(AOF) - "La hausse continue des déficits abyssaux et des ratios de dette sur PIB ont su enraciner la dette publique comme un solide marronnier de la presse financière. Pourtant, à la suite des élections en Europe et des ouvertures de procédure de déficit excessif, le sujet – oublié par les gouvernements passés – redevient aussi un sujet politique. En 2025 en effet, la question du rééquilibrage fiscal des pays développés ne pourra pas être contournée", explique Nicolas Forest, CIO de Candriam.
Depuis la création de la zone euro, trois crises majeures expliquent à elles seules 35% de la hausse de la dette publique européenne, qui s'élevait à 13 800 milliards d'euros à fin 2023.
Or, alors que le déficit moyen a évolué entre -0,5% et -2% hors crises (financière, pandémie et hyperinflation), il a explosé à 3,5% du PIB en 2023, en moyenne. Onze pays – dont la Belgique et la France – ont largement creusé ce plancher des 3%. En 2024, les déficits respectifs de ces deux pays pourraient par exemple atteindre 4,9% et 6%, un niveau jamais atteint depuis l'après-guerre, hors crises.
"Comment expliquer de tels déficits ? Et comment contenir la dette publique qui, en l'absence de crise structurelle, doit être contenue", s'interroge Nicolas Forest.
Selon l'équation de la soutenabilité de la dette, il est compliqué d'envisager que les trois facteurs structurels permettant de réduire la dette publique puissent agir en ce sens : l'inflation, le coût de la dette et le déficit.
Pour le premier facteur, en 2023, l'hyperinflation de 8% a temporairement permis de maîtriser la dette. En 2025, l'inflation attendue approchera 2%, ce qui ne permettra pas d'éroder le ratio de dette publique.
Pour le second facteur, il explique que "la forte baisse des taux entre 2010 et 2020 a permis aux Etats de rallonger la duration de leur dette, passant de 6,7 années à 7,9 années à un taux moyen de 2,65%. En 2025, malgré la baisse des taux directeurs annoncée, le coût de la dette sera en moyenne de 2,25%, ce qui ne permettra pas de juguler la dette.
Pour le troisième facteur, il signale que "les Etats ont toujours la possibilité de baisser leurs dépenses ou d'augmenter leurs revenus. Les dépenses moyennes ont progressé en Europe, notamment via l'effet du vieillissement de la population, qui pèse sur le déficit.
Quant aux revenus, ils dépendront principalement des perspectives de croissance qui seront faibles, proches de 1%. Dans ces conditions, le débat sur la fiscalité devrait être central. Avec un taux d'imposition moyen sur les entreprises de 21,3%, l'UE pourrait opérer un tour de vis sur les entreprises ou les ménages, ce qui impactera la consommation.
"Néanmoins, il sera compliqué de réduire un tel déficit sans impacter davantage les perspectives de croissance, ce qui pourrait in fine devenir contre-productif – souvenons-nous ici de l'effet négatif des programmes d'austérité et de réformes sévères sur les ratios de dette en Grèce", prévient le CIO de Candriam.
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