Alten paie cher la faible visibilité au niveau mondial. Le groupe d'ingénierie et de conseil en technologies a vu son chiffre d'affaires reculer de 0,5% à 1,06 milliard d'euros au premier trimestre (-5,5% à changes et périmètre constant). La société, qui n'avait pas publié d'objectifs annuels détaillés lors de la présentation de ses résultats 2024 en février, anticipe désormais "une décroissance organique d'environ 6% au premier semestre", et indique ne pas disposer de visibilité suffisante pour le second semestre.
"Après une stabilisation de l'activité fin 2024 et début 2025, le contexte géopolitique et économique mondial a généré incertitude et manque de visibilité. Plusieurs grands groupes ont adopté une stratégie attentiste, préférant à nouveau geler ou reporter leurs projets d'investissement", a indiqué le management.
La cacophonie provoquée par les tarifs douaniers de D.Trump, accentuée par la prudence historique du management, conduisent à un discours ultra prudent après un T1 faible, mais pas radicalement différent des indications de fin février, explique Invest Securities. La guidance pour le trimestre en cours, les indications sur la marge semestrielle et l'absence de guidance pour le S2 en raison d'une visibilité insuffisante amènent le courtier à réduire sensiblement ses estimations de BPA 2025-2027 et donc son cours cible de 144 à 136 euros. Alors que le rebond de début d'année a été totalement effacé après les événements de fin mars, la revalorisation du titre devra attendre l'amélioration du momentum qui est à nouveau repoussée... L'analyste reste à l''achat' pour des questions de valorisation et de qualité d'exécution.
Sur cette publication plus que le T1 inférieur aux attentes c'est surtout la poursuite de la détérioration d'activité attendue au T2 qui est problématique, note pour sa part Oddo BHF. L'analyste réduit ses estimations de résultats et son objectif de 100 à 96 euros. Malgré tout, au regard de la valorisation actuelle du titre (7x VE/EBIT fwd 12m après révisions vs 8,5x pour les pairs et vs 10x historiquement et même 7,2x en point bas lors du Covid), il semble que le marché anticipait largement cette forte détérioration de l'activité à court terme, contrairement au consensus sell side. En considérant qu'il s'agit d'un trou d'air conjoncturel, peut-être même surestimé en raison du stress intense subi par les donneurs d'ordre lors de l'escalade tarifaire incontrôlée, la révision des prévisions de BPA pourrait être compensée par un début de re-rating, estime le courtier, à 'surperformance' sur le titre. Gilbert Dupont dégrade de son côté le dossier à 'accumuler'.
Le titre chute de plus de 11% à 73,6 euros dans les premiers échanges de la journée.