Wall Street termine fermement la séance, ce vendredi dans un contexte de volatilité soutenue par l'intensification de la guerre commerciale entre Washington et Pékin et l'annonce d'un indice de confiance très décevant.
En clôture, le S&P500 prend +1,81% à 5.363 pts et bondit de +5,95% cette semaine après son incroyable parcours mercredi. Le Dow Jones termine également bien orienté, avec un gain de +1,56%, revenant à 40.212 points. Les valeurs industrielles gagnent cette semaine +5,92%. Le Nasdaq Composite est également très ferme, bondissant de +2,06%, à 16.724 points. En glissement hebdomadaire, les valeurs de croissance grimpent de +7,19%.
Les marchés se sont affermis après les commentaires de la présidente de la Réserve fédérale de Boston, Susan Collins. A l'entendre, la Fed serait prête à maintenir le fonctionnement des marchés financiers si le besoin s'en fait sentir.
La Maison Blanche est pourtant dans une guerre commerciale ouverte avec Pékin et a décidé, jeudi, de rehausser à 145% les surtaxes visant la Chine. Cette dernière, en réponse, a annoncé ce matin un relèvement de 84% à 125% des droits de douane sur les importations américaines. "Les droits de douane importants imposés à la Chine perturberont l'économie s'ils restent en place (..). Bien que des risques de baisse subsistent, nous pensons que le risque d'une récession économique plus grave est désormais plus limité", affirme Mark Haefele, responsable des investissements chez UBS Global Wealth Management.
Hier soir, Donald Trump a déclaré que ses droits de douane pourraient entraîner des "problèmes de transition", mais a exprimé sa confiance dans son plan, après que la Maison Blanche ait clarifié que les droits de douane américains sur la Chine avaient atteint 145%. "Il y aura un coût de transition et des problèmes de transition, mais au final, ce sera une belle chose", a indiqué le président jeudi lors d'une réunion du Cabinet à la Maison Blanche. "Nous sommes en très bonne position", a-t-il ajouté selon des propos repris par les grands médias américains.
Dans l'agenda macro du jour, l'indice des prix à la production est ressorti en repli surprise de 0,4% en mars (+0,2% de consensus). Sur un an, l'indice progresse de 2,7% (+3,3% attendu). Hors alimentaire et énergie cette fois, l'indice 'core' des prix à la production recule de 0,1% en comparaison du mois antérieur, contre +0,3% de consensus, et grimpe de 3,3% sur un an contre 3,6% de consensus.
L'indice préliminaire du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan pour le mois d'avril est de son côté tombé à 50,8, contre un consensus de 54 et une lecture finale de 57 un mois avant. Le sous-indice des conditions actuelles ressort à 56,5 contre 63,8 en mars et 61,5 attendu. L'indice des anticipations d'inflation à un an des consommateurs atteint 6,7% (5% précédemment), au plus haut depuis 1981.
Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, la saison des résultats trimestriels débute véritablement ce vendredi avec des comptes plutôt solides de JP Morgan, Wells Fargo, BlackRock et Bank of New York Mellon. Les commentaires des dirigeants des grands établissements appellent néanmoins à la prudence. "Les clients sont devenus plus prudents face à la volatilité accrue des marchés, alimentée par les tensions géopolitiques et commerciales", a par exemple déclaré Jamie Dimon. "L'économie est confrontée à des turbulences considérables, notamment géopolitiques", a souligné l'emblématique DG de JP Morgan.
Les marchés pétroliers se reprennent. Le baril de brut WTI gagne +2,07% ce vendredi à 61,54$, et est même en hausse de +0,9% sur la semaine. Côté Europe, le Brent de mer du Nord bondit de +2,19%, à 664,79$ (+0,5% en hebdomadaire).
Sur le marché des changes, le dollar se stabilise (+0,02%) pour s'échanger 0,8805 euro. Sur la semaine, la monnaie américaine cède -3,92% face à l'euro. "La question d'une crise de confiance potentielle du dollar a maintenant trouvé une réponse définitive - nous en vivons une de plein fouet", affirment dans une note les stratèges d'ING Bank. "L'effondrement du dollar sert de baromètre du 'sell America' en ce moment".
Une nouvelle fois, l'once d'or réalise un très beau parcours hebdomadaire, bondissant de +3,74% cette semaine à 3.235,6$. Vendredi en séance, le métal jaune a touché un nouveau plus haut à 3.244,28$.
Les valeurs
* BlackRock (+2,33% à 878,78$). Le groupe a dévoilé un bénéfice net ajusté par action en hausse de +15% au 1er trimestre à 11,3$, supérieur aux 10,11$ attendus par le marché. Le chiffre d'affaires a progressé de +12% à 5,3 Mds$. Le total des actifs sous gestion de la société s'élevait à 11.600 Mds$ au 31 mars, un niveau pratiquement inchangé par rapport aux 3 derniers mois de 2024, et globalement en ligne avec les attentes du marché. La collecte nette a atteint 84,17 Mds$ sur le trimestre (+47% en glissement annuel) contre un consensus de 96,02 Mds$.
"L'incertitude et l'anxiété concernant l'avenir des marchés et de l'économie dominent les conversations des clients", a déclaré le DG du géant new-yorkais de la gestion d'actifs, Larry Fink. "Nous avons déjà connu des périodes comme celle-ci, marquées par d'importants changements structurels dans les politiques et les marchés, comme la crise financière, la Covid et la flambée de l'inflation en 2022".
* Morgan Stanley (+1,44% à 108,12$). L'établissement financier a délivré des résultats supérieurs aux attentes de la place au 1er trimestre. La banque d'affaires new-yorkaise a dégagé sur les 3 premiers mois de l'année un bénéfice net de 4,3 Mds$, soit 2,60$ par action, contre un profit de 3,4 Mds$ et 2,02$ par action il y a 1 an. Le chiffre d'affaires a atteint le niveau record 17,7 Mds$, contre 15,1 Mds$ un an plus tôt et 16,56 Mds$ de consensus. Les revenus issus du trading actions ont bondi de +45% à 4,13 Mds$. Le chiffre d'affaires du trading obligataire a aussi progressé, les craintes renouvelées de stagflation liées aux droits de douane de Trump ayant incité les investisseurs à se couvrir de manière agressive et à se repositionner sur le crédit et la duration.
* Bank of New York Mellon (+1,38% à 77,67$) .Le goupe a fait état d'un bond de 17% de son bénéfice au 1er trimestre à 1,15 Md$, grâce à la gestion d'actifs en dépôt plus importants qui ont stimulé ses revenus de commissions. Le bpa ajusté est ressorti à 1,57$ (1,58$ de consensus). Les revenus nets d'intérêt ont progressé de 11% à 1,16 Md$ (1,14$ attendu). "Pour l'avenir, nous sommes préparés à un large éventail de scénarios macroéconomiques et de marché, car les perspectives d'évolution de l'environnement opérationnel deviennent plus incertaines", a déclaré le directeur général, Robin Vince.
* Wells Fargo (-0,95% à 62,51$). L'établissement financier a amélioré ses profits de 6% au 1er trimestre grâce à l'augmentation des commissions perçues dans la gestion de patrimoine et la banque d'investissement. Le bénéfice net est ainsi ressorti à 4,89 Mds$, soit 1,39 dollar par action, contre 4,62 Mds$ et 1,20 dollar par action un an plus tôt. Les revenus nets d'intérêts de la banque - ou la différence entre ce qu'elle gagne sur les prêts et ce qu'elle verse sur les dépôts - ont reculé de 6% à 11,50 Mds$. Les turbulences tarifaires ont suscité des inquiétudes quant à l'augmentation du nombre d'emprunteurs qui ne rembourseraient pas leurs prêts. Néanmoins, la qualité du crédit s'est maintenue au premier trimestre chez Wells Fargo, ce qui a permis à la banque de réduire ses provisions. Les provisions pour pertes sur créances ont ainsi totalisé 932 M$, soit moins que les 1,22 Md$ prévus par les analystes. La banque a continué à réduire ses effectifs dans le cadre d'un effort plus large pour économiser de l'argent, tout en investissant dans la technologie pour améliorer l'efficacité. Le management a laissé ses prévisions annuelles inchangées et continue de prévoir une croissance du revenu net d'intérêts de 1% à 3%.
Les banques américaines ont abordé l'année 2025 avec des perspectives optimistes, soutenues par une économie résiliente, une résurgence des transactions et des déclarations favorables aux entreprises de la part de la nouvelle administration. L'optimisme s'est toutefois effiloché la semaine dernière, les annonces fluctuantes du président Donald Trump sur les droits de douane ayant alimenté les craintes d'une inflation qui pourrait faire basculer l'économie américaine dans la récession et pénaliser l'activité des établissements financiers.
* Lucid Group (-0,79 à 2,5$%). Le groupe californien va acquérir des installations et des actifs basés en Arizona qui appartenaient auparavant au fabricant de camions électriques et à hydrogène Nikola Corp, qui a fait faillite. La transaction n'inclut pas l'acquisition de l'activité, de la clientèle ou de la technologie liée aux camions électriques à pile à hydrogène de Nikola, a déclaré le fabricant de véhicules électriques dans un communiqué. Le groupe californien a indiqué qu'il prévoyait d'offrir un emploi à plus de 300 anciens employés de Nikola dans les installations reprises, y compris divers postes techniques salariés et horaires dans plusieurs départements. Le mois dernier, le fondateur de Nikola, Trevor Milton, qui a été reconnu coupable de fraude et condamné à quatre ans de prison en 2023, a été gracié par le président américain Donald Trump.
* JPMorgan Chase (-0,28%à 24,9$). L'établissement financier a dévoilé de solides résultats trimestriels. Le bénéfice net de la banque a progressé de +9% à 14,6 Mds$, soit 5,07$ par action, au 1er trimestre, grâce à la hausse des commissions liées aux transactions et à une performance record du trading d'actions. Les revenus ajustés ont atteint 46,1 Mds$ sur la période (44,39 Mds$ de consensus). Les revenus issus des marchés actions ont bondi de +48% pour atteindre un record de 3,8 Mds$ (3,18 Mds$ de consensus). L'activité a été largement portée par l'optimisme du président américain Donald Trump quant à la mise en oeuvre de politiques favorables à la croissance, à l'assouplissement des réglementations et à la baisse des impôts au cours des trois premiers mois de 2025. Les commissions de la banque d'investissement ont augmenté de 12% à 2,2 Mds$.
Le revenu net d'intérêts devrait atteindre environ 94,5 Mds$ sur l'ensemble de l'année, contre environ 94 Mds$ initialement prévu, et 93,98 Mds$ estimés par le marché. Le 1er trimestre plein d'espoirs autour de l'économie américaine apparaît désormais bien loin, la guerre commerciale menée par Donald Trump ayant bouleversé toutes les attentes. La plus grande banque américaine a augmenté ses provisions pour pertes sur créances à 3,3 Mds$ (1,9 Md$ précédemment). Cette constitution de réserves plus importante que prévu est le dernier signe en date que les entreprises américaines se préparent à un ralentissement économique, alors que leurs dirigeants sont confrontés à l'évolution de la politique tarifaire du président Donald Trump.
* Tesla (-0,04% à 252,31$). Le constructeur de véhicules a lancé ses activités en Arabie saoudite jeudi, et annoncé le lancement d'une nouvelle version du Cybertruck aux Etats-Unis. Cependant, le groupe a suspendu la prise de nouvelles commandes de véhicules Model S et Model X sur son site internet chinois, selon des vérifications effectuées par 'Reuters' vendredi.