La cote américaine s'affiche en ordre dispersé ce vendredi, au terme d'une semaine extrêmement positive, marquée par de nouveaux records sur le S&P 500, le Dow Jones et le Nasdaq Composite dans le sillage de l'élection de Donald Trump. Le S&P 500 flirte avec les 6.000 pts, sur un gain de 0,34% à 5.993 pts, tandis que le Dow Jones grimpe encore de 0,60% à 43.991 pts. L'indice historique, qui a franchi les 44.000 pts en séance, intègre désormais Nvidia et Sherwin-Williams. Le Nasdaq cède pour sa part 0,11% à 19.248 pts.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI cède 2,8% à 70,3$. L'once d'or fin abandonne 0,6% à 2.688$. L'indice dollar avance de 0,2% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin évolue quant à lui sur les 76.000$.
Du côté de la Chine, les annonces concernant le plan de relance n'ont pas totalement convaincu les opérateurs. Pékin va donc permettre aux gouvernements locaux d'émettre 6.000 milliards de yuans supplémentaires d'obligations à échanger contre des dettes hors bilan sur trois ans, selon un responsable chinois cité par Reuters. Ces actions visent à réduire les vulnérabilités financières de ces entités. Le plan porte au total sur 1.400 milliards de dollars, permettant aux gouvernements locaux de refinancer leurs dettes.
Ce vendredi, l'indice préliminaire du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan pour le mois de novembre s'est affiché à 73, contre un consensus FactSet de 71 et une lecture de 70,5 un mois auparavant. L'indice relatif aux anticipations d'inflation pour l'année à venir s'est affiché à 2,6% contre 2,7% précédemment.
Alors que Wall Street s'est encore affiché sur des sommets historiques hier et que le S&P 500 se rapproche même des 6.000 pts, la Fed n'a pas surpris en réduisant comme attendu ses taux d'un quart de point, ce mouvement faisant suite à un premier geste d'un demi-point en septembre marquant le début de l'inflexion de politique monétaire US. La banque centrale américaine devra désormais composer avec Donald Trump, qui n'a jamais caché son agacement face à la politique de Jerome Powell, et avait même exprimé ouvertement - avant de radoucir le ton - sa volonté d'influer directement sur la politique de la Fed, ce qui romprait brutalement avec l'historique d'indépendance de la banque centrale américaine.
L'assouplissement d'hier ramène la fourchette de taux sur les fed funds entre 4,5 et 4,75%. Un nouveau geste d'un quart de point est attendu le 18 décembre, pour la dernière réunion monétaire de l'année, ce qui réduirait la fourchette sur les taux entre 4,25 et 4,5% (probabilité de 68% selon l'outil CME FedWatch contre 32% de 'proba' pour un statu quo). L'année 2025 est plus incertaine du point de vue monétaire, l'outil FedWatch donnant une probabilité dominante de 53% environ pour la fourchette 4,25-4,5% au 29 janvier, ce qui signifie que la poursuite de la baisse des taux ne sera pas forcément linéaire...
La décision de la Fed hier a été prise à l'unanimité. "L'activité économique continue de progresser à un rythme solide", a souligné la banque centrale. L'institution a réitéré que les risques sur l'inflation et le marché de l'emploi étaient plus ou moins équilibrés. La Fed a jugé par ailleurs que les risques sur l'activité semblaient moins importants qu'en septembre. "La performance de l'économie américaine est remarquable", a précisé Jerome Powell, patron de la Fed. "Nous sommes plus confiants dans le retour de l'inflation à 2% (...) nous n'avons pas besoin d'un nouveau ralentissement du marché du travail pour atteindre cet objectif". La victoire de Trump n'aurait quant à elle pas d'impact à court terme sur la politique monétaire selon Powell, alors que le programme du candidat républicain pourrait mener cependant à une hausse des déficits et de l'inflation. "Nous ne cherchons pas à deviner quelles décisions prendra la prochaine administration", a lancé le président de la Fed. Interrogé sur sa décision au cas où Trump réclamerait son départ, Powell a indiqué qu'il n'entendait pas démissionner, notant aussi qu'il n'était pas permis par la loi de faire quitter son poste au président de la Fed avant la fin de son mandat.
Powell a aussi relevé hier les risques géopolitiques élevés, sans qu'ils aient pour le moment d'impact important sur l'économie américaine. Le président de la Fed s'est par ailleurs une nouvelle fois inquiété de la trajectoire du déficit américain, jugée insoutenable.
Les valeurs
Nvidia (-1%) fait son entrée dans le Dow Jones ce vendredi, prenant la place d'Intel. Désormais première capitalisation boursière mondiale assez nettement devant Apple, Nvidia pèse plus de 3.600 milliards de dollars. Il faut dire que Nvidia est sur la pente ascendante, avec une hypercroissance actuellement soutenue par la demande en puces d'IA, tandis qu'Intel voit son chiffre d'affaires chuter et vient d'afficher une perte trimestrielle monumentale de 16,6 milliards de dollars sur le trimestre clos, avec les dépréciations et restructurations. Autre évolution, Sherwin-Williams, spécialiste des matériaux de construction et peintures, prend la place du groupe de chimie Dow... dans le Dow.
Airbnb (-9%) a publié hier soir pour son troisième trimestre un bénéfice ajusté par action de 2,13$, contre 2,17$ de consensus et 2,39$ un an auparavant. Les revenus ont été de 3,73 milliards de dollars, contre 3,4 milliards de dollars un an plus tôt et en ligne avec les anticipations de marché. Brian Chesky, cofondateur et DG, évoque un autre trimestre solide pour Airbnb, avec une accélération de croissance des réservations durant le troisième trimestre et au début du quatrième. La croissance a été de 10% sur le trimestre clos malgré un début de trimestre mitigé, tandis que le bénéfice net est ressorti à 1,4 milliard de dollars, représentant une marge nette de 37%. L'Ebitda ajusté a augmenté de 7% à 2 milliards. Le groupe a par ailleurs généré 1,1 milliard de dollars de free cash flow trimestriel.
Arista Networks (-6%), l'équipementier américain de réseau, a annoncé pour son troisième trimestre un bénéfice net de 748 millions de dollars soit 2,33$ par action, contre 545 millions de dollars un an avant. Le bénéfice ajusté par action a représenté 2,40$ contre 2,08$ de consensus. Les revenus se sont appréciés de 7% à 1,81 milliard de dollars, également au-dessus des attentes. Le groupe de Santa Clara prévoit pour son quatrième trimestre des revenus allant de 1,85 à 1,90 milliard de dollars, contre 1,8 milliard de consensus. Le titre consolidait toutefois hier soir après bourse, suite à un gain de plus de 80% cette année avec la demande en technologies d'IA. Les centres de données utilisent en effet les produits Arista, routeurs et switches, ce qui fait en quelque sorte du groupe une valeur IA. Arista a aussi annoncé l'approbation d'un split par quatre de son action.
Motorola Solutions (+6%), le fournisseur américain de solutions pour la sécurité publique et privée, a publié au titre de son troisième trimestre des revenus de 2,8 milliards de dollars en croissance de 9%, pour un bénéfice ajusté par action de 3,74$ en augmentation de 17%. Le cash flow opérationnel a été de 759 millions de dollars, 45 millions de mieux que l'an dernier. "Nos résultats du troisième trimestre ont été exceptionnels, avec un chiffre d'affaires, des bénéfices et des flux de trésorerie records au troisième trimestre", a déclaré Greg Brown, PDG. "Nous avons réalisé une forte croissance dans tous les domaines et je suis satisfait de la dynamique de notre activité. En conséquence, nous relevons à nouveau nos attentes en matière de chiffre d'affaires et de bénéfices pour l'ensemble de l'année". Le groupe a terminé le trimestre avec un backlog de 14,1 milliards de dollars.
Block (-4%), le groupe de services de paiement de Jack Dorsey, maison-mère de Square, a annoncé pour son troisième trimestre un bénéfice conforme aux attentes mais des revenus quant à eux trop courts. Sur le trimestre clos fin septembre, le bénéfice ajusté par action a progressé d'environ 60% à 88 cents, tandis que les revenus se sont établis à près de 6 milliards de dollars, en croissance de 6%. Le consensus était de 88 cents de bpa ajusté et 6,24 milliards de dollars de revenus sur la période. La marge brute a augmenté de 19% à 2,25 milliards de dollars. L'Ebitda a été de 807 millions, en augmentation de 69%. Les revenus Bitcoin et Cash App ont raté le consensus. Pour son quatrième trimestre fiscal, le groupe prévoit un Ebitda de 725 millions de dollars et une marge brute de 2,31 milliards, deux mesures inférieures au consensus. Pour 2025, la marge brute est attendue en hausse de 15%.
Rivian Automotive (stable), le constructeur américain de véhicules électriques, a publié pour son troisième trimestre une perte ajustée de 1,03$ par action, encore plus lourde que prévu, contre un déficit de 1,19$ par titre un an avant. Les revenus ont totalisé 874 millions de dollars, 10% de moins que prévu, contre 1,34 milliard de dollars un an plus tôt. La perte nette a représenté 1,1 milliard de dollars ! Rivian a livré un peu plus de 10.000 VE durant le trimestre et en a produit plus de 13.000 sur son site de l'Illinois. Le groupe maintient qu'il reste en bonne voie pour atteindre une marge brute positive au quatrième trimestre 2024. Il évoque les améliorations du revenu par unité, des coûts variables et des coûts fixes. Enfin, Rivian confirme anticiper pour l'année 2024 des livraisons allant de 50.500 à 52.000 unités.
The Trade Desk (-9%) a annoncé pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice net de 94 millions de dollars plus que doublé en glissement annuel, pour un bénéfice ajusté par action de 41 cents légèrement au-dessus du consensus. La plateforme américaine de publicité digitale a affiché des revenus de 628 millions de dollars pour la période close (+27%), contre 620 millions de consensus et 493 millions un an avant. L'Ebitda ajusté a été de 257 millions de dollars contre 200 millions un an avant. Le bénéfice net ajusté a représenté 207 millions contre 167 millions un an plus tôt. Les revenus du trimestre entamé sont attendus "au moins à 756 millions de dollars", pour un Ebitda ajusté d'environ 363 millions de dollars.
Pinterest (-15%) plonge à Wall Street ce vendredi, alors que le réseau social de San Francisco n'a pas convaincu du tout par ses perspectives financières. Les ventes sur la saison des fêtes sont ainsi attendues en dessous du consensus, entre 1,13 et 1,15 milliard de dollars pour le quatrième trimestre. Le groupe dit notamment voir une plus faible demande des annonceurs dans l'alimentation et les boissons. Sur le troisième trimestre juste clos, les revenus se sont appréciés de 18% à 898 millions de dollars, en ligne avec les anticipations de marché. Le nombre d'utilisateurs actifs mensuels moyen au troisième trimestre a progressé de 11% à 537 millions. Le bénéfice ajusté par action a été de 40 cents, contre 34 cents de consensus et 28 cents un an avant. Le 'board' a approuvé un programme de rachat d'actions de 2 milliards de dollars.
Paramount (-5%) a raté le consensus de revenus sur le troisième trimestre, réalisant un chiffre d'affaires de 6,7 milliards de dollars environ (-6%) contre 6,9 milliards pour l'estimation moyenne des analystes. Les revenus dans le divertissement cinématographique ont chuté d'un tiers en glissement annuel. L'activité de streaming a réalisé néanmoins un bénéfice opérationnel ajusté de 49 millions de dollars, contre une perte de 238 millions de dollars sur la période correspondante, l'an dernier. La plateforme de streaming Paramount+ a engrangé 3,5 millions d'abonnés sur la période, une performance meilleure que prévu, avec notamment la nouvelle saison de 'Tulsa King'. Les activités médias TV comprenant MTV et CBS ont vu leurs revenus reculer de 6%. Le géant du divertissement doit fusionner avec Skydance Media.
Baxter International (-3%), le groupe pharmaceutique américain, a publié pour son troisième trimestre un bénéfice de 140 millions de dollars et un bpa ajusté de 80 cents, légèrement supérieur au consensus. Les revenus ont été de 2,7 milliards de dollars sur le trimestre clos, sur les opérations poursuivies, ce qui représente une croissance de 4%. Le groupe abaisse ses prévisions de bénéfices sur l'exercice du fait de l'impact des ouragans sur sa production de solutions intraveineuses et de certaines solutions de dialyse. Les ventes devraient être impactées à hauteur de 200 millions de dollars. Le bénéfice ajusté annuel par action est désormais anticipé entre 2,90 et 2,94$, contre une guidance antérieure allant de 2,93 à 3,01$.
NRG Energy (stable), le groupe utilities américain, a annoncé un bénéfice ajusté du troisième trimestre supérieur aux anticipations de marché, avec la baisse des coûts. Le groupe a relevé par ailleurs ses estimations financières 2024. L'Ebitda ajusté pour le trimestre clos a été de 1,06 milliard de dollars contre 998 millions de consensus. Le bpa ajusté 2024 est désormais attendu entre 5,95 et 6,75$, contre une fourchette antérieure allant de 5 à 6,3$. Pour 2025, le groupe texan de Houston table sur un bpa ajusté allant de 6,75 à 7,75$, soit un milieu de fourchette largement supérieur au consensus.
Amazon (-1%) envisagerait un nouvel investissement de plusieurs milliards de dollars dans la startup d'intelligence artificielle Anthropic, croit savoir 'The Information', citant une personne familière de la question. Le géant américain du commerce en ligne et du cloud avait déjà dévoilé en septembre de l'an dernier un investissement de 4 milliards de dollars dans Anthropic, indiquant alors que ses clients allaient profiter d'un accès à la technologie de la startup. Anthropic avait aussi sécurisé l'an dernier un investissement de 500 millions de dollars d'Alphabet, qui devait injecter encore 1,5 milliard de dollars au fil du temps. Amazon a demandé à Anthropic d'utiliser des serveurs alimentés par des puces de sa conception pour entraîner ses modèles d'IA, mais selon Reuters, la startup préfèrerait les serveurs Amazon alimentés par des puces Nvidia.
Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (stable), le géant taïwanais des puces sous contrat, aurait notifié les compagnies chinoises de design de puces qu'il suspendait la production de leurs puces avancées d'IA à partir de lundi. C'est du moins ce que croit savoir le 'Financial Times' ce vendredi, citant trois personnes familières de la question. TSMC agirait ainsi afin de s'assurer qu'il soit en ligne avec les restrictions américaines sur l'accès chinois aux derniers processeurs. Deux sources du FT indiquent que toute fourniture future de puces avancées de ce type par TSMC à des clients chinois serait sujette à un processus d'approbation qui devrait probablement impliquer Washington. Ces règles plus strictes de Taiwan Semi pourrait plomber les ambitions des géants technologiques chinois tels qu'Alibaba ou Baidu.