L'affaire semble mal partie. Mediobanca verrait peu d'intérêt à un rachat par Banca Monte dei Paschi di Siena en raison de différences stratégiques et d'un manque de création de valeur. Le groupe basé à Sienne se concentre sur les prêts commerciaux et de détail, tandis que Mediobanca est une banque d'investissement spécialisée et une société de gestion de patrimoine. Un rapprochement risque de diluer la croissance de Mediobanca, qui dépend moins des taux d'intérêt, et pourrait inciter les principaux négociateurs et gestionnaires de patrimoine à fuir, selon des personnes proches du dossier citées par 'Bloomberg'.
Monte dei Paschi a annoncé vendredi vouloir lancer une offre d'achat sur son homologue transalpine à hauteur de 15,92 euros par action, soit 13,3 milliards d'euros. Monte Paschi offre 23 nouvelles actions pour 10 actions Mediobanca détenus, dans le but de créer une nouvelle banque classée parmi les trois premières institutions du pays en termes d'actifs totaux. Mediobanca remettrait en question l'objectif d'économies de coûts de 300 millions d'euros que Monte Paschi a fixé tandis que l'attente de Monte Paschi selon laquelle un accord pourrait générer environ 300 ME de revenus supplémentaires ne serait pas non plus perçue comme réaliste, selon les sources de l'agence.
Le scepticisme au sein de Mediobanca fait écho aux inquiétudes de certains acteurs du marché à propos d'un tel accord, même si Rome soutient l'initiative de Monte dei Paschi, dont l'Etat possède environ 11,7%. Le vice-Premier ministre italien Antonio Tajani s'est ainsi montré positif sur cette offre : "toute initiative du marché visant à renforcer notre système bancaire, qui est déjà sain, est la bienvenue".
Les analystes de HSBC voient "plusieurs points d'interrogation sur les avantages et le succès de la combinaison", tandis que Morgan Stanley estime que l'adéquation stratégique n'est "pas évidente". Mediobanca prépare actuellement son analyse et sa défense potentielle. Son Conseil d'administration doit examiner l'offre perçue comme hostile lors d'une réunion convoquée mardi.