LA TENDANCE
Après 3,31% de baisse hier, le CAC40 a encore perdu 4,26% ce vendredi, de retour à 7.274 points, effaçant son avance annuelle, l'indice perdant même désormais 1,4% depuis le 1er janvier... Au lendemain des annonces spectaculaires de Donald Trump sur les droits de douane américains, la Chine a été la première grande puissance à riposter avec une série de mesures, notamment des taxes sur toutes les importations américaines et des contrôles à l'exportation de terres rares. Pékin imposera ainsi des droits de douane de 34% sur toutes les importations en provenance des États-Unis à compter du 10 avril, soit le même niveau que les droits de douane dits "réciproques" imposés par Trump sur les produits chinois.
"La rapidité avec laquelle les contre-mesures ont été déployées témoigne d'un niveau élevé de réflexion et d'une série de réponses appropriées pour riposter aux États-Unis", indique à 'Bloomberg' Dylan Loh, professeur adjoint à l'Université technologique de Nanyang à Singapour. "Cela permet de trouver un équilibre entre infliger une certaine souffrance sans être perçu comme une réaction excessive". Pékin a par ailleurs annoncé un renforcement des contrôles sur les exportations de terres rares vers les États-Unis, à compter du 4 avril... Les autorités ont présenté cette mesure comme un moyen de "mieux protéger les intérêts nationaux" et de "remplir les obligations internationales (de la Chine) comme la non-prolifération" nucléaire.
Donald Trump a répondu que la réponse chinoise n'était pas la bonne et que Pékin avait "paniqué"... De quoi faire s'accélérer la chute des marchés mondiaux qui redoutent plus que jamais une escalade ! "Les droits de douane nous donnent un grand pouvoir de négociation", a déclaré Donald Trump. Interrogé sur la possibilité d'un assouplissement des annonces initiales, le président américain a répondu : "Cela dépend... Si quelqu'un vous dit que nous allons vous offrir quelque chose d'aussi phénoménal, pourvu qu'il nous offre quelque chose de bon". Trump a toutefois signalé que d'autres taxes étaient en préparation, ciblant notamment les puces et l'industrie pharmaceutique... Ce vendredi, les marchés ont perdu entre 4 et 6% en Europe, à l'image de Francfort, Bruxelles, Madrid ou Milan. Wall Street recule encore de 4% sur le Nasdaq actuellement, tandis que Jerome Powell a pris la parole vers 17H30 en estimant qu'il était encore trop tôt pour évaluer l'impact sur l'économie des annonces de Donald Trump. Le président américain a lui saisi l'occasion pour appeler de nouveau la Fed à baisser ses taux...
En attendant, l'euro a campé sur les 1,10/$, tandis que le pétrole a plongé sur les 65$ le brent, au plus bas depuis 2021...
VALEURS EN BAISSE
Valneva retombe de 17% suivi de Viridien (-12%)
Nouvelle chute du secteur bancaire européen à l'image de Société Générale (-10%) et BNP Paribas qui abandonne plus de 6%. Le secteur est le moins performant d'Europe pour la deuxième journée consécutive, alors que la déroute boursière mondiale se poursuit, avec les craintes pesant sur la croissance économique à la suite de l'annonce d'importants tarifs douaniers aux Etats-Unis.
Scor perd 10%, suivi de Poxel, Ekinops, Adocia
Bic trébuche de 9% à 54,5 euros et aligne une cinquième séance consécutive dans le rouge. Kepler Cheuvreux a dégradé le spécialiste des articles de papeterie et autres briquets à 'conserver'.
URW : -9% avec SFPI, Nexans, S30
Exail : -8% suivi de Vallourec, VusionGroup
Airbus recule encore de plus de 7%. Le marasme provoqué par les droits de douane US risque de perdurer et d'affecter la chaîne d'approvisionnement dans un secteur aéronautique déjà soumis à la pression inflationniste ambiante.
Dassault Aviation : -7% avec Alstom, Ubisoft, Covivio, Seb, Forvia
Les autres groupes industriels exportateurs du CAC40 les plus sanctionnés sont ArcelorMittal, Stellantis et Saint-Gobain, en baisse de 6 à 8%.
Dans le rouge pour la huitième séance consécutive, Sodexo perd aussi 6% après sa publication semestrielle qui faisait suite à l'avertissement sur résultats du mois dernier. Le groupe de services de restauration avait révisé à la baisse ses perspectives annuelles à l'occasion d'une estimation de ses résultats semestriels, anticipant désormais une croissance interne du chiffre d'affaires entre 3% et 4%, et une hausse de la marge d'exploitation entre +10 à +20 points de base, à taux constants.
Vivendi : -6% suivi de DBV, Ose, Casino, SMCP, Technip Energies, Schneider
Infotel : -5% avec Eutelsat
#Danone| (-0,9%) continue de résister à la dégringolade du marché. Le géant de l'agroalimentaire bénéficie ce matin du soutien de Morgan Stanley qui a relevé sa recommandation à 'surpondérer' tout en portant sa cible de 67 à 80 euros. La banque estime que l'entreprise française se négocie avec une décote " injustifiée " par rapport à Nestlé, compte tenu de son positionnement plus attractif. L'entreprise est moins exposée aux inquiétudes américaines que son homologue suisse, selon le courtier. Ce dernier ajoute que sa préférence est soutenue par l'exposition de Danone à des catégories plus attractives, exploitant des " mégatendances " comme les aliments riches en protéines et les GLP-1, une qualité de résultats supérieure, une plus grande puissance de bilan et des attentes de marché plus réalistes.
Akwel (-0,7%) a enregistré en 2024 une baisse de son résultat opérationnel courant de -37,1% à 38,4 ME, extériorisant une marge opérationnelle courante en retrait de 1,8 point à 3,9%. Le résultat net part du Groupe ressort à 24,2 ME (-32%), soit une marge nette de 2,4%, en baisse de -0,9 point. Akwel invoque les tensions inflationnistes sur les matières premières et composants mais surtout sur la masse salariale, ce qui pèse fortement sur la rentabilité opérationnelle courante dans un contexte de baisse d'activité et de maintien des dépenses essentielles pour construire l'avenir du Groupe. Akwel a quand même dégagé un free cash flow de 55,4 ME sur l'exercice et une trésorerie nette positive en fin de période de 133,4 ME (y compris obligations locatives), contre 105 ME fin 2023.