ArcelorMittal: "journée noire" dans les centres de services, contre les projets de fermetures

Deux sites bientôt fermés et la crainte que ce ne soit que le début: les salariés des centres de services français d'ArcelorMittal sont en grève mardi pour défendre leurs emplois, après la confirmatio...

Deux sites bientôt fermés et la crainte que ce ne soit que le début: les salariés des centres de services français d'ArcelorMittal sont en grève mardi pour défendre leurs emplois, après la confirmation lundi de la suppression de 135 postes.

Ce mouvement à l'appel d'une intersyndicale (CGT, CFDT, FO, CFE/CGC), qui a débuté lundi sur certains sites, fait suite à l'annonce des projets de fermeture de deux sites de la société, à Reims (Marne) et Denain (Nord), avec la suppression de 135 emplois (113 à Reims, 21 à Denain et un à Ottmarsheim dans le Haut-Rhin).

La direction a confirmé ce projet lundi, annonçant également la création de 19 emplois sur d'autres sites.

A l'entrée du site de Denain, entre des feux de palettes, environ 150 personnes se sont rassemblées mardi à la mi-journée. Des salariés locaux, mais aussi d'autres sites industriels de la région venus les soutenir, dont des salariés d'ArcelorMittal Dunkerque, ainsi que des élus.

Pour Gaëtan Lecocq, secrétaire général CGT ArcelorMittal Dunkerque, qui emploie plus de 3.000 personnes, "un scénario noir est en train de s'écrire", où Denain et Reims ne sont que "le début d'une longue liste" de sites que le géant de la sidérurgie pourrait fermer.

L'annonce de la fermeture du site de Denain, "ça m'a choqué, j'aurais jamais pensé ça, on ferme alors qu'on était dans le vert", confie à l'AFP Patrick Descamps, casque et gilet orange, bientôt 60 ans, dont 19 au sein d'ArcelorMittal Centres de services à Denain. Il souligne que les anneaux olympiques fixés sur la tour Eiffel sont sortis de cette usine.

ArcelorMittal "a bien profité de l?État", notamment via le dispositif d'activité partielle de longue durée, en vigueur depuis deux ans, accuse-t-il, comme de nombreuses personnes présentes.

Salariés et syndicats déplorent également qu'un groupe de cette ampleur ne propose que très peu de solutions de reclassement aux salariés dont les postes sont supprimés et refuse, selon eux, des offres de reprise du site de Denain.

Le groupe a expliqué les suppressions de postes par "un marché en baisse de 30% depuis 2019" et "les importations extra-européennes à bas prix [qui] déséquilibrent les conditions de concurrence".

Outre à Reims, Denain et Ottmarsheim, cette activité des centres de services, qui transforment des bobines d'acier en feuilles de tôles, vendues à des clients dans l'automobile, la construction et l'industrie, est implantée à Bruyères-sur-Oise (Val d'Oise), Gray (Haute-Saône), Pontcharra (Isère), Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et Woippy (Moselle).

Les huit sites emploient en tout quelque 453 salariés, selon la direction. Mais au-delà des centres de service, les syndicats craignent une réaction en chaîne et la fermeture de nombreux sites du groupe, qui emploie en France quelque 15.400 salariés.

D'autant qu'ArcelorMittal a confirmé lundi mettre en "stand-by" les colossaux projets de décarbonation de ses hauts-fourneaux, cruciaux pour le maintien du groupe en France et en Europe, réclamant des mesures de Bruxelles pour "préserver la compétitivité" de l'acier européen face à la concurrence chinoise.

Autre illustration de la crise actuelle de la sidérurgie européenne, la branche acier du conglomérat allemand Thyssenkrupp a elle annoncé lundi une réduction de 11.000 postes d'ici à 2030.

© 2024 AFP

Une banderole de la CGT lors d'une manifestation de salariés d'ArcelorMittal contre la fermeture de l'usine de Saint-Brice-Courcelles, près de Reims, le 25 novembre 2024
Des salariés d'ArcelorMittal devant leur usine de Saint-Brice-Courcelles, près de Reims, le 20 novembre 2024