Wall Street tutoie les sommets, après le choix de Bessent au Trésor US...

Wall Street tutoie les sommets, après le choix de Bessent au Trésor US

La place US progresse encore ce lundi, les trois principaux indices étant orientés sur ou proches de leurs sommets. Le S&P 500 gagne 0,38% à 5.992 pts, le Dow Jones 0,90% à 44.694 pts et le Nasdaq 0,42% à 19.083 pts. Les marchés apprécient notamment la nomination attendue du gérant de fonds Scott Bessent en tant que Secrétaire au Trésor. Ce dernier, perçu comme modéré, pourrait en effet offrir à la Chine une marge de négociation concernant les tarifs douaniers...

Sur le Nymex, le baril de brut WTI cède 2,7% à 69,2$. L'once d'or fin perd 3% à 2.628$. L'indice dollar recule de 0,7% face à un panier de devises. Le bitcoin reprend quant à lui son souffle sur les 96.000$.

Donald Trump a annoncé son intention de nommer Scott Bessent, 62 ans, gérant de fonds milliardaire, en tant que Secrétaire au Trésor, poste essentiel dans l'administration américaine, actuellement occupé par l'ex-patronne de la Fed Janet Yellen. Ainsi, le président élu a exprimé vendredi sa satisfaction de nommer Bessent comme 79e Secrétaire US au Trésor. Trump a notamment souligné le respect inspiré par le gérant, considéré comme "l'un des plus grands investisseurs internationaux et stratèges géopolitiques et économiques". Il s'agit d'un choix qui devrait satisfaire Wall Street, compte tenu de la posture apparemment modérée de Bessent concernant certains sujets économiquement délicats comme les droits de douane.

Ce diplômé de Yale, où il a aussi enseigné, est donc un choix appréciable pour les banquiers d'affaires américains comme Jamie Dimon, leader de JP Morgan. Le gestionnaire de fonds est le fondateur de Key Square et a également travaillé pour George Soros. Il a été conseiller économique durant la campagne de Trump. Bessent affiche une posture assez rigoureuse, partisan de la réduction des déficits, mais il est aussi en faveur de la dérégulation. Ancien soutien des démocrates, il est passé ensuite dans le clan Trump. Il apparaît aujourd'hui dans la droite ligne de la politique de Trump visant à contrôler les dépenses... tout en réduisant l'imposition.

Il s'est déjà exprimé à plusieurs reprises concernant les tarifs douaniers, qu'il voit comme un mode de sanction, un "ajustement de prix ponctuel" qui ne serait "pas inflationniste" contrairement à l'idée reçue. "Si vous n'aimez pas la politique économique chinoise, inondant le marché avec la surproduction, vous pourriez leur infliger une sanction ou une taxe. C'est aussi une réponse à la manipulation des devises", avait précisé Bessent cet été sur Bloomberg. Les tarifs douaniers seraient donc selon lui un outil de sanction permettant aussi au président d'atteindre ses objectifs de politique étrangère. Il recommande toutefois que les tarifs douaniers ne soient appliqués que "progressivement".

Bessent a indiqué au Wall Street Journal qu'il allait se concentrer d'abord sur les engagements du président élu en matière de réduction des impôts et de tarifs douaniers. La baisse des dépenses constituera aussi un sujet clé. Le vétéran de Wall Street travaillera également au maintien du statut du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale.

Les derniers indicateurs économiques américains ont été solides, confirmant la bonne tenue de l'activité et la décrue de l'inflation. Ce lundi, les opérateurs suivent l'indice d'activité nationale de la Fed de Chicago pour octobre, qui ressort en recul de 0,4% contre -0,27% en septembre. L'indice manufacturier de novembre de la Fed de Dallas est pour sa part ressorti à -2,7, contre un consensus de -2,5 mesuré par FactSet. Cela signale une légère contraction de l'activité manufacturière dans la région considérée.

Demain, les investisseurs surveilleront l'indice FHFA des prix des maisons pour septembre (15h, consensus +0,2% d'un mois sur l'autre), ainsi que l'indice S&P Case Shiller du même mois (15h également, consensus +0,3% pour l'indicateur '20 City' ajusté en comparaison du mois précédent, ou +4,8% pour le '20 City' non ajusté en glissement annuel). L'indice de confiance des consommateurs du mois de novembre mesuré par le Conference Board sera communiqué à 16 heures (consensus 112,9), à la même heure que les ventes de logements neufs d'octobre (consensus 717.500) et que l'indice manufacturier de la Fed de Richmond pour novembre (consensus -7).

Mercredi, les commandes de biens durables US du mois d'octobre seront annoncées à 14h30 (consensus +0,4%, ou +0,3% hors transport en comparaison du mois antérieur). La deuxième estimation préliminaire du PIB américain du troisième trimestre sera communiquée à 14h30 (consensus au rythme de +2,8%, +1,8% pour l'indice des prix, +3,7% pour les dépenses personnelles de consommation - soit une confirmation des estimations antérieures). Les inscriptions au chômage pour la semaine close le 23 novembre seront annoncées à la même heure (consensus FactSet 215.000). La balance du commerce international de biens pour octobre sera aussi dévoilée (consensus -104,5 milliards selon Bloomberg).

Un indicateur clé d'inflation sera communiqué par ailleurs mercredi à 16 heures, celui de l'indice des prix 'core PCE' cher à la Fed. Pour le mois d'octobre, il est attendu en hausse de 0,3% d'un mois sur l'autre et de 2,8% sur un an selon FactSet. Les dépenses personnelles de consommation du mois d'octobre sont attendues à +0,25%, alors que les revenus personnels sont anticipés à +0,3%.

L'indice des promesses de ventes de logements aux États-Unis pour octobre mesuré par la National Association of Realtors sera annoncé à 16 heures mercredi (consensus -1,5% en comparaison du mois précédent)... Le rapport hebdomadaire du Département américain à l'Energie sur les stocks pétroliers domestiques, pour la semaine close le 22 novembre, sera connu à 16h30.

Les marchés marqueront une pause à Wall Street jeudi pour Thanksgiving. La place américaine sera fermée, et ne rouvrira vendredi que pour une demi-séance (clôture à 19 heures).

Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, Bath & Body Works publie ses comptes avant bourse ce jour, tandis qu'Agilent et Zoom Video Communications annoncent après la clôture. Analog Devices, Abercrombie & Fitch, JM Smucker, Dick's Sporting Goods et Burlington Stores, publient en pré-séance demain, tandis que Dell Technologies, CrowdStrike, Workday, Autodesk, HP Inc, Nutanix, Nordstrom et Urban Outfitters, dévoilent leurs chiffres après bourse. Il n'y aura ensuite pas de publication marquante le reste de la semaine, Thanksgiving oblige.

Les valeurs

Nvidia (-3%) souffre à Wall Street, alors que le vice-président exécutif Worldwide Field Operations du groupe, Jay Puri, a pourtant rencontré à Pékin le vice-ministre au Commerce chinois Wang Shouwen. Le responsable chinois a indiqué que son pays saluait la présence de Nvidia et entendait bâtir un meilleur environnement d'activité pour les firmes étrangères. Cette rencontre intervient alors que l'administration Biden doit livrer de nouvelles restrictions à l'export visant la Chine, afin notamment de limiter l'accès de Pékin aux puces les plus avancées. Wang Shouwen a lui assuré que la Chine souhaitait renforcer sa communication avec les États-Unis afin de remettre sur les rails les relations économiques et commerciales entre les deux superpuissances.

Corning (+1%) a accepté de renoncer à ses accords d'exclusivité avec les concepteurs de smartphones afin de répondre aux inquiétudes des autorités européennes concernant un possible problème anticoncurrentiel. L'UE avait auparavant ouvert une enquête sur les accords de fourniture exclusive entre le groupe, des fabricants de téléphones mobiles tels qu'Apple et des entreprises de transformation de verre brut. Ces accords étaient susceptibles d'exclure certains producteurs concurrents de verre. Le groupe s'est aussi engagé à mettre un terme à ses exigences d'achat et à ne plus offrir d'avantages de prix à ce sujet. Corning commercialise sous la marque Gorilla Glass un verre ultra résistant utilisé sur les téléphones mobiles, tablettes et montres intelligences.

Intel (+3%). Selon le New York Times, le gouvernement américain envisagerait de réduire en dessous des 8 milliards de dollars les subventions préliminaires de 8,5 milliards de dollars initialement accordées au groupe dans le cadre du CHIPS & Science Act venant en soutien de l'industrie des semi-conducteurs. Rappelons que le groupe devait finaliser un financement direct de 8,5 milliards de dollars avec le gouvernement US avant la fin de l'année, alors qu'il met en place en parallèle des mesures drastiques de réduction des coûts. La finalisation d'un tel package devait constituer un vote de soutien de la part des États-Unis, dans une période difficile pour l'ex-champion des processeurs. L'évolution en baisse du financement prendrait en compte un contrat de 3 milliards de dollars d'Intel avec le Pentagone, selon des sources du NYT. Un accord préliminaire avait pourtant été conclu sur les subventions de 8,5 milliards, auxquelles devaient s'ajouter jusqu'à 11 milliards de dollars de prêts pour Intel.

Macy's (-2%), la chaîne américaine de magasins, a reporté la publication de ses résultats du troisième trimestre du fait de problèmes comptables. Le groupe a livré cependant son chiffre d'affaires préliminaire du troisième trimestre, qui ressort en recul de 2,4% en glissement annuel à 4,74 milliards de dollars, contre 4,77 milliards de dollars de consensus. Ainsi, les promotions consenties n'ont apparemment pas attiré les clients, qui demeurent très sélectifs en termes de dépenses. Macy's indique à propos de ses soucis de reporting qu'un seul employé responsable de la comptabilité des dépenses de livraisons de petits colis aurait intentionnellement effectué des entrées erronées, ce qui aurait masqué des dépenses allant de 132 à 154 millions de dollars sur la période allant du quatrième trimestre 2021 au troisième trimestre 2024 se terminant le 2 novembre. Les comptes T3, attendus cette semaine, ne seront communiqués que le 11 décembre.

Bath & Body Works bondit de 18% à Wall Street, alors que la chaîne américaine de produits de beauté et d'articles pour la maison vient de relever ses prévisions financières. Pour son troisième trimestre fiscal, le groupe a réalisé des revenus de 1,61 milliard de dollars en augmentation de 3% en glissement annuel, alors que son bénéfice par action a été de 49 cents. Ces deux mesures ont dépassé les estimations, ce qui permet au management de réviser en hausse ses anticipations annuelles "afin de refléter cette surperformance". Les ventes du quatrième trimestre 2024 sont attendues en recul de 4,5 à 6,5%, avec un impact défavorable de 500 points de base du calendrier fiscal. Le bénéfice par action est attendu entre 1,94 et 2,07$ sur le trimestre, contre 2,55$ un an auparavant. Sur l'exercice, les ventes sont attendues en retrait de 1,7 à 2,5%. Le bpa ajusté annuel est anticipé entre 3,15 et 3,28$.

MicroStrategy (stable), le groupe software de Michael Saylor, a acquis encore 55.500 bitcoins pour environ 5,4 milliards de dollars à un prix d'environ 97.862$ le BTC, s'émerveille le dirigeant sur le réseau social média X. Le groupe, dont la stratégie repose désormais sur des levées de fonds successives pour amasser le maximum de bitcoins, détient environ 386.700 unités de la reine des cryptomonnaies acquises pour un total de 21,9 milliards de dollars environ soit 56.761$ par bitcoin. La montagne de bitcoins du groupe est donc désormais valorisée près de 37 milliards de dollars, alors que le BTC s'échange autour des 96.000$. Le groupe communique aussi sur un "rendement BTC" de 35,2% à ce stade du trimestre et de 59,3% à ce stade de l'année.

Société(s) citée(s) :
https://bourse.fortuneo.fr/actualites/wall-street-tutoie-les-sommets-apres-le-choix-de-bessent-au-tresor-us-7151540
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