En clôture, le marché parisien reste bien orienté dans une 4e journée consécutive de hausse. La tendance n'était virulente en début de séance, mais s'est affirmée au il de l'après-midi. Au final, le CAC40 s'apprécie de+ 0,7%, à 8.171 pts. Alors que le contexte géopolitique n'incite pas à la prise de risque, le marché cherche des signaux outre-Atlantique, à quelques heures de la décision de la Fed sur les taux US, et du discours de Jerome Powell...
Donald Trump, qui s'est entretenu avec Vladimir Poutine au téléphone pendant plus de deux heures hier, a obtenu un accord de cessez-le-feu a minima concernant les sites énergétiques. Le président américain entend toujours convaincre son homologue russe d'approuver un plan de trêve de 30 jours accepté précédemment par Kiev. Moscou a répété vouloir des garanties plus importantes dans le cadre d'un accord potentiel, dont notamment la certitude que l'Ukraine ne rejoindrait pas l'OTAN et que Volodimir Zelinsky abandonne le pouvoir.
L'offensive commerciale de Donald Trump se poursuit pendant ce temps, le président américain promettant toujours des tarifs douaniers réciproques ainsi que des tarifs spécifiques additionnels, dès le 2 avril.
Dans ce contexte singulier, les investisseurs auront donc, ce soir, à prendre en considération la décision de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, ses nouvelles projections économiques et les commentaires de son président, Jerome Powell.
Ce matin au Japon, à l'issue de sa réunion de politique monétaire, la banque centrale nipponne a opté pour le statu quo. Elle a confirmé maintenir ses taux d'intérêt inchangés. Ils restent donc à leur niveau actuel de 0,5%. La décision de la Banque du Japon (BoJ) met en exergue la volonté des décideurs nippons de prendre le temps d'évaluer les risques économiques mondiaux, accrus à la suite des nouveaux droits de douane imposés par les Etats-Unis. Ce matin, le Nikkei a terminé en baisse de -0,25%.
En Allemagne, le Bundestag a approuvé, hier, une réforme du frein à l'endettement, et permet la création d'un fonds d'infrastructure de 500 MdsE. Ces mesures doivent mettre un terme à des décennies de disette budgétaire outre-Rhin. Après deux années consécutives de contraction de la plus grande économie européenne, cet assouplissement des règles budgétaires vise à stimuler l'investissement, à relancer la croissance économique, et à soutenir les dépenses militaires du pays. Il sonne en quelque sorte la fin de la politique d'austérité menée depuis plusieurs décennies. D'autres réformes sont encore nécessaires pour garantir une croissance durable de l'Allemagne, mais les fondations sont maintenant posées.
En France, le ministère de l'Economie et des Finances, et le ministère des Armées organisent, demain, une conférence sur le financement de l'industrie de la défense. Elle portera sur les enjeux de financement de la Base industrielle et technologique de défense (BITD) et les leviers financiers à activer pour soutenir et développer les entreprises de la défense afin de répondre aux besoins sécuritaires. D'ores et déjà, les banques françaises se sont déclarées pleinement mobilisées pour financer les besoins attendus du secteur.
Sur le plan macroéconomique, selon Eurostat, l'inflation a progressé de +2,3% sur un an en février, en zone euro. Ce rythme est légèrement inférieur à la première estimation. L'indice des prix à la consommation calculé aux normes européennes (IPCH) a progressé de 2,3% le mois dernier, contre un consensus et une estimation "flash" donnée plus tôt à +2,4% par Eurostat (+2,5% en janvier). D'un mois sur l'autre, l'inflation dans les 20 pays ayant adopté la monnaie unique est ressortie à +0,4% en février (+0,5% de consensus). En excluant les éléments les plus volatils -produits alimentaires non transformés, énergie, tabac et l'alcool- l'inflation s'est, comme attendu par le consensus, établie à 2,6% en février (2,7% en janvier).
Par ailleurs, la Banque de France a fait état d'une perte ordinaire, avant impôt de -17,9 MdsE en 2024. Cette perte record est en partie couverte par la mobilisation des réserves disponibles. Les pertes de la BdF se sont nettement creusées par rapport à 2023 où elles atteignaient déjà 12,4 MdsE. Selon l'établissement financier de référence en France, le mouvement devrait progressivement s'inverser. "Nos projections, c'est aussi un retour à des bénéfices de la Banque de France d'ici un nombre limité d'année", a indiqué François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la BdF, qui précise : "L'engagement que nous prenons, c'est que nos projections de résultats conduisent à des pertes additionnelles limitées dans les années qui viennent au regard des résultats de 2023 et 2024".
A Wall Street, les indices se font fermes à l'approche du verdict de la Fed. A 17h45, le S&P 500 prend 0,81% à 5.660 pts. Le Dow Jones gagne +0,67% à 41.857 pts. Le Nasdaq Composite est solide, avec un gain de +1,1% à 17.701 pts. Alors que l'offensive commerciale de Donald Trump se poursuit, la Fed devrait laisser ses taux d'intérêt inchangés, ce soir.
Du côté des pétroles, le baril de Brent de mer du Nord reprend +0,45% à 70,74$ à 17h45. Le WTI, le baril de référence américain, gagne +0,76% à 67,2$ .
L'euro fléchit de -0,53% face au billet vert, s'échangeant 1,0881$.
L'once d'or va toujours plus haut... et prend +1,14%. Le métal jaune s'échange 3.034$ l'once (2.787 euros), établissant un nouveau record à 3.045,32$ en séance. Le Bitcoin s'apprécie de +2,5%, à 84.588$.
Valeurs en hausse
* Viridien (+8,61% à 74,4 euros). Kepler Cheuvreux a relevé à 'Achat' sa recommandation sur l'un des premiers fournisseurs mondiaux de services et de produits géophysiques destinés aux compagnies pétrolières et gazières. L'analyste affirme que le début 2025 marque un tournant pour Viridien, avec la fin du contrat Shearwater (améliorant l'Ebitda et les économies réalisées) et le refinancement des obligations jusqu'en 2030. Bien que prudente sur les activités sismiques, la société est désormais plus flexible et sa division Géosciences affiche des marges supérieures aux attentes. L'objectif est porté de 45 à 120 euros.
* Schneider Electric (+2,87% à 241,55 euros). Le titre termien en tête du CAC40 devant Safran (+2,06% à 258, euros). RBC Capital a relevé son avis de 'sous-performer' à 'surperformer' en visant 270 euros.
* BNP Paribas (+0,81% à 80,86 euros). La banque campe sur ses meilleurs niveaux boursiers depuis 2027. La Fédération bancaire française a indiqué que les six plus grandes banques françaises soutiennent déjà les entreprises de défense à hauteur de 37 MdsE en prêts, cautions ou lignes de crédit, un effort appelé à se renforcer. Parmi les derniers avis de brokers, HSBC a réhaussé son objectif de 65 à 81 euros sur BNP Paribas, tandis que la Deutsche Bank a relevé sa cible de 80 à 90 euros.
* Crédit Agricole (+1,07% à 16,98 euros). La banque verte est dans le mouvement et progresse au contact des 17 euros, au plus haut depuis la mi-2008 en bourse de Paris. Société Générale se montre plus indécise (+0,29% à 42,87 euros), mais est également sur ses plus hauts historiques.
* Stellantis (+0,41% à 11,628 euros). John Elkann, président du groupe, aux commandes opérationnelles du groupe depuis le départ de Carlos Tavares en décembre 2024, a indiqué que le constructeur automobile nommera un nouveau Directeur général "au cours du 1er semestre 2025". John Elkann a confirmé ce calendrier lors d'une audition devant une commission parlementaire en Italie.
Le président de Stellantis a aussi confirmé que le groupe prévoit d'investir 2 MdsE en Italie en 2025, dans le cadre de plans visant à stimuler la production.
* Dassault Aviation (+0,13% à 316,4 euros). Le titre a touché, ce matin, un nouveau record à 323 euros. La France va acquérir davantage d'avions de combat Rafale. Emmanuel Macron a en effet annoncé, mardi, que le gouvernement allait augmenter ses commandes d'appareils construits par Dassault Aviation pour l'armée française. "Nous allons augmenter et accélérer les commandes de Rafale", a-t-il déclaré lors d'un discours sur la base aérienne de Luxeuil-les-Bains, dans l'est de la France. La base accueillera les deux prochains escadrons de Rafale, a souligné le président, cité par 'Bloomberg'. Un investissement de près de 1,5 MdE pour moderniser la base est attendu. Luxeuil-les-Bains deviendra par ailleurs la première base à accueillir la prochaine version du Rafale, porteur d'un missile nucléaire hypersonique, d'ici 2035.
* Neoen (39 euros). Bye, bye... Brookfield Renewable Holdings, le véhicule créé par Brookfield Asset Management en vue de l'acquisition de Neoen, et les membres du concert annoncent le succès de l'offre publique d'achat simplifiée obligatoire en numéraire portant sur la totalité des actions et des obligations convertibles émises par Neoen qu'ils ne détenaient. A l'issue de la période d'offre, qui s'est déroulée du 13 février au 13 mars, Brookfield Renewable Holdings détiendra seul et de concert, 97,73% du capital social et des droits de vote théoriques de Neoen, ainsi que 100% des OCEANEs 2020 et 95,76% des OCEANEs 2022 en circulation. Brookfield Renewable Holdings va lancer la procédure de retrait obligatoire des actions et les OCEANE.
Valeurs en baisse
* Assystem (-5,04% à 39,55 euros). Le groupe a dégagé, en 2024, un résultat opérationnel d'activité de 40,3 ME, en croissance de +7,8% par rapport à 2023. La marge opérationnelle d'activité s'établit à 6,6%, en ligne avec l'objectif d'environ 6,5% et à comparer à 6,5% sur l'exercice 2023. Le résultat opérationnel consolidé 2024 s'élève à 24,3 ME (42,1 ME en 2023), et le résultat net consolidé s'établit à 7,5 ME contre 102,8 ME en 2023, mais ce montant intégrait un fort impact de la cession de la participation de 5% dans Framatome à EDF. Assystem avait affiché pour l'ensemble de l'exercice 2024 un chiffre d'affaires de 611,3 ME (577,5 ME en 2023), en croissance de +5,8% par rapport à l'exercice précédent, dont +5,2% en organique.
* Thales (-2,10% à 247 euros). Après le très beau parcours de ces dernières semaines, le titre subit quelques prises de bénéfices. Le spécialiste français de la Défense a pourtant fait part d'un nouveau contrat. Il va fournir la suite sonars des sous-marins de classe Orka de la Marine royale néerlandaise. Cette suite sonar permettra aux futurs sous-marins néerlandais d'assurer une parfaite maîtrise de la situation acoustique face à des menaces de plus en plus silencieuses. Cette suite sonar se compose de capteurs acoustiques hautement performants, combinant des sonars d'étrave, de flanc, d'évitement d'obstacle, d'interception, un sonar passif remorqué, des téléphones sous-marins, un échosondeur, et les baies associées de traitement du signal. Ce contrat permettra aux Pays-Bas de disposer de la maîtrise de l'environnement sous-marin nécessaire à la supériorité opérationnelle.
Par ailleurs, dans un contexte de vigilance militaire accrue, les analystes continuent d'ajuster la mire sur le dossier... Morgan Stanley a fortement relevé sa cible sur Thales, de 161 à 244 euros. Les analystes de la banque américaine soulignent que les engagements budgétaires seront au coeur des préoccupations tout au long de l'année. Le sommet de l'OTAN de juin devrait confirmer la hausse de l'objectif de dépenses de défense, et les commandes devraient ensuite arriver à partir de 2026. Morgan Stanley prévoit une nouvelle révision des estimations du consensus, avec des premiers ajustements à la hausse pour les produits à cycle court en 2027, et pour le secteur de la Défense plus largement à partir de 2028, une fois que les extensions de capacité auront commencé et que la croissance sera mieux échelonnée.
* Alstom (-1,26% à 25,13 euros). Le leader mondial de la mobilité durable et intelligente recule malgré l'annonce de deux contrats. D'une part, Alstom fournira à l'Eurométropole de Strasbourg et à la Compagnie des Transports Strasbourgeois (CTS) 27 rames Citadis de nouvelle génération. Elles viendront renforcer le parc de matériel roulant du réseau de la CTS à partir de 2026. Cette commande additionnelle s'inscrit dans le contexte de l'accord-cadre de 8 ans, signé en avril 2023 entre l'Eurométropole de Strasbourg et Alstom, pour un montant maximum de 250 ME. Un premier lot de 12 rames avait été commandé en 2023 et sera progressivement livré à partir du printemps 2025.
D'autre part, Alstom a été choisi par Le Havre Seine Métropole pour fournir les nouvelles rames prévues dans le cadre du projet d'extension de son réseau de tramway. La première commande comprendra 8 rames Citadis de nouvelle génération. Les premières livraisons auront lieu en 2027, en vue de la mise en service de la nouvelle ligne C.
* Aperam (-1,52% à 2,5 euros). Le spécialiste des aciers inoxydables et l'IFC s'associent pour faire progresser la durabilité dans l'industrie sidérurgique. Ce partenariat comprend un paquet financement pour soutenir les efforts de décarbonisation par la production de charbon de bois durable. Le programme de financement de l'IFC est de 250 ME, et comprend 150 ME de fonds propres et 100 ME de fonds mobilisés auprès d'autres bailleurs de fonds.
* Bolloré (-0,27% à 5,48 euros). Selon Reuters, une plainte a été déposée contre le groupe Bolloré, son ancien PDG Vincent Bolloré et son fils Cyrille Bolloré auprès du parquet national financier (PNF), mardi soir. Un collectif anti-corruption exige la restitution de sommes allant jusqu'à plusieurs milliards d'euros, issues des activités portuaires en Afrique de l'Ouest. La plainte pour "blanchiment" et "recel", consultée par Reuters, est formulée par une dizaine d'associations dont les branches camerounaise et ghanéenne de l'ONG anti-corruption Transparency International. Elle est menées par le lanceur d'alerte congolais Jean-Jacques Lumumba. Dans l'immédiat, le groupe Bolloré ne fait pas de commentaire.