Wall Street sous pression, avec l'inflation et les chiffres de l'emploi...

Wall Street sous pression, avec l'inflation et les chiffres de l'emploi

Wall Street fléchit ce jeudi, le S&P 500 perdant 0,35% à 5.772 pts désormais, le Dow Jones 0,40% à 42.341 pts et le Nasdaq 0,31% à 18.235 pts, après des chiffres préoccupants de l'inflation et un bond inattendu des inscriptions hebdomadaires américaines au chômage. Les opérateurs peinent pour l'heure à analyser ces deux statistiques, qui peuvent sembler contradictoires et compliquent assurément le travail de la Fed. La saison des résultats financiers trimestriels débute par ailleurs demain sur la place US avec les grandes banques. Hier soir, les Minutes de la dernière réunion monétaire de la Fed n'ont quant à elles pas surpris.

L'incertitude géopolitique demeure par ailleurs, alors que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s'est entretenu avec Joe Biden, tandis qu'Israël prépare sa riposte face à l'attaque aux missiles de l'Iran et que Washington tente de tempérer cette réaction. En attendant, Biden a demandé à Netanyahou de réduire le plus possible l'impact sur les civils au Liban. Les deux dirigeants ont échangé hier au téléphone, pour la première fois depuis près de deux mois. Ils doivent rester en contact étroit les prochains jours...

Sur le Nymex, le baril de brut WTI monte de 2,2% à 74,8$. L'once d'or gagne 0,7% à 2.626$. L'indice dollar grappille 0,1% face à un panier de devises.

En ce qui concerne les taux de la Fed, l'outil CME FedWatch montre une probabilité de 88% environ d'une baisse d'un quart de point le 7 novembre, à l'issue de la prochaine réunion monétaire, ce qui ramènerait le taux des 'fed funds' entre 4,5 et 4,75%, contre 4,75 à 5% actuellement.

Une majorité substantielle de responsables de la Fed ont plaidé en septembre en faveur de la baisse des taux de 50 points de base, selon les "Minutes" du FOMC publiées hier soir. Toutefois, selon ce compte rendu de la réunion des 17 et 18 septembre, un consensus encore plus important est ressorti autour de l'idée que cette décision n'engageait pas la Fed à respecter un calendrier pour réduire les coûts d'emprunt... Les partisans d'une baisse des taux d'un demi-point en septembre ont "observé qu'un tel recalibrage de la politique monétaire permettrait de l'aligner davantage sur les récentes indicateurs concernant l'inflation et le marché du travail".

Certains participants à la réunion de septembre ont cependant prôné en faveur d'une baisse de seulement 25 points de base, tandis que "plusieurs autres" ont indiqué qu'ils auraient "pu soutenir" une telle mesure, montrent les Minutes. La décision de septembre "ne doit toutefois pas être interprétée comme la preuve d'un horizon économique moins favorable". "Il était important de communiquer", toujours selon ces Minutes, les responsables de la Fed ayant souligné qu'ils voyaient leur décision comme un "recalibrage" destiné à tenir compte du net repli de l'inflation...

L'inflation américaine semble pourtant plus "collante" que prévu. Ainsi, l'indice américain des prix à la consommation du mois de septembre annoncé ce jour s'est affiché en augmentation de 0,2% d'un mois sur l'autre et de 2,4% sur un an, contre respectivement +0,1% et +2,3% de consensus. Hors alimentation et énergie, éléments volatils, le CPI a progressé également plus qu'attendu, en hausse de 0,3% par rapport au mois antérieur et de 3,3% sur un an, contre respectivement +0,2% et +3,2% de consensus de place.

Les inscriptions au chômage ont quant à elles nettement progressé la semaine passée aux Etats-Unis. Le Département américain au Travail a annoncé, pour la semaine close au 5 octobre, des inscriptions nouvelles au nombre de 258.000 (!), en hausse de 33.000 par rapport au niveau révisé de la semaine antérieure. Le consensus était positionné à 231.000. Après la bonne surprise récente relative au rapport mensuel sur l'emploi américain du mois de septembre, le narratif vient donc de basculer de nouveau concernant ce marché américain du travail si difficile à évaluer, qui montre donc une faiblesse notable à la lecture de ces inscriptions au chômage.

Le déficit budgétaire américain de septembre sera révélé dans la soirée (20 heures, consensus -15 milliards de dollars). Austan Goolsbee, Thomas Barkin et John Williams de la Fed interviennent durant la séance. Goolsbee, patron de la Fed de Chicago, voit une baisse graduelle des taux sur les 12 à 18 prochains mois, jugeant l'inflation désormais proche de l'objectif des 2% et l'économie pratiquement au plein emploi. L'objectif de la Fed serait donc de maintenir en place ces conditions, selon les commentaires de Goolsbee lors d'une interview accordée à CNBC. Barkin dit pour sa part observer une amélioration de tendance sur l'inflation, qui irait "dans la bonne direction". Le patron de la Fed de Richmond est en faveur d'une approche monétaire flexible.

Enfin, les marchés suivront demain l'indice américain des prix à la production du mois de septembre (14h30, consensus FactSet +0,1% par rapport à août et +1,6% sur un an, ou +0,2% et +2,7% hors éléments volatils). L'indice préliminaire du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan sera communiqué à 16 heures (consensus 71). Austan Goolsbee, Lorie Logan et Michelle Bowman auront leur mot à dire durant la journée.

Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, Delta Air Lines, Domino's Pizza et Tilray Brands ont annoncé ce jour. Demain, la "saison" des résultats trimestriels sera lancée comme d'ordinaire à Wall Street par les grandes banques, avec les publications financières de JP Morgan Chase, Wells Fargo et Bank of New York Mellon. BlackRock et Fastenal annonceront aussi le même jour, avant bourse.

Les valeurs

Tesla (-1%) doit donc présenter cette nuit son robotaxi. Le prototype de taxi autonome est très attendu, et le groupe texan joue gros sur ce dossier, alors que la valorisation boursière du constructeur repose en grande partie sur les attentes dans la conduite autonome. Elon Musk a promis une nouvelle ère pour le transport où les propriétaires de véhicules Tesla pourraient monétiser leur investissement en laissant leurs voitures transporter des passagers sans chauffeur. Les investisseurs sont donc nerveux avant cet événement "We, Robot" tant attendu, qui doit essentiellement tourner autour du robotaxi, avec peut-être également des éléments nouveaux sur le robot humanoïde Optimus - qui doit être produit en quantité limitée à partir de l'an prochain.

Selon Bloomberg, le robotaxi ou "Cybercab" de Tesla devrait utiliser une combinaison de caméras et de puissance de calcul pour naviguer sur les routes. "Alors que les véhicules autonomes de Cruise et Waymo (GM) s'appuient également sur des capteurs laser connus sous le nom de Lidar, Musk les a rejetés comme étant trop chers et inutiles", rappelle Bloomberg. Rien n'a réellement filtré par ailleurs concernant le design du robotaxi, mais le véhicule devrait avoir deux sièges avant et deux portes qui s'ouvrent vers le haut comme des ailes de papillon, selon des personnes proches du dossier citées par Bloomberg. Il serait également possible que Tesla dévoile une autre nouvelle voiture. Certains investisseurs pensent que Musk présentera une sorte de robot-van pouvant transporter une douzaine de personnes ou plus, ou être utilisé comme véhicule de livraison autonome...

Bloomberg indique par ailleurs que pour que le "Cybercab" fonctionne, Tesla devra faire de grands progrès en matière d'intelligence artificielle. "Des milliers de propriétaires de Tesla existants paient depuis des années des milliers de dollars pour une suite de fonctionnalités que l'entreprise commercialise sous le nom de Full Self-Driving, ou FSD. Les fonctionnalités d'aide à la conduite de l'entreprise nécessitent une surveillance constante et ne rendent pas ses véhicules autonomes", tacle Bloomberg. Musk devrait également parler des projets de Tesla visant à développer le FSD pour son véhicule "Semi" et de la manière dont il envisage que la technologie soit utilisée pour transporter des marchandises, ont déclaré deux personnes proches de la question citées par l'agence.

Amazon (+1%) a annoncé hier qu'Apple TV+, le service de streaming d'Apple (-1%), allait être proposé aux Etats-Unis sur Prime Video, plus tard ce mois, pour 9,99$ mensuels. Il s'agit plutôt d'une bonne nouvelle pour Apple, mais aussi d'un enrichissement de l'offre Prime Video. Ainsi, Apple TV+ sera proposé en tant que chaîne sur Prime Video, comme cela peut être le cas pour d'autres services de streaming, notamment Starz, Showtime, HBO Max ou Paramount+.

AMD (-1%) devrait annoncer ce jour à San Francisco plusieurs nouveaux processeurs d'IA et d'autres puces lors d'un événement fort attendu. Sur un marché actuellement dominé de la tête et des épaules par Nvidia (+1%), Reuters croit savoir qu'AMD présentera probablement de manière détaillée sa puce MI325X et la puce MI350 de nouvelle génération qu'il a promises pour cette année et l'an prochain lorsqu'il les a dévoilées au salon Computex de Taïwan au mois de juin. La série MI350 offre une puissance de calcul et une mémoire accrues, rappelle Reuters. Face à l'architecture Blackwell de Nvidia, son challenger entend donc rester compétitif. AMD est également susceptible d'annoncer de nouvelles unités centrales de traitement (CPU) pour serveur et des puces PC dotées d'une plus grande puissance de calcul en matière d'IA, toujours selon l'agence Reuters.

Tilray (-3%), le producteur américain de cannabis coté à Wall Street, a annoncé pour son premier trimestre fiscal 2025 une croissance de 13% de son activité en glissement annuel, générant des revenus historiques de 200 millions de dollars environ. La marge brute trimestrielle s'est améliorée de plus de 500 points de base, à 30% contre 25% un an plus tôt. La perte nette s'est réduite à 35 millions de dollars environ contre 56 millions de dollars un an plus tôt. La perte ajustée par action a été de 1 cent seulement sur le trimestre clos contre 4 cents un an auparavant. L'Ebitda ajusté a représenté 9,3 millions de dollars, contre 10,7 millions de dollars un an avant.

Delta Air Lines (-1%) fléchit à Wall Street, sur des prévisions financières un peu courtes pour le quatrième trimestre, en comparaison d'un consensus très haut placé. Pour la période, la compagnie aérienne américaine table sur un bénéfice ajusté par action allant de 1,60 à 1,85$, soit un milieu de fourchette inférieur au consensus Bloomberg qui se situait à 1,78$. Le troisième trimestre fiscal du transporteur aérien ressort assez solide, avec un bénéfice net de 1,27 milliard de dollars, 1,97$ par titre, et un bénéfice ajusté par action de 1,50$. Les revenus ont dépassé les attentes sur le trimestre écoulé, à 15,7 milliards de dollars contre 15,4 milliards de consensus. Néanmoins, le groupe table sur des revenus allant de 13,9 à 14,2 milliards de dollars (croissance de 2 à 4%) sur le quatrième trimestre, à comparer à un consensus de 14,2 milliards.

Domino's Pizza (+2%) résiste à Wall Street, alors que le groupe a annoncé pour son troisième trimestre fiscal une croissance domestique américaine à comparable plus faible que prévu, sur fond de consommation en berne. Sur le trimestre de juillet à septembre, le bénéfice dilué par action a dépassé le consensus à 4,19$, alors que le trafic a augmenté de 8,3% en moyenne en comparaison de l'an dernier, contre 10,7% un trimestre avant. La chaîne de pizzerias n'a affiché néanmoins que 3% de croissance US à comparable, contre 3,6% de consensus. Les ventes totales de détail ont atteint 4,39 milliards, contre 4,22 milliards un an avant. Le groupe table désormais, pour l'année 2024, sur une croissance mondiale des ventes retail de 6%, contre 7% auparavant.

Pfizer (-2%). Starboard n'a pas obtenu le soutien de l'ancien directeur général et de l'ex-directeur financier de Pfizer dans sa tentative de provoquer des changements. Ainsi, Ian Read, l'ancien CEO, et Frank D'Amelio, ex-CFO, ont décidé de ne pas être impliqués dans les efforts de l'investisseur activiste. Les anciens dirigeants indiquent même qu'ils soutiennent pleinement le PDG actuel du groupe, Albert Bourla, ainsi que le management actuel et le conseil d'administration. L'investisseur activiste Starboard Value vient de prendre une participation d'un montant voisin du milliard de dollars au capital du géant pharmaceutique américain, ont rapporté Bloomberg et Reuters. Starboard avait contacté Ian Read et Frank D'Amelio à propos de ses projets.

Société(s) citée(s) :
https://bourse.fortuneo.fr/actualites/wall-street-sous-pression-avec-l-inflation-et-les-chiffres-de-l-emploi-3466462
Fortuneo