Wall Street s'est redressé mercredi en clôture, le S&P 500 s'accordant 0,43% à 5.631 pts, le Dow Jones progressant de 0,70% à 41.113 pts et le Nasdaq reprenant 0,27% à 17.738 pts. Les espoirs commerciaux entretenus par l'administration Trump ont soutenu les marchés, tandis que quelques publications notables ont fait réagir favorablement les investisseurs, à commencer par ceux de Disney...
Concernant la Réserve fédérale américaine, elle a décidé sans surprise de maintenir ses taux directeurs, tout en prévenant des risques accrus concernant l'inflation et le chômage. L'économie dans son ensemble a "continué à se développer à un rythme solide", a expliqué la Fed dans son communiqué, attribuant la contraction du PIB américain au premier trimestre à des importations record, les entreprises et les ménages ont anticipé l'entrée en vigueur de nouvelles taxes à l'importation. Le marché du travail est également resté "solide" et l'inflation est restée "quelque peu élevée", a encore déclaré le Comité de politique monétaire de la Fed. Ce message reprend la même terminologie utilisée dans la précédente déclaration de la banque centrale. "L'incertitude concernant les perspectives économiques a encore augmenté", a insisté la Fed, dont les membres ont donc décidé à l'unanimité de maintenir l'objectif des taux de référence de la banque centrale dans une fourchette de 4,25% à 4,50%. "Le Comité est attentif aux risques qui pèsent sur les deux volets de son double mandat et estime que les risques d'une hausse du chômage et de l'inflation ont augmenté", a-t-il ajouté. S'exprimant lors de la conférence de presse qui a suivi ces annonces, Jerome Powell, a noté que "malgré l'incertitude accrue, l'économie était toujours dans une position solide". Il a également souligné la nécessité pour la Fed de se montrer agile, même si les Etats-Unis sont dans une situation dans laquelle il est impossible d'anticiper... "Nous pensons que l'orientation actuelle de la politique monétaire nous laisse bien positionnés pour répondre en temps opportun aux développements économiques potentiels", a-t-il dit. Jerome Powell a également souligné que la politique commerciale de l'administration américaine constituait toujours une source d'incertitude, ce qui justifie le choix de la banque centrale d'opter pour une position attentiste. "Je ne pense pas que nous puissions dire de quelle manière les choses vont évoluer", a-t-il encore commenté, ajoutant qu'il y a "beaucoup d'incertitude, par exemple, sur la façon dont les politiques en matière de droits de douane vont se mettre en place".
Sur les marchés, le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans a accentué son repli à 4,28%. Le dollar s'est encore apprécié de 0,6% face à un panier de devises de référence. L'orientation de la politique monétaire dépendra de l'évolution des risques identifiés ou, dans le cas le plus difficile, de la hausse simultanée de l'inflation et du chômage, a fait savoir la Fed, notant qu'elle serait alors forcée à choisir le risque le plus important à compenser par la politique monétaire.
En attendant, l'espoir commercial persiste plus que jamais en bourse, alors que le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, et le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, vont se rendre en fin de semaine en Suisse pour des négociations avec la Chine dirigées par le vice-Premier ministre He Lifeng. Il s'agit en premier lieu de parvenir à la fameuse "désescalade" tarifaire. Il s'agit ici des premières négociations commerciales confirmées entre les deux superpuissances, depuis que le président Trump a annoncé des droits de douane allant jusqu'à 145% sur les produits chinois importés aux USA et que Pékin a répliqué avec des tarifs douaniers de 125%.
Le rapport hebdomadaire du Département américain à l'Énergie sur les stocks pétroliers domestiques pour la semaine close le 2 mai a fait ressortir un recul de 2 millions de barils des stocks de brut hors réserve stratégique en comparaison de la semaine antérieure, une hausse de 0,2 MB des stocks d'essence et un repli de 1,1 million de barils des stocks de produits distillés.
Jeudi, les opérateurs surveilleront les inscriptions hebdomadaires au chômage et les chiffres de la productivité trimestrielle non-agricole. Vendredi, après la 'quiet period', les responsables de la Fed reprendront la parole avec notamment John Williams, Austan Goolsbee ou Beth Hammack.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI a reperdu 0,7% à 58,55$. L'once d'or fin a reculé de 1,5% à 3.380$. Le bitcoin est remonté à 98.864$.
Les valeurs
Super Micro Computer (-1,4%), l'ex-vedette américaine des serveurs d'IA a abaissé ses estimations annuelles de revenus, évoquant l'incertitude économique sur fond de guerre commerciale et les aspects concurrentiels. Les revenus de l'exercice 2025 sont attendus entre 21,8 et 22,6 milliards de dollars, contre une guidance antérieure allant de 23,5 à 25 milliards. Le groupe californien anticipe des revenus allant de 5,6 à 6,4 milliards sur le trimestre entamé, T4 fiscal, contre 6,8 milliards de consensus. Pour le troisième trimestre fiscal 2025 clos fin mars, les revenus ont été de 4,6 milliards de dollars, contre 5,7 milliards au deuxième trimestre et 3,8 milliards un an avant. Le bénéfice net trimestriel a représenté 109 millions, contre 321 millions un trimestre plus tôt et 402 millions un an auparavant. Le bpa ajusté a reculé à 31 cents, contre 66 cents un an avant.
AMD (-1,2%), le challenger de Nvidia dans les puces d'IA a délivré des résultats trimestriels et des perspectives supérieurs aux anticipations de marché. Pour son premier trimestre fiscal, le groupe de Lisa Su a dégagé un bénéfice ajusté par action de 96 cents à comparer à un consensus de 94 cents, alors que ses revenus ont totalisé 7,44 milliards de dollars (+36%) contre 7,12 milliards de consensus. Les revenus de la division centres de données ont flambé de 57% à 3,7 milliards. AMD a indiqué que les restrictions américaines sur les ventes en Chine devraient affecter ses revenus à hauteur de 1,5 milliard de dollars cette année, mais les prévisions demeurent solides avec la demande en infrastructure d'IA. Les ventes du deuxième trimestre sont attendues voisines de 7,4 milliards de dollars, contre 7,2 milliards de consensus et 5,8 milliards pour la période correspondante de l'an dernier.
Arista Networks (-4,6%), l'équipementier américain de réseau a annoncé au titre de son premier trimestre un bénéfice ajusté par action de 65 cents, contre 59 cents de consensus, pour des revenus de 2 milliards de dollars également supérieurs aux attentes. Le groupe, qui compte les géants hyperscale Microsoft et Meta parmi ses grands clients, a donc dépassé pour la première fois les 2 milliards de revenus trimestriels, et ce "malgré les inconnues liées aux droits de douane". Le groupe californien table sur un chiffre d'affaires du deuxième trimestre d'environ 2,1 milliards de dollars, au-dessus des attentes.
Uber Technologies (-2,5%). Le géant VTC californien a publié pour son premier trimestre un bénéfice ajusté par action de 83 cents largement supérieur aux attentes, mais des revenus décevants à 11,53 milliards de dollars. Le consensus était voisin de 50 cents de bpa pour 11,6 milliards de chiffre d'affaires. Les revenus ont tout de même progressé de 14% en glissement annuel. Les réservations brutes ont été de 42,8 milliards de dollars, légèrement inférieures aux anticipations de marché mais en augmentation de 14% en glissement annuel. Les revenus de mobilité ont progressé de 15% à 6,5 milliards, alors que ceux des livraisons ont augmenté de 18% à 3,8 milliards. L'Ebitda ajusté a grimpé de 19% dans la mobilité et 45% dans les livraisons. L'Ebitda ajusté groupe sur le trimestre s'est envolé de 35% à 1,87 milliard de dollars, meilleur que prévu. En termes de perspectives, le groupe envisage un Ebitda ajusté allant de 2,02 à 2,12 milliards pour le deuxième trimestre, en croissance de 29 à 35% et en ligne avec les attentes, pour des réservations brutes allant de 45,75 à 47,25 milliards en hausse de 16 à 20% et au-dessus du consensus.
Walt Disney (+10,7% !), le géant américain du divertissement, vient de relever ses estimations de bénéfices pour l'exercice. Pour le deuxième trimestre fiscal juste clos, les résultats ont dépassé les attentes avec le rebond de l'activité des parcs à thème aux USA et la performance dans le streaming. Les revenus trimestriels ont représenté 23,6 milliards de dollars contre 23 milliards de consensus. Ils progressent de 7% en glissement annuel. Le bénéfice ajusté trimestriel par action a atteint 1,45$ (+20%) contre 1,20$ de consensus. Ainsi, le redressement du groupe se confirme, en particulier avec Disney+ qui a récupéré 1,4 million de nouveaux abonnés durant le trimestre, contre une perte de 1,2 million d'abonnés anticipée par les analystes. Avec la hausse des prix et la lutte contre le partage de mots de passe, l'unité DTC de streaming, comprenant Disney+ et Hulu, confirme son accession à la rentabilité et dégage un bénéfice de 336 millions de dollars, au-dessus des attentes. Cela marque le quatrième trimestre consécutif de rentabilité pour l'activité de streaming de Disney. L'objectif annuel de rentabilité pour cette activité sur l'exercice 2025 se situe à 875 millions de dollars. Par ailleurs, Disney relève à 5,75$ par titre son objectif annuel de bénéfice, ce qui représenterait une progression de 16% ou pratiquement le double de la croissance "à un chiffre élevé" du bpa auparavant attendue. Le consensus était situé quant à lui à 5,4$ environ.
Teva Pharmaceutical (+9,1%), le géant israélien des génériques, a annoncé pour son premier trimestre un bénéfice ajusté par action de 52 cents, contre 48 cents sur la période comparable de l'an dernier. Les revenus se sont appréciés quant à eux de 5% à 3,89 milliards de dollars. Ainsi, les bénéfices ont dépassé les attentes, alors que l'activité a été soutenue par les traitements de la migraine, de la maladie de Huntington et de la schizophrénie. Le consensus de chiffre d'affaires était toutefois un peu plus élevé, proche des 4 milliards de dollars. Le groupe s'estime en bonne voie pour atteindre une marge bénéficiaire opérationnelle de 30% d'ici 2027, conformément à sa stratégie de pivot vers la croissance.
Rockwell Automation (+12%) a annoncé pour le trimestre de mars un bénéfice ajusté par action de 2,45$, largement au-dessus des attentes, alors que les revenus ont décliné un peu moins que prévu à 2 milliards de dollars (-6%). Le groupe dope ses prévisions et envisage désormais un bénéfice ajusté par action sur l'exercice allant de 9,20 à 10,20$, contre 8,60 à 9,80$ de guidance antérieure. Les résultats sont soutenus par les mesures de réduction des dépenses. Le groupe entend compenser les charges de tarifs douaniers existantes et additionnelles en ajustant ses prix et sa chaîne d'approvisionnement.
Tesla (+0,3%). Les ventes de véhicules électriques conçus en Chine du groupe d'Elon Musk ont baissé de 6% en avril par rapport à l'année précédente, ce qui représente tout de même un septième mois consécutif d'érosion, face à la rude concurrence locale. Les livraisons de véhicules Model 3 et Model Y fabriqués en Chine, qui représentent à la fois les exportations vers des marchés comme l'Europe mais aussi évidemment les ventes en Chine, ont totalisé 58.459 unités sur le mois selon la China Passenger Car Association locale.