"Une étape importante" : une proposition de loi visant à convertir au gaz naturel et au biogaz la centrale à charbon Emile-Huchet de Saint-Avold (Moselle) a été mise mercredi sur les rails, une lueur d'espoir pour ses salariés jusqu'alors très inquiets pour l'avenir du site.
La centrale lorraine est "l'une des deux dernières centrales à charbon" de France, avec celle de Cordemais (Loire-Atlantique), "qui devaient fermer en France d'ici à fin 2027 et le président (de la République Emmanuel Macron) avait pris l'engagement de la transformer fin 2023 en centrale à biomasse", a rappelé lors d'une intervention au Sénat le ministre de l'Economie et des Finances Eric Lombard, interrogé sur le sujet par la sénatrice LR de Moselle Catherine Belrhiti.
"L'engagement pris par le président (...) sera tenu parce que d'autres évolutions ont été prévues de façon à ce qu'on puisse recourir au gaz naturel ou au biogaz", a ajouté le ministre, en rappelant toutefois que "les textes ne permettent pas d'opérer cette transformation à droit constant" et qu'"un amendement qui a été proposé dans le cadre du projet de loi de finances a été rejeté".
"Malgré cela, une proposition (de loi) transpartisane (...) est portée par cette assemblée et (...) je peux vous assurer que (...) nous trouverons un moment pour (qu'elle) puisse être débattue et adoptée" afin "que vive cette belle centrale de Saint-Avold", a déclaré M. Lombard.
- "Ingrédients réunis" -
Le texte sera examiné le 25 mars, selon l'ordre du jour communiqué mercredi par le Sénat.
"Nous avions besoin d'un texte législatif pour la conversion de cette centrale à charbon", a-t-on indiqué du côté de Bercy, soulignant que "tous les ingrédients étaient réunis pour une (proposition de loi) transpartisane".
Dans un communiqué, GazelEnergie, propriétaire du site, voit dans ce texte "une étape importante dans le projet de reconversion industrielle postcharbon" du site.
"Coordonnée par l'ensemble des sénateurs de Moselle, avec le soutien de l'ensemble des élus locaux mosellans, cette initiative parlementaire transpartisane va permettre de poser les bases législatives permettant à la centrale (...) de poursuivre son activité et d'assurer la sécurisation de l'approvisionnement en électricité de la région Grand-Est tout en réduisant très significativement son empreinte carbone", se félicite GazelEnergie.
La conversion, qui représente un investissement "de plusieurs dizaines de millions d'euros de la part" de l'énergéticien, "permettra de maintenir les emplois sur le site de la centrale", ajoute l'entreprise.
Emile-Huchet emploie 150 personnes, pour 500 emplois directs et indirects, selon la CFDT.
Grosse émettrice de CO2, elle devait déjà fermer ses portes en mars 2022, mais entre guerre en Ukraine et déboires du parc nucléaire, elle a repris du service et assure un rôle de sécurisation de l'approvisionnement en hiver.
En septembre 2023, Emmanuel Macron avait annoncé sa conversion ainsi que celle de Cordemais d'ici 2027 vers une énergie plus verte. Mais des discussions enlisées et les changements de gouvernement successifs avaient semble-t-il relégué l'avenir des centrales au second plan.
Député LFI de Loire-Atlantique, Matthias Tavel a de son côté interpellé M. Lombard sur X quant à l'avenir du site proche de Nantes : "votre engagement vaut-il aussi pour la centrale EDF (détenu à 100% par l'Etat) de Cordemais dont la fermeture a été annoncée?"
- "Considération" -
L'annonce de M. Lombard a été accueillie avec soulagement en Moselle, où l'inquiétude montait chez les salariés de la centrale, dont les contrats de travail prenaient fin en avril.
"GazelEnergie a accepté de prolonger les contrats de travail des salariés jusqu'au 31 août 2025, le temps que cette avancée puisse se traduire concrètement", a précisé l'entreprise dans son communiqué.
"Enfin un petit de peu de considération pour les salariés", a réagi auprès de l'AFP Thomas About, délégué CFDT, syndicat majoritaire chez GazelEnergie, en réaction aux propos de M. Lombard.
"On ne crie pas victoire" pour autant, a-t-il tempéré, invitant le ministre "à continuer dans cette voie et à nous rendre visite sur le site".
"Cette annonce est une bonne nouvelle pour sauver des centaines d'emplois en Moselle-Est, pour assurer notre souveraineté énergétique et pour décarboner notre production électrique en passant du charbon au gaz", s'est réjoui de son côté sur X Alexandre Loubet, député Rassemblement National (RN) de Moselle et vice-président du parti.
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