power11, marquant la première mise à jour majeure de sa gamme 'Power' depuis 2020. A l'instar des serveurs IA de Nvidia, les systèmes Power d'IBM sont un ensemble intégré de puces et logiciels. Les systèmes Power11 seront disponibles à partir du 25 juillet.

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