Wall Street : TSMC soutient le Nasdaq, mais UnitedHealth plombe le Dow Jones...

Wall Street : TSMC soutient le Nasdaq, mais UnitedHealth plombe le Dow Jones

La journée s'annonce encore compliquée à Wall Street, au lendemain d'une correction dans le sillage de Nvidia et d'ASML. La place américaine s'affiche en ordre dispersé. Ainsi, alors que le géant taïwanais TSMC relance un peu le segment technologique par ses derniers chiffres, UnitedHealth plombe le Dow Jones. Le S&P 500 avance de 0,5% en pré-séance, mais le DJIA chute de 1,2%. Le Nasdaq gagne 0,9%. Pendant ce temps, alors que les opérateurs nourrissent l'espoir de progrès dans les négociations commerciales entre États-Unis et Japon, la situation paraît s'enliser avec la Chine. Notons d'ailleurs que Jensen Huang, patron de Nvidia, effectue une visite à Pékin pour souligner l'importance de ce marché pour son groupe...

Sur le Nymex, le baril de brut WTI gagne 1,7% à 63,5$. L'once d'or fin recule de 0,5% à 3.326$. L'indice dollar grappille 0,2% face à un panier de devises. Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans s'affiche à 4,29% environ.

Powell a souligné hier l'inquiétude de la Fed, qui attend plus de clarté sur les tarifs douaniers de Trump, lesquels pourraient affecter la croissance et relancer l'inflation. Le leader de la Fed a estimé que la croissance de l'économie américaine semblait ralentir. Il a relevé une accélération des importations anticipant l'entrée en vigueur des droits de douane, ce qui devrait peser sur les estimations du PIB. Powell a aussi noté la confiance en berne des Américains. Dans un tel contexte, la banque centrale américaine devrait patienter pour obtenir plus de clarté, avant de décider de la marche à suivre sur le plan monétaire. Néanmoins, le président de la Fed constate que l'économie demeure pour l'heure dans une position solide, malgré les risques accrus. Devant le Club économique de Chicago hier, Powell a jugé que l'impact des droits de douane et autres changements dans la politique de Washington continuait d'évoluer mais paraissait plus important qu'anticipé. "A mesure que nous en saurons davantage, nous continuerons de mettre à jour notre analyse", a résumé le patron de la Fed.

Alors que le ralentissement économique paraît évident, le point clé concerne l'impact sur l'inflation - temporaire ou durable. Powell juge que la Fed peut pour l'instant maintenir ses taux d'intérêt en attendant d'en savoir plus. La Fed a ramené l'an dernier ses taux à 4,25-4,5%, mais fait désormais une pause. Un nouveau statu quo monétaire est attendu pour le 7 mai et la prochaine réunion FOMC, mais selon l'outil CME FedWatch, la banque centrale pourrait ensuite baisse ses taux de 75 ou 100 points de base d'ici la fin de l'année. La difficulté réside dans une éventuelle poussée de l'inflation, alors que Powell a reconnu que les droits de douane devraient "très vraisemblablement générer une hausse au moins temporaire de l'inflation" et que "les effets inflationnistes pourraient également s'avérer plus persistants". A propos du marché de l'emploi, il évoque une "condition solide" et proche du plein emploi.

Donald Trump vient encore de tacler le président de la Fed Jerome Powell, jugé trop lent dans son action monétaire. Sur son réseau Truth Social, le président américain lance : "La BCE devrait baisser ses taux d'intérêt pour la septième fois, et pourtant, "Too Late" Jerome Powell de la Fed, qui est toujours EN RETARD ET DANS L'ERREUR, a publié hier un rapport qui est une autre, et typique, complète "catastrophe" ! Les prix du pétrole sont en baisse, les prix des produits alimentaires (même les oeufs !) sont en baisse, et les États-Unis s'enrichissent grâce aux tarifs douaniers. 'Too Late' aurait dû baisser les taux d'intérêt, comme la BCE, il y a longtemps, mais il devrait certainement les baisser maintenant. L'achèvement de Powell est urgent !"

Les marchés attendent tout comme Powell d'en savoir plus concernant l'atterrissage final des droits de douane, après la pause de 90 jours décidée le 9 avril sur les tarifs réciproques - hors Chine. Les marchés pressent aussi Trump de parvenir à un accord avec Pékin, alors que ce partenaire majeur des USA subit pour l'heure des droits de douane insensés de 145% comprenant 125% de tarifs réciproques et que ces droits de douane de rétorsion viennent même d'être portés à 245% selon la Maison Blanche.

La Chine souhaite que l'administration Trump prenne plusieurs mesures avant d'accepter des négociations commerciales, notamment en faisant preuve de plus de respect et en limitant les propos désobligeants de membres de son cabinet, selon une source de Bloomberg décrite comme proche du gouvernement chinois. D'autres conditions incluent une position américaine plus cohérente et la volonté de répondre aux préoccupations de la Chine concernant les sanctions américaines et Taïwan, a déclaré cette personne, qui a requis l'anonymat. Pékin souhaite également que les États-Unis désignent un référent pour les négociations, bénéficiant du soutien du président et capable de contribuer à la préparation d'un accord que Trump et le dirigeant chinois Xi Jinping pourraient signer lors de leur rencontre, a ajouté cette personne.

Nvidia a décroché hier à Wall Street, alors que le gouvernement US a exigé des licences pour l'exportation vers la Chine de sa puce d'intelligence artificielle H20. Le groupe a indiqué que cette décision entraînerait des charges de 5,5 milliards de dollars pour l'entreprise. Nvidia a annoncé qu'il allait produire pour la première fois ses superordinateurs d'IA aux États-Unis. Il a aussi précisé que le gouvernement US lui avait indiqué que ses circuits intégrés H2O et d'autres de la même bande passante seraient soumis aux contrôles pour un temps indéfini. Les contrôles visent à répondre aux risques que les produits puissent être utilisés ou détournés vers des superordinateurs en Chine.

Le groupe a rappelons-le mis en service plus d'un million de pieds carrés d'espace de production pour construire et tester ses fameuses puces Blackwell d'IA en Arizona et ses supercalculateurs d'IA au Texas. Donald Trump s'est félicité de l'investissement du groupe de Jensen Huang, qui devrait permettre de produire jusqu'à 500 milliards de dollars d'infrastructures d'IA au cours des quatre prochaines années. Les annonces interviennent alors que l'administration Trump a fait savoir que les exemptions de droits de douane sur les appareils électroniques comme les smartphones et les ordinateurs portables n'étaient qu'un sursis temporaire...

Ce jeudi, en visite en Chine, Jensen Huang a souligné que le pays restait un marché très important pour Nvidia. "Nous espérons continuer à coopérer avec la Chine", a affirmé le dirigeant lors d'une réunion avec le directeur du Conseil chinois pour la promotion du commerce international. La visite de Huang à Pékin intervient alors que l'administration Trump a imposé de nouvelles restrictions sur les livraisons vers la Chine des puces H20 pour les centres de données.

Après la déception Nvidia et de piètres commandes du géant néerlandais ASML, le secteur pourrait retrouver un peu de couleurs ce jour suite aux annonces du groupe taïwanais TSMC, qui a affiché des trimestriels et prévisions supérieurs aux attentes.

Sur le front économique ce jeudi, les mises en chantier de logements aux États-Unis pour le mois de mars 2025 se sont établies au nombre de 1,324 million, contre 1,42 million de consensus et 1,49 million environ un mois avant. Les permis de construire se sont affichés au rythme de 1,482 million, contre 1,45 million de consensus et 1,46 million un mois plus tôt.

L'indice manufacturier régional de la Fed de Philadelphie pour le mois d'avril 2025 s'est littéralement effondré à -26,4, traduisant une forte contraction de l'activité. Il était attendu positif, signalant une expansion. Un mois avant, cet indicateur était de +12,5. Le sous-indice de l'emploi tombe pratiquement à zéro, contre 19,7 un mois auparavant. L'indice des commandes nouvelles plonge à -34,2 contre +8,7 un mois plus tôt. Il ressort au plus bas depuis les débuts du Covid-19.

Les inscriptions au chômage ont reculé davantage que prévu la semaine passée aux Etats-Unis. Le Département américain au Travail a annoncé pour la semaine close au 12 avril des inscriptions au chômage au nombre de 215.000, en baisse de 9.000 par rapport au niveau révisé de la semaine antérieure. Le consensus tablait sur 225.000.

La probabilité d'une récession aux États-Unis dans les 12 prochains mois atteindrait 45%, selon un sondage Reuters. Une politique tarifaire agressive des États-Unis entraînerait ainsi un ralentissement significatif de l'économie américaine cette année et l'année prochaine, la probabilité médiane d'une récession au cours des 12 prochains mois approchant des 50%, selon les économistes interrogés par Reuters. La suspension soudaine de 90 jours des droits de douane réciproques décidée par Donald Trump n'aurait par ailleurs pas beaucoup amélioré les perspectives des États-Unis, étant donné l'escalade de la guerre commerciale avec son principal partenaire commercial, la Chine, qui nuit au climat des affaires.

Demain, Wall Street sera fermé pour le Vendredi saint.

Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, TSMC, UnitedHealth, Netflix, American Express, Marsh & McLennan, Blackstone, Infosys, Truist Financial, DR Horton, State Street, Fifth Third ou Charles Schwab, annoncent aujourd'hui leurs derniers résultats.

Les valeurs

TSMC, le géant taïwanais des puces sous contrat, a affiché un premier trimestre supérieur aux attentes, réalisant une croissance de 60% de son bénéfice net avec la forte demande en puces d'IA. Le groupe a ainsi dégagé un bénéfice de 361,6 milliards de dollars de Taïwan, plus de 11 milliards de dollars américains, contre 225,5 milliards de dollars taïwanais un an auparavant. Le consensus était voisin de 350 milliards de dollars de Taïwan sur le trimestre allant de janvier à mars. Le groupe, qui compte Nvidia et Apple parmi ses principaux clients, a rappelons-le annoncé le mois dernier des plans d'investissement de 100 milliards de dollars aux États-Unis, s'ajoutant aux 65 milliards de dollars consacrés à trois usines de l'Arizona. Les revenus trimestriels en dollars ressortent à 25,8 milliards (839 milliards de dollars de Taïwan), au-dessus du consensus et en croissance de 41%.

Les droits de douane de Trump ne semblent pas plomber la guidance. Le management dit tabler sur des revenus du deuxième trimestre allant de 28,4 à 29,2 milliards de dollars, ce qui ressortirait nettement au-dessus des anticipations de marché. La marge opérationnelle sur la période est attendue entre 47 et 49%, tandis que la marge brute est estimée entre 57 et 59%.

UnitedHealth plonge avant bourse à Wall Street suite à un avertissement sur les résultats. Pour son premier trimestre fiscal d'abord, le groupe a affiché un bénéfice ajusté par action inférieur aux attentes de marché à 7,20$ et des revenus également décevants de 109,6 milliards de dollars, en croissance de 9,8 milliards. Le consensus était de 7,29$ de bénéfice ajusté trimestriel par action pour 111,6 milliards de dollars de revenus. Le groupe révise sa guidance 2025 de bénéfice ajusté par action entre 26 et 26,50$. La révision des perspectives reflète l'augmentation des prescriptions d'activités de soins au sein de Medicare Advantage, visible à la fin du trimestre, et bien supérieure à la hausse prévue pour 2025, activité particulièrement marquée dans les services médicaux et ambulatoires, ainsi que des changements imprévus dans le profil des membres d'Optum Health impactant le remboursement prévu pour 2025, en raison d'un engagement des bénéficiaires étonnamment faible en 2024 sur les régimes sortant du marché. De plus, l'impact sur les patients complexes, actuels et futurs, des réductions de financement de Medicare mises en place par l'administration précédente, a été plus important que prévu.

Blackstone, le géant de la gestion alternative, a annoncé pour son premier trimestre fiscal un bénéfice net de 615 millions de dollars, ainsi qu'un bénéfice ajusté par action de 1,09$ à comparer à un consensus de marché de 1,04$. Le groupe new-yorkais a réalisé par ailleurs des revenus ajustés de 2,76 milliards de dollars contre 2,62 milliards de consensus. Le groupe a bénéficié de produits de cessions accrus sur les activités de private equity et de crédit. Le bénéfice distribuable, qui peut être utilisé pour le paiement de dividendes, dépasse 1,4 milliard de dollars. Stephen Schwarzman, DG du groupe, juge Blackstone bien positionné pour naviguer dans l'environnement actuel.

Truist Financial, la banque régionale américaine, a publié pour son premier trimestre fiscal 2025 un bénéfice ajusté par action de 87 cents, contre 91 cents un an avant. Les revenus ont totalisé quant à eux 4,95 milliards de dollars sur la période. Le consensus était de 86 cents de bénéfice ajusté par action pour 4,94 milliards de revenus. Le bénéfice net a été de 1,2 milliard de dollars. Le management demeure confiant dans la stratégie de Truist dans un contexte de volatilité accrue, soulignant le profil de capital et de liquidité jugé solide.

American Express a publié pour son premier trimestre fiscal un bénéfice de 2,6 milliards de dollars et un bpa de 3,64$ par titre, à comparer à un consensus de 3,45$. Les revenus de l'émetteur de cartes de crédit ressortent toutefois légèrement inférieurs au consensus sur la période à 16,97 milliards de dollars. Quoi qu'il en soit, les répercussions de la guerre commerciale ne sont pas encore visibles dans les comptes du géant new-yorkais. Les provisions pour pertes de crédit se sont élevées à 1,2 milliard de dollars contre 1,3 milliard un an plus tôt. Le groupe maintient sa guidance. Il avait précédemment annoncé une croissance de son chiffre d'affaires de 8 à 10% en 2025. AmEx table pour l'exercice sur un bénéfice par action allant de 15 à 15,50$.

Charles Schwab, le courtier américain, a publié pour son premier trimestre un bénéfice ajusté par action supérieur aux attentes à 1,04$ pour des revenus de 5,6 milliards de dollars. Le consensus était de 1,01$ de bénéfice trimestriel ajusté par action et 5,54 milliards de revenus. Les nouveaux actifs totalisent 137,7 milliards de dollars, au-dessus des attentes. La croissance des revenus atteint 18%, avec une robuste croissance organique et une augmentation des volumes de trading. Le management évoque aussi le retour aux actionnaires, avec un dividende trimestriel accru de 8% et 1,5 milliard de rachats d'actions durant le trimestre.

Fifth Third Bancorp, la banque régionale américaine, a annoncé pour son premier trimestre des revenus sans grand relief à 2,14 milliards de dollars, ainsi qu'un bénéfice ajusté par action de 73 cents quant à lui supérieur aux attentes et un revenu net d'intérêt de 1,44 milliard de dollars (+4%). Sur l'exercice, le groupe table sur un revenu net d'intérêt en augmentation de 5 à 6%, réaffirmant ainsi sa guidance malgré le contexte économique. Tim Spence, DG du groupe, évoque une gestion proactive du risque crédit et une évaluation du portefeuille sous divers scénarios. Le bénéfice net trimestriel attribuable aux actionnaires ordinaires atteint 478 millions de dollars, relativement stable.

Global Payments, le fournisseur américain de services de paiement, a accepté l'acquisition de son concurrent Worldpay auprès de FIS et de la firme de private equity GTCR, pour un montant de 24,25 milliards de dollars ! Global Payments vendra par ailleurs son unité de solutions d'émetteurs à croissance plus lente à FIS pour 13,5 milliards de dollars dans le cadre de la transaction. Le deal réunit la force de Worldpay dans les transactions en ligne et d'entreprise à l'expertise de Global Payments auprès des PME. Le mariage donnerait naissance à un géant des paiements qui servirait plus de six millions de clients et traiterait environ 94 milliards de transactions pour un volume de... 3.700 milliards de dollars dans plus de 175 pays.

FIS, ou Fidelity National Information Services, se retire ainsi du secteur des services aux commerçants. En 2023, FIS avait cédé 55% de Worldpay à GTCR dans le cadre d'une transaction valorisant alors l'entité 18,5 milliards de dollars. Dans le cadre de l'accord annoncé ce jour, GTCR, en échange de sa participation dans Worldpay, obtiendra des actions Global Payments d'une valeur de 97$ pièce, ce qui représenterait une participation de près de 15% dans la nouvelle entité valorisée à environ 21 milliards de dollars. Global Payments acquerra Worldpay auprès de GTCR et FIS pour 24,25 milliards en numéraire et en actions, tandis que FIS achètera donc l'activité Issuer Solutions. Dans le cadre de la transaction avec Worldpay, GTCR recevra 59% en numéraire et 41% en actions.

La clôture des transactions est prévue au premier semestre 2026, sous réserve des approbations réglementaires. Global Payments financera l'acquisition grâce au produit de la vente d'Issuer Solutions, à la trésorerie existante et à de nouveaux emprunts. Global Payments s'attend à ce que l'opération génère une hausse des bénéfices dès la première année suivant sa clôture, grâce à des économies de coûts annuelles de 600 millions de dollars et à un chiffre d'affaires supplémentaire d'au moins 200 millions de dollars sur trois ans.

Eli Lilly s'envole à Wall Street, alors que le laboratoire américain a indiqué que son comprimé expérimental, l'orforglipron, avait entraîné une perte de poids de 7,9% à la dose la plus élevée et une baisse de la glycémie chez des patients en surpoids atteints de diabète de type 2 lors d'un essai clinique de phase avancée. Le groupe a commencé à constituer des stocks de comprimés. Il entend déposer une demande d'autorisation auprès des autorités réglementaires mondiales d'ici la fin de l'année. L'orforglipron cible le GLP-1. Il s'agit d'une petite molécule synthétique pouvant être administrée par voie orale.

Hertz Global Holdings s'est enflammé hier soir de 56,4% à la clôture de Wall Street et grimpe encore ce jour suite à l'annonce d'une prise de participation majeure de la firme Pershing Square Capital de Bill Ackman au capital du loueur de voitures. Ainsi, Pershing a accumulé une participation représentant près de 20% du capital du groupe. La firme a acheté 12,7 millions d'actions Hertz valorisées 46,5 millions de dollars au moment de l'achat, soit une position de 19,8% désormais en tenant compte des swaps et de la position antérieure affichée. Pershing Square devient le deuxième actionnaire de Hertz.

Société(s) citée(s) :
https://bourse.fortuneo.fr/actualites/wall-street-tsmc-soutient-le-nasdaq-mais-unitedhealth-plombe-le-dow-jones-9128644
Fortuneo