Après un début de semaine sous le signe de la résilience, la bourse de Paris se laisse aujourd'hui emporter par la morosité... En clôture, le marché parisien redonne -0,72%, revenant à 7.521 points.
Les marchés restent sous pressions avec les difficultés géopolitiques au Proche et au Moyen-Orient. Les tensions exacerbées de part et d'autre ont, ces derniers jours, impacté le prix du pétrole, qui s'est envolé. Les énergies étant à la base de toute production, les investisseurs sont prudents quant aux conséquences de l'envolée de l'or noir sur l'économie.
Sur le plan de la politique intérieure, la situation de la France continue d'inquiéter les marchés. Le Premier ministre, Michel Barnier, doit faire face à une première motion de censure alors que les échéances budgétaires se précisent.
Enfin, le CAC40 se montre hésitant dans le sillage des marchés américains, hier. Outre-Atlantique, les publications macroéconomiques, notamment sur l'emploi, ne rassurent pas quant à la problématique de surchauffe de l'économie et de gestion de l'inflation. Certains investisseurs redoutent que la Fed ne prenne son temps pour réduire ses taux directeurs. D'ailleurs, 90% des investisseurs tablent sur une baisse de taux de seulement un quart de point lors de la réunion de la Fed, le 7 novembre. Un peu plus de 10% anticipent un statu quo selon le baromètre Fedwatch de CME Group.
A Paris, les secteurs du luxe et des spiritueux ont pesé sur la tendance. En effet, la Chine a imposé des mesures antidumping provisoires sur les importations de certains spiritueux en provenance de l'Union européenne. Elle réagit ainsi au projet de droits de douanes sur les véhicules électriques chinois adopté par l'UE. En Bourse, des dossiers comme Rémy Cointreau, LVMH (fabricant du cognac Hennessy), et le groupe de spiritueux Pernod Ricard, reculent. D'autres mesures pouvant encore être adoptées par le gouvernement de Pékin, Kering, Christian Dior, et Hermès International reculent également.
Sur le plan macro, le bureau des Douanes a publié, ce mardi, un déficit commercial de -7,371 MdsE à fin août pour la France. A la fin juillet, le déficit s'élevait à -6,042 MdsE (chiffre révisé).
En Allemagne, le Dax se tasse de -0,19%, sans pour autant traduire les difficultés économiques pointées par la statistique. En effet, la production industrielle a augmenté de +2,9% en août sur un mois outre-Rhin, portée par une hausse de la production dans le secteur de l'industrie automobile. Seulement, "il n'y a actuellement aucun signe de reprise dans le secteur industriel", a estimé le ministère allemand de l'Economie. L'Office allemand de la statistique a d'ailleurs révisé le chiffre de la production industrielle pour le mois de juillet à une baisse de -2,9% (-2,4% d'évaluation initiale). Les commandes industrielles allemandes ont chuté bien plus que prévu sur un mois. Par conséquent, l'industrie manufacturière de la première économie d'Europe ne devrait pas se redresser dans les prochains mois.
Outre-Atlantique, la place de Wall Street se reprend ce mardi, stimulée notamment par le sursaut de Nvidia (+3,3%). A 17h45, le S&P 500 gagne +0,74% à 5.737 pts. Le Dow Jones prend +0,13% à 42.008 pts. Le Nasdaq est ferme avec un gain de +1,12% à 18.124 pts.
Les opérateurs se focalisent désormais sur les chiffres de l'inflation, qui seront dévoilés en fin de semaine. La saison des trimestriels débutera également vendredi, avec plusieurs grandes banques. En attendant, la place américaine demeure volatile avec l'incertitude géopolitique, et la retombée des attentes de baisse de taux depuis l'annonce de chiffres très "résilients" de l'emploi américain. De plus, Pékin a déçu ce jour en ne dévoilant pas de mesures supplémentaires de relance budgétaire.
Sur le plan macroéconomique, le déficit commercial américain des biens et services pour le mois d'août s'est affiché à 70,4 Mds$, contre un consensus de 71 Mds$ et une lecture révisée à 78,9 Mds$ pour le mois antérieur.
Aujourd'hui, les pétroles marquent une pause. A 17h45, le baril de Brent de mer du Nord plonge de -5,07%, revenant à 77,03$, mais prend encore +3,68% sur les 5 derniers jours de cotations. Le WTI décroche de -5,3% à 73,39$, mais gagne encore +3,55% sur les 5 dernières cotations.
Du côté des devises, l'euro est stable et s'échange 1,09648$.
L'once d'or redonne -1,64%, revenant à 2.608$ (2.379 euros). Le Bitcoin cède -2% à 62.053$.
Valeurs en hausse
* Orange (+1,72% à 10,08 euros). JP Morgan a remonté sa cible de 14,4 à 15,2 euros ('surpondérer') sur l'opérateur de téléphonie.
* Crédit Agricole (+0,58% à 13,86 euros). La banque verte se maintient en territoire positif grâce à Jefferies qui a revalorisé le dossier de 21,6 à 23,4 euros ('achat').
* Saint-Gobain (+0,37% à 81,96 euros). Le groupe poursuit sa chasse aux émissions de CO2. Il a signé avec TotalEnergies (-1,90% à 62,08 euros) un contrat d'achat d'électricité renouvelable ('Power Purchase Agreement' ou PPA) pour alimenter les sites industriels du Groupe en France. Ce contrat prendra effet en janvier 2026, pour un volume global de 875 GWh sur 5 ans. TotalEnergies fournira à Saint-Gobain un volume d'électricité continu et constant sur la période de livraison ('baseload'), associé à des certificats d'origine en quantité équivalente, liés à la production de parcs éoliens ou solaires situés en France.
Valeurs en baisse
* Avec les décisions d'orientation politique de la Chine, les valeurs du luxe pèsent lourdement sur la tendance. Les opérateurs attendaient beaucoup du président de la Commission nationale du développement et de la réforme en Chine. Ils ont été clairement déçus et semblent désormais à nouveau remettre en question la détermination du gouvernement à ajouter de nouvelles mesures de relance. Le luxe avait sans doute rebondi trop fortement, fin septembre, dans l'anticipation de ces mesures de relance budgétaire et économique de la Chine. Il le paie aujourd'hui Ainsi : LVMH recule de -3,57%, avec Kering (-4,45% à 236,35 euros) et Hermès International (-0,6% à 2.149 euros).
* Pernod Ricard (-4,18% à 125,95 euros) et Rémy Cointreau (-6,37% à 61,75 euros) corrigent également alors que le Ministère chinois du Commerce a annoncé l'instauration, à partir du 11 octobre, de mesures protectionnistes contre les importations de certaines catégories de spiritueux en provenance de l'Union européenne.
* D'autres secteurs industriels sont également sanctionnés : Eramet (-4,32% à 67,5 euros) ou Mersen (-6,29% à 26,8 euros).
* Cogra (-6,78% à 6,68 euros). Le groupe affiche un début d'exercice avec une activité de 8,5 ME, contre 13,1 ME un an plus tôt (-35%). "Comme attendu, la base de comparaison avec le 1er trimestre de l'exercice précédent, qui représentait 33% du chiffre d'affaires de l'exercice 2024, est anormalement élevée", commente la société. Face à la crise énergétique, la période avait été marquée par la constitution de stocks d'anticipation et la hausse de prix des granulés. A 8,5 ME, le chiffre d'affaires du 1er trimestre 2024/25 est proche de celui d'avant la crise énergétique (8,8 ME au 1er trimestre 2022/23).
* Ubisoft (-4,07% à 13,09 euros). Deuxième séance de net repli pour l'éditeur de jeux vidéo qui ne profite guère d'une note d'UBS. Le banquier suisse a relevé à 'neutre' son avis sur le dossier avec un objectif ajusté de 16 à 14,5 euros. Les rumeurs d'une offre potentielle de Tencent et de la famille Guillemot "ont créé une situation particulière", mais UBS reste prudent sur les fondamentaux de l'entreprise.
* Forvia (-3,72% à 8,278 euros). Goldman Sachs a coupé son objectif de cours de 20 à 15 euros ('achat') et Citi de 20 à 12,8 euros ('achat').
* Argan (-3,14% à 71 euros). Le spécialiste du développement et de la location de plateformes logistiques premium a annoncé la cession de son datacenter de Wissous (Essonne) à Invesco Real Estate pour une surface de plus de 22.000 m2. Cet actif est entièrement loué à Cyrusone. La cession s'est établie sur un prix de 59 ME hors droits, en ligne avec la valeur d'expertise au 30 juin 2024.
Après la vente d'un entrepôt de 18.000 m2 près de Caen, cette 2e transaction conclut le programme d'arbitrages d'Argan pour 2024 sur une enveloppe totale de 77 ME, conforme à l'objectif annoncé pour l'année. Ces deux cessions reflètent, par ailleurs, un rendement combiné conforme au taux Prime français, témoignant de la qualité et de l'attrait des actifs du portefeuille d'Argan, localisés sur des emplacements très recherchés. Le cash généré par les arbitrages de 2024 s'inscrit plus globalement dans l'objectif du groupe d'autofinancer son développement et de poursuivre son désendettement.