L'année 2024 restera marquée comme une année record pour les jeux d'argent en France... Selon le bilan de l'Autorité nationale des jeux (ANJ) publié ce mercredi, le chiffre d'affaires du secteur - mesuré par le produit brut des jeux (PBJ) - a atteint 14 milliards d'euros, en hausse de 4,7% par rapport à 2023. Cette performance s'explique notamment par la dynamique exceptionnelle des paris sportifs, stimulée par l'Euro de football et les Jeux olympiques de Paris.
"Le marché français progresse à un rythme comparable aux grands marchés européens. Si les opérateurs ont été particulièrement actifs en 2024 du fait d'événements sportifs majeurs, les premiers mois de l'année 2025 confirment cette dynamique de croissance", souligne Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l'ANJ, citée dans un communiqué. Elle souligne toutefois deux priorités : "la nécessaire réorientation du modèle économique du secteur vers un jeu d'argent moins intensif et moins centré sur les joueurs à risques" et "la mobilisation de l'ensemble des parties prenantes pour changer les représentations associées aux jeux d'argent".
Les jeux en ligne confirment leur essor avec un PBJ de 2,6 milliards d'euros, soit une progression de 12% sur un an. Le pari sportif en ligne constitue à lui seul près de 1,8 milliard d'euros (+19%), représentant 43% de la croissance totale du marché. Le nombre de comptes joueurs actifs a bondi à 5,7 millions (+11%), avec une population plus jeune - 30% des parieurs ont entre 18 et 24 ans - et davantage féminisée. Le poker recule légèrement (-2%), tandis que les paris hippiques progressent modestement (+1%).
Le football, le tennis, le basketball et le rugby
La dynamique de croissance en ligne repose également sur des stratégies commerciales offensives, avec des dépenses publicitaires en hausse et une multiplication des offres promotionnelles. "Le maintien d'un niveau élevé de gratifications financières et le déploiement de stratégies de ventes croisées" ont contribué à l'intensification des pratiques de jeu, relève l'ANJ. L'an dernier, le football, le tennis, le basketball et le rugby ont représenté à eux seuls 87,5% des mises sur les paris sportifs en ligne.
Avec une part de marché proche de 50%, FDJ United consolide sa position de leader en France. Son PBJ dépasse pour la première fois les 7 milliards d'euros (+6%), principalement grâce à la loterie (5,8 milliards d'euros). En revanche, le PMU enregistre un léger repli de son PBJ (-2%), bien que "le bassin de joueurs du PMU est en progression de 6% en 2024 (3,5 millions de joueurs)", retrouvant son niveau d'avant-crise sanitaire. Les casinos terrestres ont connu une année plus stable, avec un PBJ de 2,7 milliards d'euros (+1,2%) et 31 millions d'entrées. Les clubs de jeux, quant à eux, affichent un ralentissement de leur activité à 123 millions d'euros de PBJ.
Pour 2025, le régulateur met en garde contre un risque d'intensification des pratiques, malgré l'absence d'événements sportifs majeurs. Une nouvelle taxe sur les dépenses publicitaires des opérateurs entrera en vigueur le 1er juillet, tandis qu'une expérimentation autour des jeux à objets numériques monétisables (JONUM) débutera en septembre. L'ANJ appelle à "une mobilisation collective pour changer les représentations autour du jeu et orienter le secteur vers une pratique plus modérée".