Belgique: accord de gouvernement conclu après sept mois de négociations

Sept mois et demi après les élections législatives en Belgique, un accord de gouvernement a été conclu vendredi autour du chef des conservateurs flamands, Bart De Wever, à qui devrait rapidement reven...

Sept mois et demi après les élections législatives en Belgique, un accord de gouvernement a été conclu vendredi autour du chef des conservateurs flamands, Bart De Wever, à qui devrait rapidement revenir le poste de Premier ministre.

L'accord a été arraché après une dernière session marathon de près de soixante heures de discussions quasi ininterrompues entre cinq présidents de parti, à l'Ecole royale militaire à Bruxelles.

Bart De Wever, pilote de cette négociation ardue depuis l'été dernier, avait lui-même fixé l'échéance du 31 janvier pour aboutir à un accord, prévenant qu'il risquait de renoncer définitivement à sa mission en cas d'échec.

In extremis, il a été reçu peu après 22H00 (21H00 GMT) par le roi Philippe, à qui il a fait part de l'accord intervenu entre les cinq partenaires, selon le Palais royal.

Celui qui est maire d'Anvers depuis 2013 pourrait prêter serment comme Premier ministre devant le souverain dès lundi selon les médias belges, devenant le premier indépendantiste flamand à diriger un gouvernement en Belgique.

Son parti, l'Alliance néoflamande (N-VA), a été une seule fois associé au gouvernement, entre 2014 et 2018.

Cette fois, la N-VA va partager le pouvoir avec les partis francophones MR et Engagés (libéral et centriste), ainsi qu'avec les chrétiens-démocrates flamands (CD&V) et les socialistes flamands de Vooruit, seul partenaire de gauche.

Ensemble, ces cinq formations représentent 81 des 150 députés de la nouvelle Chambre élue le 9 juin dernier.

C'est "le jour de vérité", titrait vendredi le quotidien francophone Le Soir, tandis que De Standaard, côté flamand, relevait en Une que le président de Vooruit, Conner Rousseau, était confronté à un moment critique et aux "décisions les plus difficiles" de sa carrière.

Les socialistes flamands occupaient la position la plus inconfortable dans cette négociation, confrontés à un programme de réformes socio-économiques très critiquées par les syndicats et la gauche francophone rejetée dans l'opposition.

Le syndicat chrétien ACV-CSC a comparé les réformes envisagées par Bart De Wever et ses partenaires de centre droit à un "catalogue des horreurs", contenant, entre autres, "durcissement de l'accès à la pension, de la politique migratoire, dégradation des conditions de travail".

- "Récompenser le travail" -

Dès l'annonce de l'accord de coalition, les écologistes ont dénoncé "un gouvernement Titanic ignorant les enjeux climatiques".

"Les négociateurs ont-ils écouté les changements de cap exigés massivement par les citoyens ces derniers jours?", a réagi de son côté sur X le président du PS (francophone) Paul Magnette.

Une référence à la forte mobilisation des syndicats dans la rue depuis la mi-janvier, notamment contre la réforme envisagée des régimes spéciaux de retraite.

Une des réformes phares de la future coalition sera la limitation à deux ans des allocations chômage. La N-VA et son principal partenaire francophone le Mouvement réformateur (MR, libéral) n'ont cessé de répéter vouloir "récompenser le travail" pour financer l'économie.

En revanche, Bart De Wever a réussi à amadouer les socialistes flamands en renonçant à réformer le système d'indexation des salaires sur l'inflation, selon les éléments de l'accord ayant fuité vendredi soir.

De son côté le président du MR Georges-Louis Bouchez, qui s'était dit fermement opposé à toute augmentation de la pression fiscale, a dû lâcher du lest en acceptant l'instauration d'une taxe de 10% sur les plus-values boursières.

L'accord de gouvernement doit encore être validé par les cinq partis, qui réuniront leurs états-majors ce week-end.

Comme Premier ministre, M. De Wever, 54 ans, va remplacer Alexander De Croo arrivé à ce poste en octobre 2020.

Ce libéral flamand, dont le parti a été l'un des perdants des élections de juin, est depuis près de huit mois à la tête d'un gouvernement démissionnaire. Une période dite d'"affaires courantes" qui n'a pas atteint le record de 2010-2011, quand la Belgique avait vécu 541 jours dans cette situation.

© 2025 AFP

Le chef des conservateurs flamands (N-VA), Bart De Wever, et le roi Philippe de Belgique, avant une réunion pour discuter des négociations en vue de former un gouvernement fédéral au Palais Royal à Bruxelles, le 31 janvier 2025
Le président du PS (francophone) Paul Magnette, le 16 janvier 2025 à Bruxelles