Atos: le rachat des activités stratégiques par l'Etat reporté

Le rachat par l'État des "activités stratégiques" du géant français de l'informatique Atos, annoncé en mars, voit son horizon s'éloigner, alors que l'entreprise en grande difficulté et le ministère de...

Le rachat par l'État des "activités stratégiques" du géant français de l'informatique Atos, annoncé en mars, voit son horizon s'éloigner, alors que l'entreprise en grande difficulté et le ministère de l'Economie ont annoncé une prolongation des négociations lundi.

L'offre visant à acheter les activités jugées stratégiques et sensibles d'Atos (supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, contrats avec l'armée française, produits de cybersécurité) "a expiré", sans accord des deux parties, a sobrement indiqué le groupe aux plus de 90.000 salariés dans 69 pays.

Atos a précisé sa volonté de "poursuivre les discussions" et a indiqué avoir transmis "nouvelle proposition" à l'État.

Le nouveau ministre de l'Économie Antoine Armand n'a pas tardé à réagir: l'État "entend poursuivre ses négociations" et "proposera un nouveau schéma d'acquisition prochainement", a-t-il annoncé dans un communiqué.

Preuve de son engagement dans la voie d'une préservation de ces technologies sensibles, le groupe a également annoncé que "la mise en place d'une action de préférence" permettant à l'État de mettre son veto à certaines opérations au niveau de Bull, la filiale qui construit les supercalculateurs, "se poursuit (...), avec l'objectif de la mettre en ?uvre d'ici la fin de l'année".

En mars, la France, par la voix de son ancien ministre de l'Économie Bruno Le Maire, s'était portée au chevet de l'ancien fleuron national de l'informatique.

Atos, en proie à une gouvernance en perpétuel changement depuis plusieurs années et à une dette de près de 5 milliards d'euros, venait d'annoncer que le projet de rachat d'une partie de ses activités par Airbus n'aboutirait pas.

Là où l'avionneur français renonçait aux activités "big data et sécurité", l'État a vu des "activités souveraines" et le risque qu'elles "passent dans les mains d'acteurs étrangers". Pour préserver les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, les contrats avec l'armée française et les produits de cybersécurité, 700 millions d'euros ont été mis sur la table en juin.

- Plan de sauvegarde -

Le groupe, qui a perdu plus de 90% de sa valeur en Bourse depuis le début de l'année et a revu à la baisse ses projections pour la période 2024-2027, s'est voulu rassurant lundi.

Atos a ainsi précisé que l'expiration de l'offre n'avait "aucun impact (...) sur le processus de restructuration financière en cours". La nouvelle proposition transmise à l'exécutif est d'ailleurs "compatible" avec ce plan de restructuration, insiste l'entreprise.

En juillet, le tribunal de commerce de Nanterre a ouvert une procédure de sauvegarde accélérée, après que le groupe a débuté en janvier une restructuration sous l'égide d'une administratrice judiciaire.

Le plan de sauvegarde, qui comprend notamment une augmentation de capital de 233 millions d'euros et une réduction de la dette d'environ 3 milliards d'euros, repose sur l'accord auquel est parvenu Atos avec les banques et les créanciers.

Présenté au vote des créanciers et des actionnaires, il a d'ores et déjà obtenu leur soutien fin septembre mais reste soumis à la validation du tribunal de commerce le 15 octobre.

Autre dossier lancinant: Atos devrait à nouveau changer de dirigeant. Depuis le départ de l'ancien directeur général Paul Saleh, le président du conseil d'administration Jean-Pierre Mustier a endossé la casquette de PDG, à titre temporaire.

Selon plusieurs médias, le groupe a mandaté le cabinet Egon Zehnder pour lui trouver un successeur.

© 2024 AFP

Le siège d'Atos à Bezons, près de Paris, le 26 avril 2024
Le ministre des Finances Antoine Armand, à l'Élysée, le 1er octobre 2024